Jumbo s’entête à dire qu’il n’abandonnera pas la Belgique. Ni en 2022, ni maintenant en 2024. Cependant, le puits ne fait que s’approfondir. Pourquoi Jumbo devrait envisager une sortie de la Belgique, ou pas… Le dirigeant belge Peter Isaac répond.
En 2022, j’avais prédit que Jumbo abandonnerait à nouveau la Belgique, ce qu’ils n’ont pas apprécié à Veghel. Il n’en reste pas moins qu’il s’agissait d’une analyse très raisonnée. Le détaillant est à la recherche d’une nouvelle interprétation de ses fameuses 7 certitudes, mais il est surtout aux prises avec 7 incertitudes.
1. Le retard néerlandais
Derrière les 7,3 % de croissance du chiffre d’affaires que Jumbo a enregistré en 2023 se cache une autre vérité : le numéro deux néerlandais a sous-performé le marché. Le bénéfice net de Jumbo a chuté de près de trois quarts l’an dernier. Il est passé de 147 millions d’euros à 114 millions d’euros, puis à 80 millions d’euros, pour atteindre aujourd’hui la somme dérisoire de 22 millions d’euros. Espérons que cette tendance ne se poursuivra pas, car les chiffres rouges se profilent à l’horizon.
À partir du 1er juillet, les supermarchés néerlandais ne pourront plus vendre de cigarettes. La perte de chiffre d’affaires pourrait s’élever à près de 5 %. C’est l’équivalent de trois magasins, ça ne se rattrape pas. Surtout si, comme Jumbo, on n’ouvre pratiquement pas de nouveaux magasins. Sans parler du manque de profit lié à la disparition d’une catégorie aussi riche en marges. Il ne reste donc plus beaucoup d’argent pour une nouvelle croissance.
2. En quête de sens
Les 7 certitudes sont abandonnées et le PDG Ton van Veen veut revenir à l’essentiel. Le nouveau slogan : « Jumbo tel que Jumbo est censé être ». Mais comment devrait-il être ? Les 7 certitudes étaient très claires et concrètes pour le client. Jumbo tel que Jumbo est censé être… remplissez les blancs vous-même.
3. De 100 à 50 magasins en Belgique
Au lieu de 100 magasins, Jumbo vise désormais 50 supermarchés belges en 2025. Le dirigeant belge Peter Isaac l’admet lui-même : « En raison de la législation sur les licences en Belgique, des recours sont systématiquement introduits, presque littéralement, pour chaque projet, et à nouveau lorsque le premier recours est rejeté. Cela représente à chaque fois jusqu’à un an et demi de retard ».
Il semble qu’il y ait encore beaucoup de projets en cours, notamment par le biais des franchises. Mais peut-être que certains magasins déficitaires doivent également fermer leurs portes ? Zonhoven est déjà fermé, mais qu’en est-il de Ronse, Lier, Heusden-Zolder, Ostende, Saint-Trond et Kuurne ? Ils sont tous à la traîne et portent des marques rouges dans le rapport. Van Veen a admis précédemment qu’il y a encore des succursales qui ne sont pas performantes et il n’exclut pas des fermetures.
4. L’enveloppe annuelle de Noël
Pour financer l’aventure en Belgique, un gros chèque est adressé chaque année à la filiale belge. En 2022, ce ne sont pas moins de 20 millions d’euros qui ont été versés, histoire de calmer un peu les ardeurs. Les activités belges recevront-elles à nouveau une telle enveloppe ? L’année dernière, le groupe n’avait plus que 22 millions d’euros de bénéfices. Rappelons que Jumbo réalisait encore 114 millions d’euros de bénéfices au début de l’aventure belge.
5. Perte à l’horizon
Jusqu’à présent, le chiffre d’affaires de Jumbo Belgium a progressé à un rythme soutenu et les pertes ont été limitées. Mais cela est dû à l’ouverture de nouveaux magasins. Les pertes ont atteint 4,1 millions d’euros en 2022, ce qui représente une amélioration par rapport à la perte de 6 millions d’euros enregistrée un an plus tôt. La rentabilité n’est toutefois pas pour tout de suite, a admis le détaillant à la mi-2023.
6. L’impasse
Jumbo ne peut-il pas revenir en arrière ? La chaîne de supermarchés se trouve dans une impasse. Après tout, avec 33 magasins aujourd’hui, le coût d’un retrait devient également un montant énorme. En même temps, elle s’est trop enfoncée et ne peut pas revenir en arrière sans se heurter.
7. Dans la vitrine
Le PDG Ton van Veen déclare vouloir exercer son métier pendant encore de nombreuses années, mais la question est de savoir si la famille le veut aussi. Parmi les candidats potentiels à la reprise, les noms d’Edeka – logique compte tenu de la récente alliance d’achat – et de Colruyt Group circulent. Osent-ils ouvrir leur tirelire chez Colruyt ?
Peter Isaac : « La Belgique est une certitude »
« Pour nous, il n’y a pas d’incertitudes. Nous savons que notre voie est la bonne », répond Peter Isaac de Jumbo Belgique. « Les ventes augmentent et la satisfaction des clients progresse de manière spectaculaire. Ce n’est pas une course effrénée, mais ça marche ». Peter Isaac estime que le principe de franchise fonctionne également. Jumbo s’engage pleinement auprès des entrepreneurs indépendants : le modèle de revenu de la franchise et la passion des entrepreneurs sont des atouts importants. Les candidatures sont de plus en plus nombreuses et la chaîne affirme qu’elle dispose désormais d’un grand nombre de bons entrepreneurs qui croient en son projet.
« La bataille reste rude, mais nous sommes sûrs de réussir », conclut Isaac. Malgré la situation économique difficile et la pression exercée sur la société mère néerlandaise, il affirme que quitter la Belgique n’est pas une option. Il plaide donc en faveur d’un terrain de jeu sportif, dans lequel les concurrents se donnent une chance. « Il est dommage si les collègues et les conseils municipaux ne nous offrent pas d’opportunités. Car nous sommes là pour rester. »