Nespresso promet d’atteindre la neutralité carbone dans le monde entier d’ici fin 2022. Huit ans plus tôt donc que ce l’entreprise avait prévu à l’origine, déclare le PDG belge Oliver Perquy, qui partage également les leçons qu’il a tirées de la crise du coronavirus.
Une tasse, mieux qu’une cafetière
Chaque tasse de café Nespresso sera neutre en CO2 d’ici 2022, déclare fièrement Oliver Perquy, directeur général pour la Belgique et le Luxembourg. L’objectif initial était d’arriver à une empreinte carbone nulle d’ici 2030, mais la question de la durabilité devenue omniprésente a poussé l’entreprise à accélérer ses efforts. « Nous nous rendons compte que c’est déjà essentiel aujourd’hui, mais aussi pour assurer l’avenir de notre entreprise », a affirmé M. Perquy.
La marque de café a déclaré avoir déjà atteint la neutralité climatique dans ses propres activités depuis 2017, notamment en utilisant des énergies renouvelables pour leurs bureaux et magasins. Maintenant, Nespresso souhaite cependant investir davantage dans sa chaîne d’approvisionnement, non seulement en réduisant ses émissions, mais aussi en plantant des arbres dans les plantations de café et en investissant dans des « projets compensatoires », telle la préservation des forêts.
Avec ses capsules jetables, Nespresso, disposant d’un Conseil consultatif sur le développement durable depuis 2013 dont l’ambassadeur n’est autre que George Clooney, semble encore avoir du pain sur la planche en matière de durabilité. Une idée fausse, selon M. Perquy qui souligne que le café « en portion individuelle » servi par tasse peut avoir une empreinte plus petite que les autres façons de le préparer : « grâce à nos capsules et nos appareils, mis plus souvent hors tension et produisant moins de surplus, vous consommez une parfaite quantité d’eau, d’énergie et de café ». Quoi qu’il en soit, la phase se déroulant chez le consommateur, c’est-à-dire la préparation du café en elle-même, reste celle qui, dans « l’analyse du cycle de vie » de chaque capsule, consomme le plus.
Jusqu’à 80 % d’aluminium recyclé
Pour Perquy, les capsules en aluminium constituent d’ailleurs « non pas un défi, mais un atout » : l’aluminium a l’avantage d’être recyclable à l’infini, et son recyclage nécessite 95 % d’énergie en moins que la production d’aluminium primaire. D’ici fin 2021, toutes les capsules devront être produites à partir de 80 % minimum d’aluminium recyclé, souligne le responsable. L’aluminium offre encore toujours la meilleure garantie en termes de qualité, c’est pourquoi le fabricant continue de l’utiliser.
« Nous devons faciliter le retour des capsules par le consommateur. Aujourd’hui, en Belgique, 30 % des capsules nous reviennent, ce qui n’est pas mal étant donné le peu de temps écoulé depuis que nous y travaillons (2009), mais c’est évidemment très insuffisant. » Le PDG cherche donc à la fois de nouvelles solutions, mais aussi à sensibiliser les consommateurs.
Ainsi, Olivier Perquy a entamé des pourparlers avec l’entreprise belge de traitement des déchets Fost Plus afin que les capsules Nespresso puissent être jetées dans les sacs PMD bleus. Cependant, pour Karel Van Acker, professeur en économie circulaire à la KULeuven, il faut tenir compte de la complexité du flux des déchets, car tout l’aluminium recyclé provenant de ces sacs ne conviendrait pas à la fabrication des capsules.
Le B2B belge neutre dès cette année
En Belgique et au Luxembourg, Nespresso atteindra en tout cas, d’ici la fin de l’année, la neutralité carbone pour sa division B2B « Nespresso Professionel », c’est-à-dire les capsules vendues aux entreprises et à l’horeca. « En Belgique, nous avons anticipé les choses et nous travaillons, par exemple, avec des énergies renouvelables, nous faisons appel à des entreprises de distribution de colis garantissant la livraison neutre en CO2 et nous avons planté 14 000 arbres », ajoute-t-il.
Quelle est alors la prochaine étape après la neutralité climatique ? Devenir négatif en carbone, déclare avec détermination le PDG : « Plus nos propres activités sont neutres, au mieux c’est, mais alors nous pouvons peut-être étendre notre impact à des éléments intérieurs et même extérieurs à la chaîne sur lesquels nous n’avons aucun contrôle direct. »
Le premier modèle en ligne a fait ses preuves
Mais en attendant, l’année 2020 est dominée par un phénomène échappant à toute emprise : la pandémie de coronavirus. Pour Nespresso, c’était avant tout la preuve que le premier modèle en ligne de l’entreprise fonctionne. Les ventes en ligne ont doublé pendant confinement et ont plus que compensé les pertes essuyées au niveau des ventes physiques.
Bien que les boutiques Nespresso n’aient pas encore observé un retour à la normale dans leurs activités, on constate une nette croissance. « Pour nous, les magasins constituent davantage un centre d’expérience qu’un véritable canal de vente. Ils doivent donc être situés à des endroits stratégiques, car ils servent de points de contact permettant aux clients de découvrir et d’expérimenter la marque, et ce rôle reste inchangé. C’est comme de nombreux acteurs du commerce électronique qui ouvrent maintenant des flagship stores », affirme M. Perquy.
De plus, en raison du passage au télétravail, le segment de la consommation à domicile a explosé, tout comme les ventes aux consommateurs. « Au niveau du B2B nous avons perdu 60-65 % de notre chiffre d’affaires, et ce canal connait encore toujours des difficultés, mais là aussi le B2C a plus que compensé les pertes et on remarque même une certaine croissance. » Oliver Perquy constate d’ailleurs que les Belges rattrapent leur retard en matière de commerce électronique. « Ce serait bien d’avoir des acteurs belges plus importants dans le secteur de l’e-commerce », conclut-il, songeur.