Puisque les marges sont sous pression sur un marché alimentaire qui stagne, Nestlé investit massivement dans des aliments sains. Au Japon, la multinationale teste même les possibilités d’un plan diététique basé sur l’information génétique.
Échantillons de sang et ADN
Cela fait quelque temps que les actionnaires sont mécontents des chiffres de croissance décevants de Nestlé et exigent que l’entreprise se concentre sur des activités plus rentables que la vente de produits alimentaires traditionnels. La santé devient une priorité : le géant de l’alimentation a vendu sa branche chocolatière américaine à Ferrero, réduit les taux de sucre, de matières grasses et de sel présents dans ses produits en portefeuille et achète des entreprises actives dans des niches santé, tels que les compléments alimentaires, les produits végétariens ou les repas frais.
Nestlé va encore plus loin au Japon qui est confronté à un important vieillissement de sa population. L’entreprise y a lancé l’application Wellness Ambassador qui, sur base de photos Instagram de repas prises par les utilisateurs, donne des conseils spécifiques dans le domaine des suppléments alimentaires. L’appli compte déjà 100.000 utilisateurs. En outre, Nestlé investit dans le développement de kits pour la collecte d’échantillons de sang et d’ADN à domicile. L’objectif est de détecter les risques de diabète ou d’excès de cholestérol pour pouvoir proposer un plan nutritionnel personnalisé.
La nutrition personnalisée est en effet une tendance très en vogue mais Patrick Mullie, spécialiste en nutrition à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), réagit avec scepticisme dans le journal De Standaard. Pour l’instant, les preuves scientifiques de l’efficacité d’un régime alimentaire basé sur les valeurs sanguines et l’ADN sont insuffisantes. Cela ne résout pas les problèmes de santé importants tels que la surconsommation et l’obésité. De plus, dit-il, il y a un risque élevé d’atteinte à la vie privée et de conflits d’intérêts.