Le détaillant alimentaire français Monoprix veut conquérir l’Europe, y compris le Benelux. Mais qui est ce Parisien qui veut soudainement apporter la « French touch » à l’étranger ?
Pour les citadins branchés
Il n’y a pas plus « parisien » que Monoprix : fondé par un membre de la famille des Galeries Lafayette après la dépression économique des années 1930, la formule s’est profondément inscrite dans la tendance des prix unitaires. Mais aujourd’hui, la chaîne se rattache davantage à l’image de la ville qui l’a vu naître qu’aux « mono » prix démocratiques : plusieurs fois élue chaîne de supermarchés la plus chère de France, Monoprix ne participe délibérément pas à la guerre des prix et entend privilégier le confort et la « surprise » pour les citadins branchés.
Le groupe, détenu par son homologue français Casino depuis 2013, garantit cette « commodité » grâce à six différents enseignes. Par exemple, outre Monoprix, qui a aujourd’hui plutôt des allures de grand magasin que de supermarché, avec une large gamme de textiles de marque propre et même des articles d’intérieur, le groupe compte également la chaîne de supermarchés de proximité Monop’. Ainsi que les formules dérivées Monop’daily, pour un petit en-cas rapide, et Monop’beauty, spécialisé dans les produits de soin et le maquillage.
Chiffre d’affaires multiplié par deux
En 2008, la chaîne a également acheté Naturalia, une enseigne de magasins bio. Monoprix est d’ailleurs fier d’avoir été le tout premier supermarché à inclure des aliments bio dans sa gamme de produits en 1990. En 2018, le détaillant alimentaire a acquis une autre importante filiale de commerce électronique : le rival français de Zalando, Sarenza. Pour la gamme alimentaire, Monoprix a notamment conclu un partenariat avec Amazon, qui livre gratuitement les courses dans un délai de deux heures pour les membres de Prime Now à Paris.
Le groupe est désormais présent dans 85 % des grandes villes françaises (plus de 50 000 habitants), où il compte environ 800 magasins et 21 000 employés. Le marché national est donc largement couvert et la formule part à la conquête de nouveaux horizons. D’autant plus que la direction veut doubler le chiffre d’affaires pour le porter à 10 milliards d’euros dans dix ans. Grâce à des partenariats de franchise, Monoprix veut maintenant s’étendre en Scandinavie, en Allemagne, au Portugal et en Espagne, mais aussi aux Pays-Bas et en Belgique.
Blurring et expérience à Montparnasse
Le nouveau flagship store de Montparnasse, au cœur de Paris, est à l’image des ambitions du détaillant. C’est un grand magasin digne de ce nom avec plus de 5 000 mètres carrés de surface de vente, où les tendances actuelles, comme l’absence d’emballage, la numérisation et le bluring, semblent s’intégrer naturellement. Le groupe s’engage également pour promouvoir la durabilité et la santé.
Dans le domaine de la durabilité, Monoprix Montparnasse mise notamment sur un minimum d’emballage pour les produits en vrac, y compris la bière au fût. Chaque mois, une sélection de produits sont proposés en promotion pour soutenir une bonne cause, et des articles d’intérieur d’occasion sont disponibles à la vente. L’artisanat est mis en valeur tant dans les rayons alimentaires que notamment dans la cour intérieure du magasin, la Place Publique, où divers artistes et artisans sont exposés. Des collaborations exclusives font également vivre les rayons mode et intérieur.
Le magasin entend aussi offrir une expérience complète en se dotant d’un restaurant de déjeuner Le Comptoir, un bar à nouilles et un café. Par ailleurs, des ateliers de cuisine sont organisés dans le restaurant pendant les heures de fermeture. Dans la cour intérieure, un espace est propice aux rencontres entre les clients, les commerçants, les entrepreneurs et les associations, avec des informations touristiques et locales mises à disposition. Le service de remise de clés Airbnb compte également parmi l’éventail de services pratiques.
Pas question de participer à la guerre des prix
Et les innovations technologiques sont tout aussi importantes : les clients peuvent tranquillement remplir leur caddie (connecté) et le laisser sur place en partant. Les courses seront ensuite livrées à leur domicile. Il est également possible de payer sur l’application ou ultérieurement à la maison, ce qui devrait faire gagner du temps aux acheteurs pressés ; exactement comme le service click&collect. En outre, des terminaux intelligents dans le rayon vestimentaire donnent aux clients des suggestions personnalisées grâce à des QR-codes.
Donc, si la chaîne a des vues sur les plats pays, ce ne sera certainement pas pour se lancer dans une guerre des prix, mais pour défendre l’élégance parisienne et l’expérience premium. Reste maintenant à savoir si la chaîne se concentrera d’abord sur les magasins de proximité, très populaires depuis le Covid-19, ou sur le concept éprouvé des grands magasins.