Selon le périodique allemand Manager Magazin, les discounters Aldi Nord et Aldi Süd prépareraient un plan – tenu secret jusqu’à présent – en vue d’opérer en tant qu’entité unique à partir de 2022. Le retailer a beau démentir, le rapprochement progressif des deux rivaux est évident.
Viser l’efficacité
Selon le périodique allemand, généralement bien informé, les deux enseignes discount auraient déjà consigné le projet de fusion il y a deux ans dans un document interne de sept pages. Ce document précise que les discounters visent une association dirigée en commun, qui serait organisée en tant qu’entreprise ‘Nord-Sud’. La fusion a pour objectif d’éliminer les doubles structures : les discounters espèrent ainsi améliorer l’efficacité et économiser jusqu’à 50% sur les frais de personnel.
Entre-temps Aldi Süd a formellement démenti l’information : aucune fusion organisationnelle ou juridique n’a été planifiée, affirme le retailer dans un communiqué de presse. L’autonomie économique des deux enseignes serait maintenue. Néanmoins le discounter admet avoir intensifié la collaboration avec son rival du nord au niveau des achats.
Concurrence accrue
La méga-fusion projetée s’inscrirait dans le contexte de la pression accrue qui ces dernières années pèse sur les discounters, écrit Manager Magazin : sur leur marché domestique les deux chaînes sont confrontées à la concurrence grandissante d’Edeka et Rewe, mais également d’autres discounters comme Lidl. Récemment il s’est également avéré que les hard discounters en Allemagne perdaient du terrain au profit des grandes chaînes de supermarchés, vu les exigences de plus en plus élevées des consommateurs en termes d’expérience shopping et de durabilité. Aux Pays-Bas aussi Aldi et Lidl ont perdu des parts de marché l’an dernier.
Cette situation se fait ressentir dans l’organisation des deux enseignes : Aldi Süd prépare une restructuration qui prévoit la fermeture de bureaux régionaux et la suppression de 580 emplois. Aldi Nord pour sa part a publié pour la première fois des chiffres rouges pour l’exercice 2018 et ce en raison des coûts élevés de son ambitieux programme de rénovation de magasins.
IT et marques maison
Les premières démarches en vue d’une fusion ont déjà été effectuées, précise le magazine. Les deux entreprises harmonisent leur infrastructure informatique et ont conclu un accord avec un prestataire de services commun pour des cartes de crédit. De plus, ils font appel à la même agence de marketing. L’an dernier on apprenait également que les deux retailers uniformisaient leur offre de marques maison : chez Aldi Süd la marque de boissons rafraîchissantes Topstar a fait place à River, qui jusqu’alors était en vente uniquement chez Aldi Nord. Inversement les clients d’Aldi Nord ont vu leurs yaourts Milsani habituels remplacés par la marque Milfina d’Aldi Süd. Là encore il est question d’économies d’échelle et d’efficacité.
Selon les informations, Aldi Süd dicterait le tempo de la fusion. L’entreprise veut éviter les licenciements secs, mais les conseils d’entreprise se montrent sceptiques. « Les changements organisationnelles constituent l’un des défis majeurs dans l’histoire de l’entreprise », explique le groupe de travail ‘Fit for Change’ d’Aldi Süd, cité par Manager Magazin.
Aldi s’est scindé en deux entités en 1961 après un différend entre les frères Theo et Karl Albrecht concernant la vente de cigarettes. Tous les membres de la famille impliqués dans la querelle sont décédés depuis. Les deux discounters emploient 210.000 personnes dans le monde et comptent 11.000 magasins sur quatre continents. Une fusion ne devrait pas poser problème au niveau de la législation antitrust étant donné qu’initialement Aldi Nord et Aldi Süd faisaient partie de la même famille.