Quelles sont les entreprises qui ont engrangé les plus gros bénéfices après la forte hausse des prix des denrées alimentaires en 2022 ? Pas les supermarchés, mais un nombre limité d’entreprises alimentaires puissantes, selon une nouvelle étude.
Des bénéfices moindres pour les supermarchés
Les agriculteurs, les consommateurs et les responsables politiques ont récemment pointé du doigt les supermarchés en réponse à la forte hausse des prix des denrées alimentaires. À tort, estime l’économiste Olivier Malay, de l’ULB. Il a examiné les comptes annuels de milliers d’entreprises pour déterminer qui a bénéficié des hausses de prix. Dans De Standaard, il commente les résultats qu’il a publiés au sein du groupe de réflexion progressiste Minerva.
Une chose est claire : les supermarchés n’ont pas profité de la forte inflation. Alors qu’ils ont vu leurs ventes augmenter fortement, leurs coûts ont également augmenté, car leurs fournisseurs ont facturé des prix plus élevés, tandis que l’énergie, le transport, le loyer et la main-d’œuvre sont également devenus plus chers. En conséquence, leurs bénéfices en 2022 ont été inférieurs à ceux des années précédentes.
Le pouvoir de marché paie
La situation est différente dans les entreprises alimentaires belges : 46 % d’entre elles ont enregistré une hausse de leurs bénéfices en 2022. Parmi les 200 plus grandes entreprises du secteur, la rentabilité a augmenté de plus d’un quart par rapport aux quatre années précédentes. Sept fabricants ont même enregistré des hausses de bénéfices exceptionnellement fortes. L’entreprise de transformation de pommes de terre Clarebout Potatoes a enregistré un bénéfice d’exploitation de 167 millions d’euros en 2022, contre une moyenne de 1,3 million d’euros au cours des quatre années précédentes. Cela représente une augmentation de près de 6000 %… Agristo et Lutosa, l’amidonnier Tereos, le fabricant de pâtes Soubry, la Raffinerie Tirlemontoise et la division belge de Cargill ont également affiché des bénéfices en forte hausse.
Comment ont-ils réussi à le faire ? Elles disposent d’un grand pouvoir de marché, a expliqué M. Malay. En d’autres termes, elles ont pu répercuter plus facilement la hausse des prix des produits de base sur leurs clients, ce qui leur a permis d’augmenter leurs marges. Il souligne que les quatre plus grands fournisseurs de matières premières au monde (ADM, Bunge, Cargill et Dreyfus, également connu sous le nom de groupe ABCD) ont vu leurs bénéfices doubler pour atteindre 13 milliards de dollars en deux ans, en partie grâce à la spéculation. Une taxe sur les bénéfices excédentaires dans le secteur alimentaire – à l’instar du secteur de l’énergie – n’est donc pas une mauvaise idée, estime l’économiste.
Évolution du bénéfice d’exploitation de sept grandes entreprises alimentaires