Un nouveau plan d’action doit mettre l’industrie alimentaire belge sur la voie d’un système alimentaire durable. Mais la fédération sectorielle Fevia met également en garde : les producteurs devront être en mesure de répercuter la hausse des coûts.
La quatrième vague menace la reprise
« Nous sommes au milieu d’une période de turbulence. Nos entreprises ont connu une succession de vagues ces dernières années. Pensez au Brexit, aux différentes vagues de la crise du coronavirus, à l’explosion des coûts de production, aux inondations, à la pénurie de main-d’œuvre et aux millions d’euros de dommages économiques causés par l’oxyde d’éthylène », explique Anthony Botelberge, le CEO de Frigilunch. Lundi soir, il a pris la succession à Jan Vander Stichele (Lotus Bakeries) à la présidence de la Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire.
Les entreprises alimentaires ont fait preuve de résilience, mais la quatrième vague de la pandémie menace d’anéantir la reprise, avertit le nouveau président : « Nos entreprises doivent absolument pouvoir rester ouvertes. Mais l’explosion des coûts est une des principales préoccupations de nombreuses entreprises alimentaires à l’heure actuelle, surtout lorsqu’elles ne peuvent pas les répercuter. En tant que secteur, nous voulons contribuer à un système alimentaire durable avec des aliments et des boissons de qualité et innovants. Cela n’est possible que si le consommateur paie le juste prix au bout de la chaîne, en tenant compte des coûts et des investissements réalisés par tous les acteurs de la chaîne alimentaire. »
Négociations compliquées
Le timing de ce message n’est pas une coïncidence : les producteurs et les chaînes de supermarchés sont en train de négocier les accords commerciaux pour l’année prochaine. Et ce n’est pas un secret : ces négociations sont extrêmement difficiles. Les food-retailers ne sont pas prêts à répercuter toutes les augmentations de coûts sur les consommateurs et attendent des producteurs de produits alimentaires qu’ils supportent eux-mêmes une partie de la hausse. Colruyt, entre autres, n’a pas hésité à entamer un bras de fer avec les multinationales Ferrero et Mondelez.
De son côté, Fevia rappelle les énormes augmentations des prix des matières premières (+32%), du transport par conteneurs (+144%), du gaz naturel (+411%), des emballages en plastique (+22%), des emballages en aluminium (+46%), des palettes en bois (+133%) et des emballages en carton (+17%) l’an dernier, sans oublier l’indexation des salaires (+3,2%). Le secteur veut pouvoir répercuter ces coûts afin d’investir dans un système alimentaire plus durable et future-proof.
Boussole
Car tel était le message central de l’assemblée annuelle de la Fevia, qui s’est tenue en ligne lundi soir : la fédération du secteur a élaboré une nouvelle feuille de route en matière de développement durable pour l’industrie alimentaire belge, à l’horizon 2025 et au-delà. Elle lance à présent une campagne basée sur une question : « Que mangerons-nous demain ? »
La feuille de route repose sur quatre piliers : gagner la confiance des consommateurs, prendre à bras le corps la transition verte, stimuler les carrières d’avenir et créer ensemble de la valeur ensemble. Le plan comprend 32 ambitions concrètes sur des sujets comme la sécurité alimentaire, le bien-être des animaux, les pertes alimentaires, les emballages, le travail ou l’approvisionnement local.
« Ce sera la boussole avec laquelle nos entreprises alimentaires, dont de nombreuses PME, pourront élaborer leur propre stratégie de développement durable, conformément aux Sustainable Development Goals des Nations Unies. Chez Fevia, nous sommes prêts à les y aider », déclare Ann Nachtergaele, Sustainability Coordinator chez Fevia. La feuille de route de développement durable est disponible ici.