Les chaînes de supermarchés achètent de plus en plus à l’étranger, ce qui entraîne une diminution de la proportion de produits belges dans les magasins. La pression sur les prix et l’augmentation des coûts pèsent lourdement sur la rentabilité de l’industrie alimentaire.
Négociations d’achat européennes
L’industrie alimentaire belge perd des parts de marché, tant en Belgique qu’à l’étranger. La part des produits nationaux dans les supermarchés belges a chuté de plusieurs points de pourcentage pour atteindre 61 % ces dernières années. Cela s’explique par le fait que les chaînes de supermarchés veulent exploiter leurs économies d’échelle en achetant des produits européens dans le cadre d’alliances, explique la fédération sectorielle Fevia.
Les chaînes néerlandaises Albert Heijn et Jumbo, qui gagnent des parts de marché en Belgique, jouent le jeu à fond, tout comme les discounters Aldi et Lidl, a déclaré la Fevia à De Standaard. Même Carrefour, selon la fédération, n’achète presque plus de produits belges parce que les négociations sont désormais menées par la centrale européenne du distributeur à Madrid, a déclaré la nouvelle présidente Nathalie Guillaume à De Tijd. Les négociations difficiles sur les prix empêchent les fabricants de répercuter la hausse de leurs coûts.
« Des entreprises menacées de disparition »
Résultat : la rentabilité des entreprises alimentaires belges atteint un niveau historiquement bas de 2,32 %, soit un tiers de moins qu’en 2019. 40 % des entreprises s’attendent en outre à ce que leur rentabilité diminue encore. « Sans amélioration, les entreprises ne pourront plus investir dans l’avenir et certaines risquent de disparaître », prévient la Fevia.
Le secteur est confronté à un triple handicap. Le coût de la main-d’œuvre est plus de 25 % plus élevé en Belgique que dans les pays voisins. Les entreprises paient l’électricité plus cher et la pression fiscale est plus élevée. Sur les boissons non alcoolisées, par exemple, le handicap fiscal est de 126 %, selon la Fevia. Avec une indexation des salaires de 3,57 % en janvier 2025 et une augmentation de 77 % des tarifs de distribution de l’énergie, les coûts continueront d’augmenter dans les années à venir.
Une accusation injuste
Les reproches directes de la fédération à l’encontre des détaillants en alimentation sont remarquables. Le moment choisi n’est peut-être pas tout à fait une coïncidence : après tout, c’est au cours de cette période que se déroulent les négociations annuelles sur les prix entre les détaillants et leurs fournisseurs. Ces négociations sont plutôt difficiles en raison de la forte pression concurrentielle.
Quoi qu’il en soit, Carrefour, qui met souvent l’accent sur les produits belges et locaux dans sa communication, nie les accusations de Fevia : « Notre centrale européenne n’achète qu’à un très faible pourcentage de grandes multinationales », a déclaré Regine Van Tomme, porte-parole, à RetailDetail. « Nous discutons de la grande majorité des achats en Belgique. Rien n’a changé dans notre modèle à cet égard. Nous attachons une grande importance aux produits belges et locaux, et nous nous adressons souvent directement aux petits producteurs. »