La guerre des talents a définitivement éclaté : « tout le monde pêche dans le même étang et il est vide ». Lidl a donc lancé un projet ambitieux de méthodes de recrutement alternatives. Est-il efficace ? Comment ? Mellissa Buys, qui dirige l’équipe Recrutement chez Lidl, nous le dira au RetailDetail HR & People Congress.
Situation brutalement détériorée
« À moins d’une grave crise économique, je ne m’attends pas à ce qu’il soit plus facile de trouver des collaborateurs au cours années à venir », craint Mellissa Buys, en charge l’équipe Recrutement, Sélection et Employer branding chez Lidl. C’est vrai qu’il n’a jamais été facile de trouver des profils adéquats au cours de mes quatre ans chez Lidl, mais la situation s’est brutalement détériorée en mai dernier. La guerre pour le talent a vraiment éclaté à ce moment. Et le talent l’a gagnée. »
La période a été marquée par les premiers assouplissements des mesures sanitaires, les premières vacances d’été depuis la fin de la pandémie et l’Euro de football. Le trafic sur les sites d’offre d’emploi s’est asséché, le nombre de CV envoyés a diminué. « Auparavant, les goulets d’étranglement se limitaient à quelques régions et profils spécifiques comme les fonctions de management et de niche. Mais nous finissions par trouver des gens. Aujourd’hui, tout le monde est dans la même situation, la pénurie touche tous les profils et toutes les régions. »
La seule possibilité est de chercher ailleurs. « Nous avons des bus spéciaux qui stationnent devant nos magasins dans tout le pays. Car notre principal public cible, ce sont finalement nos clients. Mais c’est aussi un message que nous adressons aux employés des magasins : nous leur montrons, sous leurs yeux, que nous travaillons au problème et que nous cherchons activement des renforts. » Désormais, le bus est également utilisé pour recruteur des collaborateurs dans les centres de distribution et des stagiaires pour des postes de management. « Nous voulons brasser le plus large possible. »
« Les chiffres sont éloquents »
Il n’a jamais été aussi compliqué d’intégrer ceux qui ne sont pas actifs sur le marché du travail. Mais cela n’empêche pas Lidl de recruter aussi dans ce vivier. Les chiffres sont éloquents, explique Mellissa Buys : on recense à peine 80 000 demandeurs d’emploi peu qualifiés en Flandre. « Tout le monde pêche dans le même étang et il est vide. Il est indispensable d’élargir son horizon à tous les niveaux si on veut trouver de nouveaux collaborateurs. La population en âge de travailler diminue, alors qu’on ne cesse de créer des emplois. Il faut alors commencer à envisager d’autres sources d’approvisionnement, comme les allophones et les chômeurs de longue durée. »
Comme de nombreux retailers, Lidl est par nature une entreprise inclusive, avec 80 nationalités différentes. Mais l’intégration de ces profils alternatifs n’a pas été simple. « Du côté des RH, il est évidemment facile de dire : il y a X inactifs, nous devons les avoir. Mais ce sont les managers et le personnel de nos magasins et de nos centres de distribution qui devront les prendre en charge », poursuit Mellissa Buys.
« Seuls, nous ne nous en sortirons pas »
Comment le département RH a-t-il réussi à convaincre la direction ? Comment Lidl Belgique a abordé le projet et quels problèmes ont-ils rencontrés ? Mellissa Buys nous le dira le 13 octobre, lors du premier HR & People Congress de RetailDetail. « Parce que nous nous sommes heurtés à des murs, mais nous sommes rapidement passés au travers. Je pense qu’il est important de partager les enseignements que nous avions tirés de cette aventure avec le secteur. Pas pour nous vanter, mais parce que nous avons besoin les uns des autres. Seuls, nous ne pourrons pas résoudre la pénurie de personnel dans le retail. C’est un défi collectif. »
Prenez la réévaluation du secteur. Les emplois dans le retail sont souvent mal considérés, regrette Mellissa Buys. Pourtant, c’est un secteur qui offre de nombreuses opportunités sans s’arrêter au diplôme ou au parcours. « Combien de fois ai-je entendu des directeurs de plusieurs magasins évoquer leurs débuts comme étudiants jobistes pendant les périodes de vacances… Il est temps de changer la perception du secteur, et c’est une tâche commune. »