La rapide expansion internationale de Lidl a son revers : l’accroissement des investissements affecte la rentabilité. Le propriétaire Schwarz Group vise donc une maîtrise des coûts.
Ralentissement de la croissance
Lidl a entamé son expansion internationale en 1988 et est aujourd’hui présent dans 25 pays. Les activités étrangères, qui représentent environ 70% du chiffre d’affaires total du retailer, sont regroupées sous l’entreprise Lidl Stiftung & Co KG. Les résultats financiers de cette entité sont régulièrement examinés par des analystes de Barclays, qui récemment ont publié un rapport concernant l’exercice comptable décalé de 2016 (clos fin février 2017). Selon cette étude, la croissance de Lidl s’est quelque peu ralentie et la rentabilité est en recul.
Le chiffre d’affaires de cette division – c.-à-d. toutes les activités hors Allemagne – a progressé de 6,9% à 41,53 milliards d’euros (une croissance de 9,5% à taux de change constants). Une croissance respectable, mais néanmoins moins élevée que la croissance à deux chiffres enregistrée les années précédentes. Toutefois, selon Lidl, cette croissance dépasse les attentes. Les ouvertures de magasins et l’extension de magasins existants ont été les principaux moteurs de croissance. Les résultats de l’exercice 2016 comprennent pour la première fois le chiffre d’affaires réalisé en Lituanie, mais pas encore celui des Etats-Unis, où le groupe n’a fait son entrée qu’au mois de juin.
Frais de personnel en hausse
La marge opérationnelle a chuté à 4,3%, une marge somme toute relativement élevée pour le secteur, mais néanmoins à son niveau le plus bas depuis 2012. Selon Lidl, cette marge en baisse est due aux gros investissements sur ses nouveaux marchés. Toutefois les analystes estiment que cela n’explique pas tout : selon eux, le concept de magasin optimalisé, avec un assortiment plus large et de nouveaux services, aurait également un impact sur les chiffres.
De fait, les frais de personnel ont augmenté de 11% et représentent aujourd’hui 9,11% du chiffre d’affaires. Ce pourcentage reste tout de même inférieur à celui observé chez Ahold Delhaize (11,5%) Sainsbury (11,0%) et Carrefour (10,8%). A noter toutefois que chez Lidl ces coûts ont augmenté deux fois plus vite que le chiffre d’affaires. Durant l’exercice écoulé le chiffre d’affaires par employé a reculé de 3,7%.
En 2016-2017 le montant des investissements a plus que doublé par rapport à l’année précédente : de 2,8 milliards d’euros à 7,0 milliards d’euros. Les investissements immobiliers constituent une part importante de ces investissements. En outre les nombreuses refontes de magasins, tout comme les préparatifs pour le démarrage aux USA, ont également nécessité d’importants budgets.
Palais de verre
Dans un communiqué Lidl dit tabler sur une évolution positive durant l’exercice 2017-2018 avec une croissance du chiffre d’affaires modérée, grâce à la modernisation du réseau de magasins et l’expansion aux Etats-Unis. Toutefois cette expansion américaine continuera également de peser sur les revenus nets.
Les analystes de Barclays estiment que désormais Schwarz Group, propriétaire de Lidl, se concentrera davantage sur la rentabilité et la discipline budgétaire. Le CEO Klaus Gehrig a en effet annoncé qu’une simplification et un allègement de Lidl s’imposaient. Dans une interview accordée à Planet Retail il compare les supermarchés Lidl à des ‘palais de verre’ et critique les grands hall d’entrée et le manque de maîtrise des coûts. La nomination de Jesper Hojer comme nouveau CEO de Lidl en février 2017 et la décision de diminuer les activités online semblent préfigurer une approche plus axée sur le contrôle des coûts.