L’Europe n’est pas le grenier à blé mais le gaspilleur de notre planète. Jusqu’à 40 % de la nourriture produite est perdue, souvent au moment de la récolte. L’UE importe également plus de calories et de protéines qu’elle n’en exporte, selon le WWF.
« L’Europe dévore le monde »
L’Europe, le grenier du monde et le fournisseur de la population mondiale ? Un mythe. Au contraire, l’UE est un glouton qui exporte des quantités record, et ce au détriment de la planète. Elle exporte principalement des produits transformés plus coûteux, tels que le vin et le chocolat, qui ne contribuent que de manière limitée à réellement nourrir la population mondiale.
Et ce que l’Europe importe, ce sont des produits de base bon marché, comme les céréales et le soja, qui contiennent en eux-mêmes plus de calories et de protéines que ce qui sort ensuite. La production alimentaire européenne a également une empreinte écologique particulièrement élevée, car les ingrédients importés sont souvent cultivés de manière non durable et une grande partie est gaspillée. Par exemple, l’Europe est le deuxième plus grand importateur (après la Chine) de produits responsables de la déforestation, loin devant l’Inde et les États-Unis.
L’Europe est en réalité l’épicerie de luxe du monde, qui exporte des produits destinés à des consommateurs plus riches, tandis que les niveaux de production élevés sont atteints grâce à des matières premières non durables, à des importations et à un gaspillage des surfaces agricoles. C’est ce que conclut le WWF dans une nouvelle étude, suite à la hausse des prix et aux pénuries alimentaires actuelles. Simplement augmenter la production n’est pas la solution en raison du gaspillage déjà important. « L’Europe dévore le monde », peut-on même lire.
Ne pas augmenter la production
Pas moins de 40 % de la nourriture n’est jamais consommée. Chaque année, environ 173 kg de nourriture par personne sont gaspillés. Et ce n’est pas seulement parce que les consommateurs jettent : environ 15 % de la production alimentaire totale est perdue pendant ou peu après la récolte.
D’ici à 2023, la Commission européenne souhaite proposer un nouveau cadre législatif pour la production alimentaire, et le WWF espère que la durabilité en sera la base. « Seul un système alimentaire plus durable peut garantir la sécurité alimentaire à l’échelle nationale et internationale. L’UE ne doit pas se concentrer sur l’augmentation de la production, mais sur une production et une consommation différentes », déclare Ester Asin, directrice du bureau des politiques européennes du WWF.
Heureusement, il y a aussi une bonne nouvelle : les consommateurs sont prêts à changer. Trois Européens sur cinq souhaitent manger de manière plus durable et les trois quarts espèrent que la législation européenne limitera la perte de biodiversité due aux produits alimentaires. Et là où il y a de la demande, il y a de l’offre. 8,1 % de la surface agricole totale de l’UE et du Royaume-Uni sont déjà exploités de manière biologique. Le marché de l’alimentation biologique a doublé depuis 2010.