Certains distributeurs des Pays-Bas, d’Allemagne et d’Autriche s’opposent à la proposition de la Commission européenne visant à accorder des prix plus élevés aux agriculteurs. Ils estiment que cela entraînera des hausses de prix pour le consommateur.
« Focus sur le consommateur »
En avril le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan veut présenter une proposition contre les pratiques commerciales déloyales. Hogan souhaite que les agriculteurs obtiennent de meilleures conditions, ce qui selon lui n’est pas possible actuellement parce que les supermarchés ont trop de pouvoir sur le marché. Le commissaire veut notamment s’attaquer aux paiements tardifs et aux révisions unilatérales des contrats.
Les représentants de certains groupements de supermarchés ont adressé des lettres à la Commission européenne dans lesquelles ils nient l’abus de pouvoir des supermarchés. « Les accusations concernant les pratiques commerciales déloyales sont de nature anecdotique et manquent de preuves concrètes. Les retailers du secteur alimentaire n’ont que très peu de relations contractuelles avec des agriculteurs », indiquent-ils dans leurs lettres.
Selon les chaînes de supermarchés, la proposition de Hogan entraînera des coûts administratifs plus élevés, qui au final se traduiront par des hausses de prix pour le consommateur. C’est pourquoi les retailers plaident pour une approche « centrée sur le consommateur ».
Une réglementation européenne superflue et inutile ?
L’organisation EuroCommerce elle aussi se montre critique face à la proposition de Hogan et qualifie la justification de son plan de douteuse. Les sondages sur lesquels se base le commissaire européen ne refléteraient pas des faits, mais des perceptions. « Ils ne fournissent pas de preuves solides concernant l’impact des prétendues pratiques commerciales déloyales », affirme EuroCommerce.
L’organisation allemande HDE pour sa part indique qu’il existe déjà une Supply Chain Initiative (SCI), un code de conduite pour des pratiques commerciales loyales, où des plaintes peuvent être déposées. Toutefois les agriculteurs y déposent rarement des plaintes. Par ailleurs, selon les lettres, les retailers pensent qu’il n’est pas nécessaire de prévoir une réglementation européenne, étant donné que 22 des 28 Etats membres de l’UE mènent déjà leur propre politique en la matière.
En outre, EuroCommerce estime que la proposition de Hogan n’engendrera pas de meilleurs prix pour les agriculteurs, mais des marges plus élevées pour les fabricants de marques et de produits alimentaires, qui généralement mènent les négociations avec les supermarchés et constituent souvent l’intermédiaire entre le retailer et l’agriculteur. En France un débat similaire fait rage, suite à la proposition du gouvernement d’imposer une marge obligatoire de minimum de 10% aux supermarchés et de limiter les possibilités de promotions chocs.