Les actions des enseignes de supermarchés européennes ont retrouvé les faveurs des experts boursiers. La crainte face à Amazon est excessive et le secteur food a été trop discrédité, estiment les gestionnaires de fonds dans leurs prévisions pour 2018.
La crainte face à Amazon est exagérée
Plusieurs grands fonds d’actions vont reprendre davantage de chaînes du supermarchés dans leur portefeuille d’investissement. Le secteur food a été trop discrédité, explique Ian Ormiston, gestionnaire de fonds européen chez Old Mutual Global Investors, lors d’un briefing pour investisseurs boursiers à Londres. Son fonds détient des actions tant d’ hold Delhaize que de Carrefour.
Certes, la concurrence augmente, mais la menace d’Amazon est surestimée, indiquent les investisseurs. Aldi et Lidl représentent un plus grand danger pour l’univers des supermarchés que le géant de Seattle.
Ahold Delhaize fait mieux que l’action
« Dans bon nombre d’autres secteurs la crainte face à Amazon est justifiée, vu la déflation des prix, étant donné qu’Amazon grâce à son pouvoir d’achat peut opérer de manière plus efficace », explique Ormiston à Bloomberg. « Mais dans le food je ne pense pas qu’ils joueront sur les prix, vu ce qu’ils ont acheté. » L’investisseur fait référence ici à Whole Foods et son image prix premium.
Le secteur des supermarchés en Europe ne se ressentira pas de sitôt l’impact d’Amazon, confirment d’autres gestionnaires de portefeuille à Londres, qui plus est les retailers alimentaires avec des magasins physiques. Ahold Delhaize par exemple, dont l’action a fortement chuté ces derniers mois, fait mieux que ne laisse paraître le cours de l’action, indiquent les analystes. De plus le projet de rachat d’actions propres pour un montant de deux milliards d’euros au cours de l’an prochain, fera d’Ahold Delhaize un gagnant en 2018.
Carrefour doit d’abord faire croître ses volumes
Afin d’atténuer la pression sur les prix et les marges, les supermarchés doivent changer leur mode de collaboration avec les fournisseurs, estime Ormiston. L’alliance se Carrefour et Fnac Darty, par exemple, est un pas dans la bonne direction, car à long terme cela permettra notamment d’utiliser la surface de vente de manière plus efficace.
Certains analystes boursiers s’inquiètent néanmoins du plan de transformation annoncé par Carrefour au mois de janvier. Réduire encore davantage les coûts leur semble une mauvaise idée, car le groupe français continue de perdre du terrain en termes de volume et de parts de marché. Selon les analystes, il faudrait donc d’abord que Carrefour booste ses ventes, car les économies de coûts ne peuvent être efficaces qu’une fois les volumes stables et en croissance. Sans quoi Carrefour risque de se retrouver dans une spirale négative.