La promesse du gouvernement britannique comme quoi il n’y aura pas de pénuries alimentaires en cas de Brexit sans accord suscite la colère des enseignes de grande distribution. Les fabricants et retailers britanniques préviennent qu’ils ne peuvent continuer à stocker à l’infini.
Entrepôts déjà bondés
L’industrie alimentaire britannique manifeste son incrédulité face aux promesses de Michael Gove, ministre chargé de planifier un éventuel Brexit sans accord. Ce dernier a affirmé qu’il n’y aurait pas de pénurie d’aliments frais. Le secteur exprime également son mécontentement concernant l’obligation de stockage que le gouvernement impose aux retailers.
Depuis un an déjà l’industrie alimentaire britannique se prépare à un éventuel Brexit, notamment en stockant des denrées alimentaires. Toutefois les difficultés en cas de Brexit sans accord avec l’Union européenne seront inévitables, craint le secteur.
Au Royaume-Uni en moyenne un tiers de l’alimentation provient de l’UE, mais durant la saison d’automne et d’hiver cette part est encore nettement plus importante. Toutefois le stockage de produits frais ne peut se faire que quelques jours à l’avance et les entrepôts sont déjà bondés de denrées non périssables, stockées en vue de la date-limite initiale du Brexit en mars. Tesco affirme avoir déjà stocké pour plus de 200 millions de livres de provisions et dit ne plus pouvoir stocker davantage.
Les supermarchés rejettent toute responsabilité
Le rôle des retailers est de protéger leur secteur, non pas de nourrir toute la nation, fustigent les responsables de supermarchés. Ils ont l’impression que le gouvernement essaye de leur mettre la responsabilité sur le dos et de faire croire à tort au public qu’il n’y aura pas de risques de pénurie, à condition de bien se préparer. Selon Justin King, directeur chez Marks & Spencer, si 50% des camions de livraison ont du retard, les rayons seront vides endéans les sept jours.
Lineage UK, leader du marché en logistique frigorifique, précise que tous ses sites ont atteint leur capacité maximale. Il indique également que le système commençait déjà à présenter des failles avant la date-limite initiale du Brexit en mars : certaines livraisons alimentaires ont échoué parce que les transporteurs avaient du mal à sortir la marchandise des entrepôts bondés.
« En octobre cela risque d’être pire encore. Lors de la précédente date-limite du Brexit, nous sortions d’une période relativement calme, alors que là cela tombera en plein durant la période la plus chargée de l’année », souligne Lineage. Les supermarchés demandent donc à leurs fournisseurs de stocker davantage et achèteront probablement plus de légumes qui se conservent longtemps, comme les carottes et les pommes de terre.