Après la pandémie, la question du réchauffement climatique revient sur le devant de la scène. Les consommateurs demandent un label environnemental simple et clair. « Nous constatons un effet boule de neige », déclare Colruyt Group.
Étape par étape
En mars, Colruyt Group a été le premier à lancer l’Eco-Score en Belgique, un indicateur visant à aider les acheteurs à faire des courses plus respectueuses de l’environnement. Les cinq étiquettes allant de A (vert) à E (rouge) fournissent immédiatement aux acheteurs des informations sur l’impact environnemental d’un produit. Tout comme le désormais familier Nutri-Score. Ces deux scores s’inscrivent dans le programme « Pas à pas », dans le cadre duquel Colruyt Group s’est engagé à aider les consommateurs à faire des choix conscients pour consommer de façon plus durable.
Le détaillant travaille depuis plusieurs années sur des projets en lien avec l’empreinte écologique des produits, explique Veerle Poppe, stratège en matière de durabilité. Par exemple, un projet pilote en partenariat avec le gouvernement flamand a permis d’optimiser les langes de marque distributeur en 2017 : « Grâce à l’utilisation d’un tissu super absorbant pour remplacer la pulpe de bois, nous avons pu obtenir à la fois une meilleure qualité et une empreinte carbone plus faible. Comme ces couches sont plus fines, nous économisons 400 tonnes de CO2 sur base annuelle. L’éco-conception peut vraiment faire des merveilles ! »
« Le moment est venu »
Mais pour calculer une analyse du cycle de vie (Life Cycle Assessment ou LCA, red.) très spécifique pour chaque produit, il faut compter environ dix mille euros, et plusieurs mois de travail. « Faire cela pour un portefeuille de produits de 6 000 produits de marque de distributeur… Ce n’était pas une option. Début janvier, l’Eco-Score a été lancé par un collectif français indépendant. Il repose sur une base de données avec des scores d’empreinte moyens et intègre des extras : des points positifs et négatifs pour des aspects tels que les étiquettes, l’origine, la biodiversité, l’emballage circulaire… Le concept est bien conçu, largement étayé et présente du potentiel pour l’échelle européenne, tout comme le Nutri-Score, alors pourquoi vouloir tout réinventer ?
L’Eco-Score a été lancé en France le 7 janvier, Colruyt Group a suivi en Belgique le 10 mars. Le détaillant veut revendiquer le leadership dans ce domaine : « Nous sommes crédibles, la durabilité est inscrite dans notre ADN en tant que détaillant. Notre PDG, Jef Colruyt, y tient également beaucoup. Et les consommateurs d’aujourd’hui sont prêts : ils veulent qu’on leur simplifie la vie et ont besoin d’un navigateur fiable et clair qui leur permette de faire des choix écologiques rapidement et facilement. Nous avons dû affronter la pandémie, qui est désormais plus ou moins sous contrôle, et nous constatons à présent un retour immédiat de la problématique du réchauffement climatique. Pensez aux récents incendies de forêt, aux inondations… C’est une réalité qui est proche, plus proche que jamais. Le moment est venu. Nous avons mené dix ans de réflexion et de tests, aujourd’hui nous devons agir. »
Keep it simple
Les recherches menées par Colruyt Group en partenariat avec la KU Leuven montrent que les clients demandent un système de notation similaire au Nutri-Score, avec cinq couleurs et cinq lettres. « En tant que spécialiste du marketing, je suis partisan du principe KISS : keep it simple. Ne rendez pas les choses trop compliquées : les clients ne passent que quatre secondes devant ce rayon. Sur ce court laps de temps, ils choisissent le produit, regardent le prix, la qualité et, peut-être, les valeurs nutritionnelles. Ce n’est qu’ensuite qu’ils se soucient du volet écologique. Si nous voulons communiquer, nous devons le faire de manière aussi claire et visible que possible sur un maximum de produits, toutes catégories confondues. »
Environ la moitié des consommateurs sont intéressés, en particulier les clients de Bio-Planet, logiquement, et les études de marché montrent que ce chiffre est en augmentation.
200 écolabels
« Les choses évoluent à vitesse grand V, nous constatons un effet boule de neige », déclare Veerle Poppe. « Six mois après le lancement, deux autres grands détaillants ont décidé de se joindre à nous, et pas des moindres. Lidl a lancé cette initiative depuis son siège social en Allemagne, et des tests sont désormais en cours en Belgique, aux Pays-Bas et bientôt en Écosse. Carrefour a lancé l’Eco-Score en France et l’introduira bientôt en Belgique. Une évolution similaire que celle du Nutri-Score, mais encore plus rapide. »
Quelque chose se prépare, pense-t-elle. « Nous espérons que beaucoup d’autres grandes entreprises de produits de grande consommation nous emboîteront le pas. Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 écolabels en Europe. Je ne sais moi-même pas toujours ce qu’ils représentent… Ils sont trop nombreux et trop compliqués. Nous espérons développer une manière plus standardisée de calculer cet impact et de le faire connaître. La France souhaite même aller vers un étiquetage obligatoire sur le devant des emballages d’ici à 2026. »
Travailler sur la transparence
Où se situe actuellement Colruyt Group par rapport à l’Eco-Score ? « Nous prévoyons d’apposer l’Eco-Score sur la face avant des emballages de toute notre gamme Boni à court terme. Nous voulons boucler ce projet en moins de deux ans. Actuellement, nous en sommes à une trentaine de produits. Le score se retrouve également dans l’application SmartWithFood, l’application Xtra, l’application MyColruyt et sur les sites web de Colruyt et Bio-Planet. »
Il est important que le label soit visible au moment où les consommateurs prennent leur décision : dans le magasin, en ligne et idéalement le plus largement possible dans de nombreuses catégories. « La prochaine grande étape est prévue à la mi-octobre : nous évaluerons d’autres marques A. Aujourd’hui, nous disposons déjà des scores de plus de 2 000 marques A de Bio-Planet, et nous allons maintenant évaluer les marques A de Colruyt. Nous travaillons également sur l’augmentation de la transparence sur l’établissement de ces scores, pour les consommateurs qui souhaitent en savoir plus. »
Rendez-vous le 16 septembre
Veerle Poppe nous en dira plus sur la perception qu’ont les consommateurs de l’Eco-Score et sur les ambitions du groupe Colruyt à cet égard lors du RetailDetail Day, qui aura lieu le jeudi 16 septembre à Anvers. Des représentants de Zeeman, Mars Food, C&A, Foodmaker, Oats Day Long et Dobbi seront également au rendez-vous lors de cette conférence marketing pour le secteur de la distribution.
Il s’agira d’un événement hybride : 200 places sont disponibles pour les participants qui souhaitent vivre le congrès sur place, en toute sécurité. Les autres pourront suivre à distance la diffusion en direct. Suivez ce lien pour retrouver de plus amples informations et réserver vos billets.