Le groupe français de supermarchés E. Leclerc se voit infliger une amende de 117 millions d’euros pour avoir contraint ses fournisseurs à baisser leurs prix via sa centrale d’achat belge. De telles pressions sont interdites par la loi française.
Trois fois l’avantage de prix
A l’issue d’une enquête menée par l’autorité française de la concurrence et de la lutte antifraude, la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a infligé une amende record de 117 millions d’euros au groupe de supermarchés. Lors des négociations d’achat, le plus grand distributeur français aurait obligé les fournisseurs à baisser considérablement leurs prix, sans aucune contrepartie.
Le seul argument avancé par la chaîne de supermarchés aurait été une menace de boycott. Selon les autorités françaises, des représailles ont même eu lieu dans certains cas. Ces pratiques étant illégales selon l’observatoire français de la concurrence, une amende maximale a été infligée vendredi : trois fois le montant que Leclerc aurait gagné « sur le dos » de ses fournisseurs.
Septième condamnation pour Leclerc
L’amende est délibérément très élevée, car ce n’est pas la première fois que Leclerc est condamné pour des infractions semblables. L’année dernière, le gouvernement français avait accusé le retailer d’avoir imposé des rabais illégaux à un certain nombre de multinationales par le biais de sa centrale d’achat française Galec entre 2013 et 2017. Selon Pannier-Runacher, Leclerc a été condamné pas moins de sept fois au cours des quatorze dernières années.
L’organisme de surveillance de la concurrence est particulièrement préoccupé par le fait que la pratique semble s’étendre à des fournisseurs plus petits et donc plus vulnérables. Dans ce cas bien précis, Leclerc est passé par sa centrale d’achat Eurelec, basée en Belgique et fondée en collaboration avec son partenaire sectoriel allemand Rewe. Ces centrales d’achat internationales sont suivies de près ces derniers temps, surtout par le gouvernement français, qui se sert de cette amende pour montrer l’exemple.
« Il ne se passera rien si l’amende est trop faible », selon un tweet de Pannier-Runacher. Il doit être clair que les retailers ont plus à y perdre qu’à y gagner. Leclerc estime que cette condamnation est une énième nouvelle attaque contre le distributeur. Ces attaques veulent « clairement » exercer une pression sur la chaîne de supermarchés pour qu’elle abandonne sa « politique de bas prix pour les consommateurs ».