« Le secteur prend ses responsabilités »
« Il existe déjà de nombreuses initiatives locales d’entreprises et de commerçants visant à mettre cette nourriture à la disposition des plus démunis. Une nouvelle étape vient d’être franchie par la publication d’une brochure », déclare Dominique Michel, administrateur délégué de la fédération du commerce Comeos.
« Les supermarchés veulent prendre leurs responsabilités, bien que les supermarchés ne représentent que 2,5 % des excédents », poursuit Dominique Michel. « Ils mettent tout en œuvre pour éviter les excédents, en misant notamment sur une logistique bien étudiée. Lorsque ils risquent d’être quand même confrontés à des excédents, ils essayent de les éliminer grâce à des ventes rapides ou ils effectuent des dons aux Banques alimentaires. Chaque année, celles-ci reçoivent l’équivalent de deux millions de repas. »
Chris Moris, directeur général de Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire, indique lui aussi que les producteurs ne veulent en aucun cas gaspiller de la nourriture : « Une entreprise va éviter à tout prix d’avoir des invendus parce ceux-ci sont en réalité des pertes. Une récente étude en Flandre réalisée par l’OVAM montre que moins de 1% des produits alimentaires dans l’industrie ne sont pas vendus. Une des destinations privilégiées pour les invendus sont les associations caritatives. »
Simplification administrative
Afin de motiver également les petits commerces alimentaires, les initiateurs du projet ont invité la AFSCA, l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire, et les ministres régionaux de la lutte contre la pauvreté à soutenir l’initiative et à éliminer certains obstacles.
Dès lors l’AFSCA a promis d’assouplir ses exigences administratives quant à la traçabilité des aliments, sans pour autant menacer la sécurité alimentaire des personnes en situation de pauvreté. Ainsi les entreprises devront uniquement conserver une liste des associations caritatives auxquelles elles offrent des denrées alimentaires et les organismes sociaux de leur côté devront uniquement conserver une liste des établissements dont proviennent les produits.
« L’aide alimentaire est un mal nécessaire. Tant que nous ne parviendrons pas à éradiquer la pauvreté de notre monde, il sera nécessaire d’organiser cette forme d’aide aussi dignement que possible. Nous sommes donc favorables à une collaboration optimale avec les associations qui se chargent de la distribution de denrées alimentaires, mais aussi avec les épiceries sociales, les restos du cœur et toute l’économie circulaire, laquelle collaboration permettra aussi de créer des emplois supplémentaires dans l’économie sociale. Par cette brochure, nous lançons un vibrant appel aux grandes surfaces pour qu’elles apportent leur concours à cette initiative », déclare Ingrid Lieten, ministre flamande de la Lutte contre la pauvreté.
Durant les semaines à venir Comeos et Fevia procureront la brochure à leurs membres. Mais le secteur veut aller encore plus loin. « Nous irons également frapper à la porte du ministre fédérale des Finances, pour remédier au problème de la TVA. Nous estimons qu’il n’est pas logique que devions payer de la TVA sur des denrées alimentaires que nous offrons à des organisations caritatives dans notre pays. Si nous envoyions cette même aide alimentaire en Afrique par exemple, nous n’aurions pas à payer cette TVA », explique Dominique Michel.
Traduction : Marie-Noëlle Masure