Le saumon d’élevage provoque des milliards de coûts sociaux et de pertes chaque année. L’impact négatif est estimé à environ 47 milliards de dollars pour la période 2013-2019, alors qu’il s’agit du segment de l’industrie agroalimentaire qui enregistre la plus forte croissance au monde.
Cinq fois plus d’ici 2050
Alors que le saumon d’élevage est généralement présenté comme une alternative saine et durable, la méthode de production actuelle a un impact social et écologique considérable. L’élevage du saumon est dominé par un petit nombre de multinationales qui n’opèrent que dans quatre régions : le Chili, la Norvège, le Canada et l’Écosse. Ce qui ne favorise ni la transparence, ni la responsabilité, surtout par rapport à l’agriculture.
Il s’agit également du segment de l’industrie agroalimentaire qui enregistre la croissance la plus rapide au monde, et la demande devrait continuer à augmenter dans le monde entier. L’Écosse veut par exemple doubler sa capacité de production d’ici 2030, la Norvège la quintupler pour 2050.
Un coût environnemental de 4 milliards
Mais cette croissance a un coût : les dégâts se chiffreraient en milliards chaque année. C’est la conclusion d’un nouveau rapport commandé par la Changing Markets Foundation, une organisation qui avait déjà dénoncé la consommation de de combustibles fossiles dans l’habillement. À l’époque, la fondation avait demandé d’associer les mesures d’aide européennes pour les acteurs de la mode à des conditions de durabilité.
Pour le saumon d’élevage, le seul coût environnemental est estimé à 4 milliards de dollars depuis 2013. Il inclut la pollution, le changement climatique, mais aussi – ironie du sort – la surpêche. Pour nourrir les saumons et leur fournir leurs oméga 3 typiques, les éleveurs utilisent en effet de la farine et l’huile de poisson fabriquées à partir de sardines et d’autres espèces marines. Environ un cinquième de la pêche annuelle de poissons sauvages est ainsi destiné à la pisciculture. Le rapport recommande d’utiliser les algues en guise alternative.
Une menace à long terme
Bien qu’une grande partie (60%) de ces coûts soient supportés par les producteurs eux-mêmes – dix producteurs actifs dans quatre pays pèsent d’ailleurs 50% de la production mondiale –, le reste (40%) est à la charge de la société et de l’environnement. Les poux de mer, qui s’attaquent à la peau des saumons, et le haut taux de mortalité des poissons constituent un problème majeur et croissant pour les éleveurs. Selon le rapport, ce serait avant tout la conséquence de la surpopulation dans les bassins d’élevage.
La demande croissante de produits durables chez les consommateurs et les pertes de plus en plus importantes représentent des risques économiques à long terme pour le secteur. Afin de les réduire, le rapport indique que les producteurs n’ont pas d’autre choix que d’investir dans de meilleures méthodes d’élevage et de chercher des solutions aux pratiques nuisibles à l’environnement comme l’utilisation intensive de poissons sauvages.