Depuis la semaine dernière Guillaume Beuscart est aux commandes du groupe de distribution Mestdagh. Le nouveau CEO, qui aura pour mission de ramener les comptes dans le vert, prévoit un nouveau plan stratégique pour ce trimestre.
Réfléchir à la collaboration avec Carrefour
Les fondateurs Eric et John Mestdagh ont laissé la direction opérationnelle quotidienne à Beuscart, afin de se consacrer davantage aux décisions stratégiques. Les grandes questions qui se posent sont les suivantes : comment le groupe Mestdagh peut-il s’adapter à l’environnement macroéconomique très changeant d’une part et quel est l’avenir de la collaboration avec Carrefour d’autre part.
Il n’est pas encore certain que les supermarchés Mestdagh continuent d’opérer sous l’étendard Carrefour, confient les frères Mestdagh au journal l’Echo. Lorsque le contrat avec Carrefour arrivera à échéance fin 2020, il s’agira de déterminer comment Mestdagh pourra s’inscrire dans la stratégie de Carrefour. Après une collaboration de vingt ans ce serait une rupture pénible, « mais pour se marier il faut être deux ». « C’est pourquoi nous allons étudier la position de Carrefour et voir dans quelle mesure notre projet local peut s’inscrire dans le projet global de Carrefour », expliquent-ils.
Mestdagh « n’est pas aux urgences, mais n’est pas en très bonne santé »
Avant de rejoindre Mestdagh, Beuscart dirigeait les magasins Press Shop et Relay, où il a acquis une riche expérience en matière de technologie et de circuits courts. Chez Mestdagh il souhaite transposer cette connaissance en non-food vers le secteur food. Dans un premier temps le groupe continuera de se concentrer sur le local et l’expérience client, plutôt que sur l’expansion géographique. C’est pourquoi le groupe se base sur sa part de marché au niveau local et non pas au niveau national et considère comme son ADN de faire vivre au client « une vraie expérience olfactive, gustative et visuelle. » Géographiquement Charleroi reste le cœur historique de l’empire Mestdagh. Ensuite le Brabant et Liège s’y sont ajoutés et aujourd’hui le groupe commence à avoir une présence significative à Bruxelles.
Pourtant l’entreprise ne se porte pas très bien : en 2017 aussi Mestdagh était en perte. « Nous ne sommes pas aux urgences, mais Mestdagh n’est pas en très bonne santé », admet Eric Mestdagh. En 2017 le chiffre d’affaires des 83 magasins est resté stable aux alentours de 700 millions d’euros.
L’assortiment et les valeurs clés seront revus
D’ici la fin de ce trimestre Beuscart prévoit un plan de transformation stratégique sur une durée de deux à trois ans afin de remettre l’entreprise sur les rails. L’assortiment sera également revu, notamment avec un focus sur le service traiteur et l’élargissement de l’offre bio. Beuscart : « Mestdagh s’est construit autour de la boucherie, mais en Belgique la consommation de viande décline de 5% par an. Par contre il y a une évolution sur les plats préparés. »
Une chose est sûre, après 118 d’existence l’entreprise familiale n’est pas prête à jeter l’éponge. Au cours de son histoire Mestdagh a connu d’importants changements et en connaîtra d’autres, estime le nouvel administrateur délégué. Mais c’est là que réside la force des entreprises familiales, ajoute-t-il : elles ont une vision à long terme et une connaissance du passé. « Le supermarché d’aujourd’hui continuera d’exister, mais les métiers, les produits et les assortiments évolueront. »