Avec un groupe solide derrière eux, les entrepreneurs Spar de Retail Partners Colruyt Group sont bien armés pour faire face à la crise du pouvoir d’achat. L’entreprise s’oriente vers une croissance progressive, notamment en ligne : « Ne sous-estimez pas notre rôle social. »
Pas de rayons vides
Johan Vermeire est devenu directeur général de Retail Partners Colruyt Group en avril dernier après le départ de son prédécesseur Dirk Depoorter. En parallèle, il dirige également les activités business-to-business du groupe, notamment le grossiste en food-service Solucious. Nous faisons la connaissance d’un spécialiste du retail chevronné, qui a accumulé une grande expérience internationale notamment chez Delhaize, Le Pain Quotidien et GSK. Pourtant, son entrée en fonction n’a pas été synonyme de revirement stratégique. Le mot d’ordre reste la cohérence.
« Ici, nous desservons 350 magasins indépendants actifs sous les bannières Spar et Alvo, ainsi que des grossistes. Nous ne les considérons pas comme des franchisés, mais comme d’authentiques partenaires commerciaux », précise Johan Vermeire. « Notre force réside dans le fait que nous pouvons nous concentrer totalement sur ces partenaires commerciaux. C’est notre seul core business, nous ne faisons rien d’autre. Au sein du Retail Partners Colruyt Group, nous essayons de leur fournir le meilleur service possible. La retail est devenu un secteur complexe. La solidité du groupe sur lequel nous pouvons nous appuyer est un atout important : nous disposons par exemple d’un centre de distribution très efficace. Nos clients ne souffrent pas de rayons vides. »
Pression
Les supermarchés Spar de Colruyt Group n’ont pas souffert de la crise sanitaire. La période a même été favorable à la rentabilité des entrepreneurs indépendants, mais ils sont maintenant confrontés à d’énormes changements, observe Johan Vermeire. « Les clients sont toujours aussi nombreux, mais le caddie se rétrécit : ils se rendent plus souvent chez d’autres retailers. La pression sur les marges est plus forte encore en Belgique qu’ailleurs, car les retailers éprouvent davantage de difficultés à répercuter la hausse des coûts. Les magasins plus petits, en particulier, sont dans une situation délicate : proportionnellement, les coûts de l’énergie sont plus élevés pour eux. L’indexation automatique augmente également les charges salariales. Pour la centrale aussi, les coûts augmentent. Bref, l’ensemble de la chaîne est sous pression. »
Les entrepreneurs indépendants peuvent-ils faire face à la concurrence sur les prix et à la surenchère promotionnelle actuelles ? « C’est en partie une question de perception. Spar a toujours été très performant dans ce domaine. Nous devons suivre la tendance pour préserver notre attractivité. Mais il s’agit de détails, pas d’un changement de cap radical. Le plus important est de mener une politique de prix cohérente. »
Croissance progressive
Retail Partners Colruyt Group continue-t-il à investir dans son expansion ? « Nous ouvrons environ cinq nouveaux magasins par an. En outre, nous poursuivons notre programme de rénovations qui ont souvent pour effet d’augmenter la surface commerciale des magasins. Nous privilégions une croissance progressive : les indépendants ne doivent pas être victimes de notre volonté d’expansion. Nous avons des responsabilités envers nos entrepreneurs. C’est plus important que la croissance. Mais nous pouvons également être très réactifs quand les circonstances l’exigent : le Spar La Roche-en-Ardenne a rouvert ses portes six semaines à peine après les inondations. Et je peux vous l’assurer : ce magasin était vraiment dévasté. »
La réalité est que de nouveaux arrivants sur le marché belge sont en train de « s’acheter » des parts de marché. Ils sont prêts à payer des prix très élevés pour racheter des magasins. Spar participera-t-il à la surenchère ? « La question est : ces investissements seront-ils rentables un jour ? Nous ne restons pas en marge, nous avons récemment racheté le supermarché Alvo Magda à Malderen. Nous pensons que ce magasin recèle encore plus de potentiel sous la bannière Spar. Mais nous ne pouvons pas racheter tous les magasins, ce n’est pas opportun. Nous devons analyser les différentes formules disponibles au sein du Colruyt Group, qui sont complémentaires. »
En ligne
Johan Vermeire observe une polarisation du marché : « L’e-commerce et les magasins de proximité ont beaucoup progressé. Malgré la fin de la crise sanitaire, ils sont plus forts qu’avant. » Mais des indépendants peuvent-ils ou doivent-ils également se lancer dans l’e-commerce ?
« Nos partenaires sont déjà en partie actifs dans ce domaine : ils vendent des plateaux de barbecue ou de fêtes de fin d’année en ligne, on peut y commander du pain… Nous progressons, mais ce n’est pas encore de l’e-commerce à part entière. Nous voulons surtout nous concentrer sur les points forts de nos entrepreneurs. Le défi consiste à rendre l’e-commerce rentable. Jusqu’où un supermarché de proximité doit-il aller dans ce domaine ? Nous pensons que ce n’est pas le moment de tout révolutionner. Nous nous concentrons sur ce que nous avons, nous voulons préserver et renforcer notre position. Et ne sous-estimez pas non plus notre rôle social : nos magasins sont des lieux de rencontre. »
RetailDetail a visité les sièges de six organisations de franchise alimentaire l’été dernier. Vous pouvez lire nos rapports dans une série d’articles hebdomadaires. Ceci est l’épisode 2.