L’identité de l’admirateur secret du spécialiste hollandais des substituts de viande végétaux Vivera est désormais connue. Il s’agit du géant de la viande brésilien JBS, qui se donne ainsi un profil davantage tourné vers l’avenir en vue d’une nouvelle tentative pour une introduction en bourse distincte de ses activités américaines.
341 millions d’euros pour 85 millions de chiffre d’affaires
JBS débourse 341 millions d’euros pour Vivera et acquiert ainsi trois usines et le centre de recherche de la société hollandaise. Plutôt ambitieux pour une entreprise dont le chiffre d’affaires s’élève actuellement à 85 millions d’euros et qui concentre pour l’instant ses ventes aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni. En février, il était apparu que Vivera était impliqué dans des négociations de rachat exclusives, mais l’identité du candidat à la reprise n’avait pas été divulguée.
Toutefois, cette reprise ne doit pas être évaluée sur la base du secteur à l’état actuel : le marché des substituts (végétaux) de viande est en effet en plein essor. Vivera espérait tripler son chiffre d’affaires d’ici à 2025 : une forte poussée de croissance, qui peut désormais bénéficier de la plateforme mondiale de JBS.
Avec cet accord, les objectifs semblent même quelque peu revus à la hausse. « En unissant nos forces avec JBS, nous avons accès à beaucoup plus de ressources et d’opportunités pour continuer à accélérer notre forte croissance actuelle et l’expansion de la marque Vivera », a déclaré le PDG, Willem van Weede, dans un communiqué de presse commun.
Introduction en bourse de la division américaine
L’accord revêt également une importance capitale pour JBS : l’entreprise a parfaitement conscience qu’un vent nouveau souffle sur l’industrie mondiale de la viande et que la transition à des alternatives végétariennes prend lentement mais sûrement de l’ampleur. L’entreprise compte déjà parmi les cinq plus grandes entreprises alimentaires au monde (le classement exact diffère selon la méthodologie d’établissement des listes) mais avec cet accord, elle renforce considérablement sa crédibilité en tant que fournisseur d’alternatives à la viande.
JBS pourrait profiter de ce nouveau statut pour relancer son projet d’introduction en bourse de sa division américaine, abandonné en 2017. « L’introduction en bourse de nos activités aux États-Unis n’est pas une question de ‘si’, mais de ‘quand’ », a déclaré le PDG, Gilberto Tomazoni, lors de la conférence téléphonique sur les derniers résultats annuels. En d’autres termes, rien n’est officiel pour l’instant, mais Wall Street regorge actuellement de véhicules d’investissement avides à la recherche d’une proie à racheter, les sociétés d’acquisition à vocation spécifique ou SAVS, qui ne seraient que trop heureuses de se jeter sur une telle opportunité.
JBS a en effet réalisé des chiffres records en 2020 : les ventes ont augmenté de plus d’un tiers pour atteindre 52,3 milliards de dollars (43 milliards d’euros) et les bénéfices ont doublé, atteignant 5,6 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros). Environ 75 % de ce chiffre d’affaires provient des activités américaines, qui devraient entrer en bourse séparément. JBS a besoin d’un nouveau moteur de revenus, qu’il espère donc trouver en Vivera.