Des clients mécontents parce que les stocks s’épuisent rapidement, des concurrents qui font appel à l’inspection économique et des fabricants de marques qui n’en reviennent pas : le coup marketing d’Albert Heijn n’a pas laissé indifférent …
« Pas un modèle durable »
Dire que le folder hebdomadaire d’Albert Heijn avec ses promotions ‘1+2 gratuits’ a fait l’effet d’une bombe, est un euphémisme. L’article que RetailDetail a diffusé à ce sujet lundi dernier est tout de suite devenu viral. Ensuite l’action a été abondamment commentée dans les médias publics et cette publicité gratuite n’est pas sans conséquences : cette semaine les magasins belges d’Albert Heijn accueillent bien plus de clients qu’en temps normal et le stock de produits en promotion s’épuise rapidement. Certaines références sont réapprovisionnées, alors que d’autres non, au grand mécontentement des shoppers, comme en témoignent des messages de clients frustrés envoyés à la rédaction de RetailDetail.
Mais ce qui nous semble pertinent avant tout, c’est l’inquiétude des concurrents et des fournisseurs. Dans les médias, Chris Van Wettere, directeur chez Colruyt, fait part de son étonnement concernant le folder : « A mon avis, ce n’est pas un modèle qu’un supermarché peut appliquer durablement », explique-t-il. Colruyt s’est vu contraint d’adapter ses prix, du moins localement, mais finalement la casse reste assez limitée, puisque la plupart des produits concernés ne font partie de l’assortiment du discounter.
« Stratégie destructrice »
Les fabricants, qui ont vu apparaître leur produit dans le folder, n’avaient pas été prévenus de l’action au préalable, nous dit-on, mais pour l’instant personne n’a souhaité réagir publiquement. Dans le journal Het Belang van Limburg, l’entrepreneuse et députée parlementaire flamande Grete Remen qualifie le coup marketing de « véritable dumping alimentaire, qui nuira au climat, à l’homme et l’animal. »
Vive réaction également de la part de Buurtsuper.be, l’association sectorielle des supermarchés indépendants, qui demande à l’inspection économique d’ouvrir une enquête concernant l’action. En Belgique vendre à perte est en effet interdit. Il s’agit d’une stratégie destructrice, estime le directeur Luc Ardies : « A l’heure où le secteur alimentaire a besoin de moyens supplémentaires pour faire face aux nombreux défis du futur, ce type d’action promotionnelle conduit l’un des principaux secteurs belges tout droit à sa perte », souligne un porte-parole. « Que l’inspection fasse son travail. »