Depuis le Brexit, les distillateurs de whisky et de gin du Royaume-Uni, en particulier les plus petits, ont bien du mal à exporter leurs produits vers l’UE. La raison est évidente : avec le Brexit, les systèmes d’accises sont dissociés, et les marchandises restent bloquées dans des entrepôts en attendant que toutes les formalités soient réglées.
Accumulation des problèmes
Les témoignages recueillis par le Financieele Dagblad auprès de plusieurs distilleries au Royaume-Uni sonnent comme un interminable « Je vous l’avais dit » au sujet de l’impact du Brexit sur les flux commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE. Les difficultés que rencontrent en particulier les plus petits acteurs sont exactement celles qu’on redoutait à l’approche du 1er janvier de cette année. Une réalité que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, avait toujours minimisée. Il était déjà apparu clairement que la prudence était de mise pour les commandes sur les webshops britanniques.
Tout comme les bouteilles dans les entrepôts, les problèmes s’accumulent, en particulier pour les produits soumis à accises. En principe, pour le commerce international de ces marchandises, les droits d’accises sont suspendus jusqu’à ce que les produits soient effectivement commercialisés sur le marché des utilisateurs finaux. Lorsque le Royaume-Uni faisait encore partie de l’Union européenne, il faisait également partie du système interne qui régissait automatiquement cette suspension.
Cependant, depuis le Brexit, les systèmes entre le Royaume-Uni et l’union commerciale européenne ont été dissociés. Par conséquent, les formalités pour assurer la bonne gestion de ces marchandises se sont converties en un invraisemblable enchevêtrement pour les fabricants et les transporteurs.
L’Europe sur une autre planète
Concrètement, l’envoi de gin ou de whisky sur le marché européen doit d’abord passer par le système d’accises britannique. Ensuite, un expéditeur enregistré, un intermédiaire autorisé à expédier ces marchandises sous le régime de la suspension de droits d’accises, doit reprendre la procédure à zéro dans le système européen. Un processus fastidieux, dans lequel une erreur est vite commise. Sans compter la difficulté de maîtriser les procédures à suivre.
Les grands acteurs, qui gèrent leur logistique en interne, parviennent à s’en sortir. Mais les plus petits acteurs, qui dépendent de partenaires logistiques, n’arrivent plus à passer. « En ce moment, c’est comme si l’Europe était sur une autre planète », a déclaré une distillerie d’Édimbourg au FD.
Pas de panique
Les petits acteurs n’ont en effet pas les volumes nécessaires pour charger un camion complet pour l’Europe continentale. Cela signifie qu’un transporteur doit remplir toute la procédure administrative pour chaque palette de marchandises. Les répercussions sont évidentes : bon nombre de transporteurs préfèrent refuser les marchandises soumises à accises, de peur qu’une seule palette bloque tout un chargement. Cela concerne non seulement l’alcool, mais également les carburants et les produits du tabac.
Bien sûr, la frustration est grande parmi les distilleries britanniques, mais l’heure n’est pas à la panique. Apparemment, personne ne pense que cette situation posera réellement problème aux distilleries. Mais les amateurs européens ne pourront que constater dans un avenir proche qu’il sera plus difficile de trouver certains gins ou whiskies britanniques dans nos contrées. « Aujourd’hui, c’est plus facile d’envoyer ces bouteilles en Amérique. C’est vraiment ridicule », résume l’un des distillateurs.