Quatre des cinq grandes enseignes de supermarchés dans notre pays – Aldi, Carrefour, Colruyt et Delhaize – ont généré moins de bénéfice durant leur dernier exercice que cinq ans auparavant. C’est ce qui ressort d’une analyse du journal De Tijd. Lidl, dont les données ne sont pas disponibles, est également sous pression.
Le même gâteau partagé entre plus d’enseignes
« Aldi est le plus grand perdant », écrit le journal : « Sur 100 euros encaissés, la chaîne n’a gardé que 2,40 euros de bénéfice opérationnel, contre 4,20 euros il y a cinq ans. » Cette même tendance est perceptible pour les autres grandes chaînes : chez Colruyt le bénéfice opérationnel pour 100 euros encaissés a reculé de 6,9 à 5,8 euros, chez Delhaize de 3,9 à 2,8 euros et chez Carrefour de 2,2 à 1,9 euro. Quant à Lidl, la situation financière de la branche belge reste un secret bien gardé, faute de données disponibles.
Pas besoin d’aller chercher très loin la raison de ce recul : « Chaque année les Belges dépensent environ autant pour leurs courses. Etant donné que le même gâteau est partagé entre toujours plus de magasins, les coûts des supermarchés augmentent. En outre, ils proposent des réductions pour chiper des clients à la concurrence. » Ajoutez-y les changements dans le comportement d’achat du consommateur et vous comprendrez bien vite d’où viennent les sombres nuages qui planent sur le paysage de la grande distribution belge.
A chacun ses soucis
Par ailleurs chaque chaîne a ses propres problèmes. Colruyt gagne du chiffre d’affaires et des parts de marché, grâce à sa garantie du meilleur prix, mais cette stratégie lui coûte très cher. « Delhaize fait du sur place », et ne parvient (toujours) pas à réaliser une croissance durable de son chiffre d’affaires et de son bénéfice. « Carrefour régresse », et pas seulement en raison de ses hypermarchés déficitaires. Aldi progresse, certes, mais doit investir toujours plus pour contrecarrer le champion des prix Colruyt et son concurrent direct Lidl. Ce dernier pour sa part souffre de sérieuses douleurs de croissance (songez aux grèves d’il y a un an). Sans parler de Makro, qui est atteint de la même maladie que les hypermarchés de Carrefour.
Et n’oublions pas Jumbo, qui doit encore faire son entrée dans notre pays : en novembre les Hollandais ouvriront leurs trois premiers magasins en Belgique. Donc les marges continueront de baisser, affirme Jorg Snoeck de RetailDetail : « Jumbo se positionne sur le marché avec des prix bas et peut chambouler le marché belge, comme l’a fait Albert Heijn. » Bref, des perspectives peu réjouissantes, si ce n’est pas pour le porte-monnaie du consommateur …