Les projets de réforme de Delhaize suscitent de plus en plus de réactions politiques. Les politiciens n’hésitent pas à remettre fondamentalement en question le concept de la franchise.
Médiateur social ?
Les conflits sociaux en cours chez Delhaize, Intermarché et TotalEnergies, qui vend ses stations-service et ses magasins au groupe canadien Couche-Tard, commencent à agiter la classe politique. Le ministre flamand de l’économie Jo Brouns plaide pour un plan social offrant plus de garanties aux employés de Delhaize et demande à son collègue Pierre-Yves Dermagne, ministre fédéral du travail, de nommer un médiateur social. Ce dernier déclare à son tour que Delhaize doit appliquer la loi Renault sur les licenciements collectifs.
Dans le même temps, le PS dépose un projet de loi de grande envergure qui considère les franchisés d’une chaîne de magasins comme un seul groupe, ce qui autoriserait la représentation syndicale dans ce groupe. Ainsi, les magasins privatisés seraient toujours considérés comme faisant partie de Delhaize et devraient respecter les mêmes conditions d’emploi. Cette proposition va à l’encontre de l’avis de l’organisation de travailleurs indépendants Unizo : « Cette proposition porte un coup fatal au franchisage dans notre pays et à l’avenir du secteur de la vente au détail », déclare Luc Ardies de Buurtsuper.be.
Comités mixtes
Selon lui, la franchise est la seule formule qui puisse armer les entreprises de vente au détail contre le commerce électronique des multinationales et garantir l’emploi dans le commerce de détail. « La franchise est économiquement la formule de l’avenir car elle combine le meilleur des deux mondes : l’échelle d’un grand détaillant d’une part et l’ancrage local de l’entrepreneur indépendant d’autre part. »
Parallèlement à la discussion sur le franchisage, un débat émerge sur les cinq commissions paritaires différentes dans le secteur du commerce de détail, chacune contenant des accords différents sur les heures de travail, les salaires, les primes et la flexibilité. Colruyt Group plaide pour une harmonisation de ces différentes commissions paritaires, rapporte De Standaard, mais Delhaize et Carrefour n’y sont pas favorables et Unizo s’y oppose également, car cela augmenterait encore le coût du travail dans les magasins indépendants, alors que de nombreux magasins connaissent déjà des difficultés financières.