Le gendarme américain de la concurrence veut mettre un terme à la fusion controversée entre les chaînes de supermarchés Kroger et Albertsons, craignant une hausse des prix à la consommation et une détérioration des conditions de travail.
Une opposition persistante
En octobre 2022, on a appris que Kroger paierait 24,6 milliards de dollars (22,6 milliards d’euros) pour racheter son rival Albertsons. Ensemble, les chaînes formeraient le deuxième plus grand groupe de supermarchés aux États-Unis après cette méga-fusion, avec plus de 5 000 magasins et 700 000 employés dans 48 États.
Mais l’opposition au projet de rachat persiste : lundi, la Commission fédérale du commerce (FTC) des États-Unis a intenté une action en justice pour bloquer le projet de rachat. Selon la FTC, l’opération entraînerait une hausse des prix pour des millions de consommateurs, limiterait le choix et réduirait la qualité des produits en rayon. Les employés des magasins en pâtiraient également, car l’opération mettrait fin à la concurrence entre eux pour l’embauche de personnel. Il serait alors plus difficile pour les employés d’obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.
« Cela renforcera Amazon et Walmart »
L’opposition de la FTC n’est pas inattendue : la commission avait déjà reporté une fois sa décision sur la fusion et, auparavant, plusieurs États avaient également intenté des actions en justice pour empêcher la prise de contrôle. Entre-temps, neuf États se sont déjà joints à l’action en justice de l’autorité de la concurrence.
Les détaillants concernés, qui ont déjà exprimé leur volonté de céder plus de 400 magasins, ne sont pas d’accord avec le raisonnement de la commission antitrust : « Si la Commission fédérale du commerce parvient à bloquer cette fusion, elle nuira aux clients et contribuera à renforcer les grands détaillants multicanaux tels qu’Amazon, Walmart et Costco – les entreprises mêmes que la FTC prétend contrôler – en leur permettant d’accroître encore leur domination croissante sur le secteur de l’épicerie », ont-ils répondu aux médias américains.
Si l’opération est effectivement bloquée, il reste à voir si Ahold Delhaize saisira une autre occasion d’acquérir Albertsons : le détaillant était considéré comme un candidat potentiel à l’acquisition, les deux groupes étant très complémentaires sur le plan géographique.