En France, il sera bientôt interdit de donner aux substituts de viande le nom de steak, de saucisse ou d’autres appellations « animales ». L’agro-industrie française veut maintenant faire passer cette règle dans l’Union européenne également.
« Privilège » exclusif pour le règne animal
À partir du 1er octobre, en France, les substituts de viande végétariens ne pourront plus porter le nom de saucisse, de steak, de hamburger ou tout autre nom pouvant faire référence à la viande. C’est ce que prévoit un nouveau décret publié au Journal officiel français.
« Il ne sera pas possible d’utiliser la terminologie propre aux secteurs traditionnellement associés à la viande et au poisson pour désigner des produits n’appartenant pas au règne animal, » cite Le Monde. Seules les denrées alimentaires fabriquées ou étiquetées avant cette date bénéficieront d’un sursis et pourront être commercialisées jusqu’au 31 décembre 2023.
La nouvelle législation est fortement soutenue par le milieu agricole en France. C’est « une étape essentielle en faveur de la transparence de l’information au consommateur ainsi que de la préservation de nos produits et savoir-faire », estime par exemple Jean-François Guihard, président d’Interbev, l’organisation nationale de la branche bétail et viande.
Appel à l’Europe
Désormais, les fédérations sectorielles espèrent étendre la règle à l’ensemble de l’Union européenne, car pour l’instant, la loi ne s’applique pas aux produits provenant d’autres pays européens ou de la Turquie. Les hamburgers végétariens importés de l’étranger sont donc autorisés à rester des « hamburgers ».
Toutefois, la question a été régulièrement débattue au niveau européen et, jusqu’à présent, aucune interdiction des dénominations animales n’a été obtenue. Seule l’industrie laitière y a réussi : les substituts végétaux des produits laitiers ne peuvent pas être appelés du lait ou du fromage. Une proposition française visant à interdire même toute référence aux produits laitiers, telle que la description « alternative végétale au yaourt », a été rejetée l’année dernière.
L’Observatoire national de l’alimentation végétale (ONAV), quant à lui, regrette que la France se soit placée dans une position conservatrice, qui est « à l’opposé des enjeux actuels et de la politique européenne sur ces questions ». Entre-temps, l’industrie porcine veut aller encore plus loin et interdire également l’étiquetage de la viande dite de laboratoire en tant que viande.