Le gouvernement français veut à tout prix casser la spirale des prix dans les rayons : le ministre de l’économie accuse ouvertement les multinationales et bloque les prix de 5 000 produits.
Un accord avec l’industrie
La persistance des prix élevés des produits alimentaires est une question politique de première importance pour le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire. Bien que l’inflation alimentaire ralentisse légèrement dans le pays, elle reste, avec 11,1 % en août, beaucoup plus élevée que le taux d’inflation général de 4,8 %.
Au début de l’année, il avait déjà fait pression sur les supermarchés et les fabricants de produits alimentaires pour qu’ils ramènent les prix des produits de première nécessité à un niveau correspondant à la baisse des prix des matières premières. Aujourd’hui, il va plus loin : jeudi, il est parvenu à un accord avec les détaillants et les fabricants de produits alimentaires sur trois mesures devant conduire à une baisse structurelle des prix, rapportent les médias français.
Trois mesures
Tout d’abord, les négociations annuelles sur les prix entre les industriels et les distributeurs seront avancées : elles auront lieu dès le mois de septembre, et non plus entre décembre et mars. Cette décision intervient à la demande de la grande distribution qui souhaite pouvoir répercuter le plus tôt possible la baisse des coûts de production sur les consommateurs. Cette répercussion pourrait se faire dès le mois de janvier.
Deuxième mesure : 5 000 produits, soit environ un quart de l’offre moyenne des supermarchés, ne devraient pas bouger à moins d’être baissés d’ici à 2024. C’est donc beaucoup plus que les 1 500 références convenues jusqu’à présent. La liste exacte sera établie par les détaillants et les fabricants dans les semaines à venir.
Enfin, les distributeurs devront répercuter les baisses de prix accordées par les industriels « obligatoirement et immédiatement » dans les rayons et donc ne pas les retarder pour améliorer leurs marges. Le gendarme français de la concurrence effectuera les contrôles nécessaires pour s’assurer de la mise en œuvre de ces deux dernières mesures.
Allégations
Fait remarquable, le ministre a accusé certaines multinationales étrangères de ne pas jouer leur rôle dans la lutte contre l’inflation. Il a notamment cité PepsiCo, Nestlé et Unilever. Les bons élèves, selon lui, sont la marque de pâtes Barilla et le producteur d’huile Avril. Plus tôt dans la semaine, Alexandre Bompard, directeur de Carrefour, avait également fustigé Procter & Gamble, Henkel et Unilever pour avoir prétendument augmenté leurs marges au détriment des consommateurs.
En Belgique, où les prix des denrées alimentaires sont encore plus élevés que chez ses voisins du sud, le ministre de l’économie, Pierre-Yves Dermagne, a déjà menacé de révéler les noms des entreprises qui ne répercutent pas la baisse des coûts des matières premières. Il n’en est pas encore là, mais il a demandé à l’Observatoire des prix de suivre mensuellement les prix dans les supermarchés et de signaler les évolutions anormales à l’Autorité belge de la concurrence.