2023 menace de déclencher un bain de sang parmi les supermarchés franchisés, les bouchers, les boulangers et les restaurants. La hausse exponentielle des prix de l’énergie déclenchera une vague de faillites si le gouvernement n’intervient pas, affirment quatre fédérations professionnelles concernées.
Les marges s’évaporent
En janvier, 80 % des PME devront faire face à des factures d’énergie au moins quatre fois plus élevées que la normale. C’est inabordable pour la plupart des détaillants alimentaires. La réfrigération représente 70% de la consommation d’énergie d’un supermarché, mais économiser sur la chaîne du froid n’est pas une option. Les restaurateurs et les boulangers ne peuvent pas éteindre leurs fours.
L’Aplsia, la fédération francophone des détaillants alimentaires indépendants, qui représente 3 200 points de vente, a fait le constat lors d’une conférence de presse mardi : pour un supermarché indépendant de 1 000 m², le prix de l’électricité est passé de 6 750 à 27 000 euros par mois en 10 mois. Coût annuel supplémentaire : 243 000 euros. Avec l’indexation des salaires et des loyers en plus, le chiffre atteint 349 000 euros. S’il y avait une marge bénéficiaire, elle s’évapore complètement.
300 000 emplois menacés
« Aujourd’hui, 90% des magasins affiliés sont en mauvaise santé financière. Si les prix de l’électricité se maintiennent au niveau actuel, il y a un gros risque de nombreuses fermetures », a déclaré à L’Echo Benoît Kennes, exploitant d’un Carrefour Express dans le Brabant wallon et membre du conseil d’administration d’Aplsia. D’autres fédérations se joignent à l’appel au secours : chez les boulangers, la vague de fermetures a déjà commencé. L’énergie y est passée de 6 à 18 % des ventes. Les bouchers devraient pouvoir augmenter leur chiffre d’affaires de 60 à 80 % pour absorber les coûts, mais les consommateurs ne paient pas 45 euros le kilo pour un steak. Le secteur de l’hôtellerie voit déjà les clients se détourner de lui.
« Si les prix de l’énergie ne baissent pas de manière substantielle, on va droit vers 300.000 pertes d’emplois dans nos 4 fédérations. Aux prix actuels, personne ne sera en mesure de survivre beaucoup plus qu’un an », a déclaré Philippe Bouillon, coprésident de la Fédération des bouchers. La solution ? Plafonnement du prix de l’électricité à 100 euros par mégawattheure.
Remarquable, tout de même : il s’agissait d’une conférence de presse des seules fédérations francophones. Les commerçants flamands ne seront-ils donc pas affectés par la crise énergétique ? En Flandre, il y a plus d’espace budgétaire et le pouvoir d’achat est plus élevé, donc la menace y est un peu moins directe, indique-t-on.