Il y a un an, Kellogg présentait sa stratégie de durabilité « Wellbeing Manifesto ». Depuis lors, les prix de l’énergie et des matières premières se sont envolés et le grenier à blé de l’Europe a été verrouillé. Une telle volatilité compromet-elle les objectifs de durabilité ? Nous avons posé la question à Luc Houben, directeur général pour le Benelux.
Moins d’air, moins d’émissions
Kellogg, le producteur des céréales pour petit-déjeuner Kellogg’s et des snacks Pringles, admet avoir un problème d’image. Début 2021, le géant américain de l’agroalimentaire a donc annoncé un véritable manifesto pour le bien-être, qui garantirait des produits plus durables et plus sains. Un an plus tard, Houben fait le point : il estime que Kellogg est sur la bonne voie. D’ici à 2050, par exemple, les émissions de CO2 doivent être réduites de 45 % ; actuellement, les émissions sont déjà 37 % inférieures à celles de l’année de référence 2015.
Toutes les usines européennes fonctionnent désormais avec des énergies entièrement renouvelables, mais même des interventions de prime abord « mineures » ont un impact majeur. Par exemple, il y a aujourd’hui moins d’air dans les emballages. Cela permet de gagner de l’espace et de transporter davantage de boîtes. L’optimisation du transport de marchandises est cruciale, pour des raisons de durabilité, mais aussi à cause de la pénurie sévère de chauffeurs, explique Houben.
Nouvelles négociations de prix « évidentes »
La crainte de voir apparaître d’autres pénuries est également palpable. Surtout lorsque l’ingrédient de base sont les grains, la matière première même dont la Russie et l’Ukraine comptent parmi les principaux exportateurs mondiaux. « Nous ne sommes pas directement touchés et ne connaissons pas encore de pénurie », assure Houben. « Notre approvisionnement s’avère efficace, pour l’instant nous sommes couverts. »
Toutefois, Houben constate que même ceux qui n’achètent pas directement sur ces marchés sont également sous pression : ceux qui s’approvisionnent généralement en Russie ou en Ukraine doivent désormais acheter ailleurs. « D’une part, cela fait augmenter les prix, mais d’autre part, se pose aussi la question de la disponibilité à long terme. Il faut alors faire la part des choses et chercher des alternatives. Ces plans B et C sont en train de se dessiner. »
Dans ce contexte particulièrement volatile, il est « évident que les débats sont rouverts » avec les détaillants, estime le directeur. « Même il y a un mois, nous n’aurions pas pu le prévoir. L’idée est bien sûr de ‘compenser’ autant que possible les augmentations de coûts sur la chaîne logistique mais, à un certain stade, il n’y a pas d’autre choix que de les partager avec l’ensemble de la communauté. » Les négociations sur les prix en début d’année avaient toutefois déjà été difficiles. Reste donc à voir si cela conduira à nouveau à des rayons vides dans les magasins.
Recherche de partenaires pour un code pour les malvoyants
Mais Kellogg tente de partager autre chose que les coûts avec la communauté. Avec le projet Origins, Kellogg aide les agriculteurs à réduire leurs émissions. Bientôt, Kellogg tentera également d’impliquer les détaillants dans ce projet. « Notre partenariat avec Colruyt dans le domaine de l’Éco-score est déjà excellent, vous pouvez me citer », déclare Houben.
Le manifesto pour le bien-être promettait en outre des produits plus sains et plus soucieux de la santé des consommateurs. Dans la gamme Special K, la teneur en sel a donc été réduite de 20 % en moyenne. L’entreprise soutient également deux écoles de Bruxelles avec des Breakfast Clubs, pour les enfants qui viennent à l’école le ventre vide. L’initiative s’étend cette année à une école hollandaise de la région de Rotterdam.
Cette année, Kellogg se concentre plutôt sur ses emballages et comment les rendre à la fois plus durables et plus inclusifs. En partenariat avec la Ligue braille, le producteur de cornflakes appose sur tous ses emballages un code NaviLens, une sorte de code QR que les aveugles et les malvoyants peuvent scanner à une plus grande distance. Les informations figurant sur l’emballage sont ensuite lues dans leur langue sur leur smartphone. « Il y 30 millions de personnes aveugles ou malvoyantes en Europe. C’est un groupe qu’il ne faut pas sous-estimer et que nous ne devons pas oublier. Nous sommes les premiers dans l’industrie alimentaire à utiliser les codes NaviLens et nous appelons toutes les entreprises à nous rejoindre. »