Malgré une part de marché en perte de vitesse, Colruyt croit en une relance après le coronavirus. Le partenariat croissant entre Albert Heijn et Delhaize n’atteint pas le leader du marché. Le PDG, Jef Colruyt, ne parle pas d’une éventuelle fusion avec Jumbo .
« Que restera-t-il bientôt de Delhaize ? »
Dans une interview remarquée accordée à De Standaard, le PDG Jef Colruyt évoque les ambitions européennes et même les ambitions mondiales pour ses activités dans le domaine de l’énergie, mais dans le secteur de la distribution, il ne voit un potentiel européen que pour la pharmacie en ligne Newpharma . Le fait que la part de marché des supermarchés Colruyt soit sous pression en Belgique s’explique principalement par le coronavirus, indique le PDG : Colruyt compte moins de magasins de proximité et a dû se passer des ventes aux nightshops. Il pense que le leader du marché pourrait regagner du terrain lorsque la situation sera normalisée.
L’union et l’approfondissement croissant du partenariat entre ses concurrents Albert Heijn et Delhaize n’inquiètent pas le PDG. « Que restera-t-il bientôt de Delhaize ? One eats the other, sooner or later… La question est de savoir si cela nous affecte beaucoup en tant que full range discounter. Nous le ressentons temporairement, mais l’impact s’estompe au bout d’un an. Mais jusqu’où peut aller Ahold sans nuire à son autre chaîne, Delhaize ? À moins que l’objectif soit de faire sortir un autre acteur du marché. »
« Les Hollandais sont bons en perception »
Jef Colruyt souligne que Jumbo et Albert Heijn sont en moyenne 7 à 8 % plus chers que les prix les plus bas de Colruyt. « Les Hollandais sont bons en perception, tandis nous n’allons pas assez loin. »
Quant à la suggestion du journal de fusionner les branches de distribution de Colruyt et de Jumbo pour créer un récit de marque solide avec des valeurs familiales communes pour contrer Ahold Delhaize, le PDG ne souhaite pas en discuter : « Je comprends votre raisonnement mais je ne souhaite pas m’exprimer à ce sujet, si cela ne vous dérange pas. » Et lorsque le journaliste insiste et lui demande « Les Hollandais aiment être aux commandes, mais ni votre famille ni celle de Jumbo ne souhaite remettre les clés ? », il répond sèchement « C’est vous qui le dites. »
« Cette année, décision sur la livraison à domicile »
Dans l’interview, Jef Colruyt évoque également l’importance croissante du numérique dans l’alimentation. Le service de collecte Collect&Go a enregistré une croissance d’au moins 50 %, qui se poursuit actuellement. « Est-ce que 10 % des courses seront effectuées en ligne dans les prochaines années ? Nous examinons si nous devons renforcer le réseau dans les grandes villes. Il y a des solutions. »
D’ici à la fin de l’année, Colruyt promet une décision quant à la livraison à domicile, un projet toujours en phase de test actuellement, mais le PDG ne croit pas au modèle commercial des coursiers rapides comme Gorillas ou Deliveroo, car il apporte peu de valeur ajoutée au marché et est difficile à rentabiliser. Collect&Go s’adresse généralement aux couples actifs qui dressent leur liste de courses le mercredi, pour une collecte le samedi. Le panier moyen est de 60 euros.