Alors qu’il a surtout commencé à travailler sur la durabilité afin de réduire les coûts, le Groupe Colruyt déploie aujourd’hui 150 projets dans ce domaine. Aujourd’hui, son CEO Jef Colruyt entrevoit notamment un potentiel considérable dans les chaînes de distribution locales, la conversion de l’énergie éolienne en hydrogène et le plastique recyclé.
Douze chantiers, quatre thèmes
Selon le groupe de supermarchés Colruyt, une mentalité de discounter et la durabilité peuvent parfaitement aller de pair. Et si le retailer espérait déjà pouvoir faire baisser les prix en économisant l’électricité dans les années 60, c’est dans les années 90 que la durabilité a réellement été intégrée à l’ADN du groupe. C’est ce qu’a déclaré son CEO Jef Colruyt dans une interview à Trends.
Aujourd’hui, le groupe travaille sur quelque 150 projets différents, de l’énergie éolienne aux chariots frigorifiques à glace liquide. En interne, ces projets sont subdivisés en « douze chantiers », sur la base des 17 objectifs de durabilité des Nations unies. Mais pour les consommateurs, ils sont regroupés en quatre thèmes : santé, vivre ensemble, bien-être des animaux et environnement s’avèrent en effet être les priorités des clients.
À une époque où de nombreuses multinationales promettent aujourd’hui la neutralité climatique à court terme – voire une contribution positive au climat –, Jef Colruyt se montre un peu plus nuancé. Les émissions sont inévitables, et il faut donc les compenser. L’enseigne belge émet aujourd’hui environ 100 000 tonnes de CO2 par an, reconnaît-il. Mais ces émissions baissent chaque année, de 17 tonnes de CO2 par million d’euros de chiffre d’affaires en 2008 à 12 tonnes d’équivalent CO2 en 2019. Et l’objectif est de poursuivre sur cette voie : « Nous allons encore réduire nos émissions de 28% en 2020. Nous cherchons constamment à faire mieux. »
Chaîne de valeur trop longue
Où résident encore ces marges d’amélioration ? Jef Colruyt croit notamment en l’analyse des données – par exemple sur la consommation d’eau –, en une filière agricole « qui pourrait quand même être plus courte » en s’adressant directement à l’agriculteur, et dans les possibilités de stockage de l’énergie éolienne, notamment sous la forme d’hydrogène. « Je pense que tout le monde en est conscient : la filière agricole “du champ à l’assiette” est très longue. Pour certains produits, nous devons trouver des alternatives », explique le CEO, défendant ainsi sa décision d’acquérir lui-même des terres agricoles.
L’agriculture verticale commence également à porter ses fruits : les herbes cultivées en intérieur que vend Bio-Planet ont un « énorme impact » en termes de superficie et récoltent leurs premiers succès. Jef Colruyt voit également davantage de canaux de distribution locaux apparaître à terme, notamment par le biais de l’e-commerce : « Vous saurez par exemple quels produits sont disponibles dans un rayon de 15 kilomètres. »
Le Groupe Colruyt a également décidé d’investir 700 millions d’euros dans cinq nouveaux centres de tri et quatre usines de recyclage du plastique avec Fost Plus. Le retailer espère trouver ainsi de nouveaux débouchés pour le plastique recyclable, d’autant que les consommateurs veulent à nouveau plus d’emballages depuis la pandémie. La crise sanitaire n’a donc pas modifié les priorités, mais au contraire rappelé la nécessité de collaborer et de développer des innovations durables. Jef Colruyt espère d’ailleurs continuer à étendre ses « réseaux de personnes bien intentionnées autour de thèmes comme les matières premières et la biodiversité ». « Trouvons des moyens de faire autrement », conclut-il.