Avec l’ouverture de son premier Foodmarkt à Gand, Jumbo indique clairement qu’il continue à investir massivement en Belgique. Les magasins existants connaissent une croissance à deux chiffres, déclare Ton van Veen, le directeur général. La rentabilité est donc également en vue.
« Le Walhalla de l’alimentation »
Nous nous sommes entretenus avec Ton van Veen le jour de l’ouverture du premier Jumbo Foodmarkt belge. Le directeur général se réjouit du véritable engouement pour le magasin de Gand. Après quelques années difficiles, et malgré des défis majeurs sur son marché domestique, la chaîne de supermarchés affiche une confiance croissante.
Peut-on dire que Jumbo s’impose en Belgique avec ce magasin ?
« Je pense que oui. Tout ce que nous avons en magasin, nous le présentons ici. C’est bien plus qu’un supermarché ordinaire, c’est un walhalla de la nourriture, une expérience alimentaire. Lorsque je me promène dans le magasin et que je parle aux clients, je n’entends que des réactions enthousiastes. »
S’agit-il d’une sorte de magasin phare que Jumbo souhaite mettre en avant ?
« En tout cas, c’est notre fierté et notre joie. Nous en avons dix aux Pays-Bas et le premier en Belgique. Tout est réuni ici : nos produits standard, nos produits d’épicerie, mais surtout notre gamme de produits frais : les produits fraîchement préparés, la cuisine, la fusion du commerce de détail traditionnel et de la restauration, vous pouvez le voir ici. Foodmarkt est également très important pour le développement et l’innovation de notre concept. La grande surface permet de tester certaines catégories de produits ou de recettes. Si les résultats sont concluants, nous pourrons les étendre à nos autres magasins. »
Cette succursale de Gand est-elle très différente des magasins Jumbo Foodmarkt aux Pays-Bas ?
« La philosophie est la même. Nous essayons de tout réunir ici pour choyer nos clients et dépasser leurs attentes. Mais nos dix Foodmarkt aux Pays-Bas sont également différents les uns des autres : notre premier, à Breda, est légèrement différent de celui d’Amsterdam ou de Groningue. Nous ouvrirons bientôt un grand magasin à Scheveningen, près de La Haye, et là aussi, nous essaierons d’offrir cette personnalisation locale, tout comme ici. À Gand, nous mettons l’accent sur d’autres aspects, tout en restant fidèles à la même philosophie. »
Jumbo communique avec insistance sur l’assortiment local de ce Foodmarkt ?
« Nous avons une formule nationale très forte, aux Pays-Bas et en Belgique, mais nous essayons toujours de trouver la touche locale à chaque endroit. En fin de compte, le shopping est une affaire locale. Notre objectif est de faire de nos clients des fans, ce qui nous permet d’ajouter de très bons produits locaux et régionaux que nous nous sommes procurés spécialement pour ce magasin. »
Le vent en poupe
Y a-t-il de la place pour d’autres points de vente Foodmarkt en Belgique ?
« Oui, c’est possible. Nous sommes très satisfaits de notre situation en Belgique. Nous connaissons une croissance rapide, non seulement en termes de nombre de magasins, mais aussi en termes de ventes dans les magasins existants. Nous avons récemment ouvert à Roulers, puis à Gand, et trois autres ouvriront cette année. Nous avons également prévu quelques ouvertures pour l’année prochaine. Mais ce dont je suis le plus satisfait, c’est que nos magasins existants connaissent également une croissance très rapide : une croissance à deux chiffres, bien plus rapide que la moyenne du marché. Nous constatons que les consommateurs belges nous ont vraiment découverts. Nous avons le vent en poupe. »
D’où vient cette croissance ?
« Si vous voulez construire une relation durable – et c’est ce que nous voulons avec nos clients belges – il ne s’agit pas d’une action ponctuelle. Il faut vouloir investir, il faut comprendre le pays. Les clients flamands sont très fidèles à leur supermarché et ne changent pas facilement de fournisseur. Ce qui s’est amélioré au cours des deux dernières années, c’est que nous avons réussi à faire comprendre au client belge que nous ne sommes pas seulement un supermarché agréable, avec un bon assortiment et un bon service, mais que nous sommes aussi bon marché. Nous pouvons communiquer de plus en plus clairement que l’assortiment, le service et la qualité sont supérieurs à la moyenne, mais aussi que les prix ne sont pas une raison pour aller ailleurs. »
Quel positionnement prix Jumbo souhaite-t-il adopter ?
« Nous voulons faire partie des supermarchés les moins chers de Belgique. Nous ne prétendons pas être les moins chers, mais nous voulons être clairement moins chers que la moyenne. Les prix bas fixes sont notre base, mais en plus de cela, nous sommes également actifs avec des promotions favorables, parce que nous voyons que les clients en ont besoin. Nous faisons ce que les clients nous demandent. Les promotions augmentent également sur le marché néerlandais. »
Vers un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros
Cette ouverture montre également que Jumbo continue d’investir en Belgique, dans un contexte de réajustement et de restructuration ?
« Absolument ! En tant que CEO du groupe, je suis très content de l’équipe belge. On travaille beaucoup sur la croissance. Quand je vois les chiffres, je pense que nous atteindrons 20-25% de croissance cette année pour finir autour de 400 millions d’euros. C’est encore un très beau pas en avant. Environ la moitié de cette croissance proviendra de la croissance organique dans nos magasins existants. Cela contribue aussi directement aux bénéfices. Je pense que nous sommes en train de vivre une très belle évolution que nous sommes très heureux de perpétuer.
Cela ne va pas trop lentement ?
« Nous nous développons aussi vite que possible. La limite n’est pas qu’il n’y aurait pas de ressources, ou que les clients ne nous apprécieraient pas. Il s’agit plutôt de la disponibilité des sites. À cet égard, nous rencontrons également une certaine opposition, notamment de la part de nos concurrents. »
A quel point est-ce frustrant ?
« Cela fait partie du jeu. On peut aussi considérer que c’est un compliment pour notre enseigne. S’il y a autant de résistance à un nouveau Jumbo, cela indique que quelque chose se passe manifestement dans une zone de marché lorsque nous ouvrons un magasin. »
Le fait que les procédures d’octroi de licences en Belgique ne soient pas si évidentes n’aide pas non plus ?
« Je ne m’en plains pas. La sagesse du pays, l’honneur du pays. Cela fait partie de la Belgique, avec tout ce que le pays a à nous offrir. Cela fait partie du monde des affaires et de la volonté de se développer. Nous devons trouver un moyen de contourner ce problème. Aux Pays-Bas, nous avons encore d’autres défis à relever. »
Le seuil de rentabilité
Quand Jumbo Belgium commencera-t-elle à gagner de l’argent ?
« Nous n’avons pas commencé en Belgique pour faire des bénéfices rapides. Lorsque vous démarrez dans un nouveau pays, avec une nouvelle entreprise, une nouvelle organisation, vous savez que les coûts précèdent les bénéfices, pendant un certain nombre d’années. Il faut mettre en place un siège social, s’approvisionner en produits belges… et le faire au départ pour un nombre limité de magasins. Chaque magasin que nous ajoutons augmente la couverture de notre base de coûts fixes, ce qui nous permet de réduire les pertes. Nous avons déjà constaté une réduction constante des pertes au cours des dernières années. Elles sont désormais minimes en termes de Jumbo : nous parlons de plusieurs millions. Je m’attends à ce que nous atteignions très bientôt le seuil de rentabilité et que nous fassions ensuite des bénéfices. »
L’année prochaine, Jumbo Belgium atteindra le seuil de rentabilité ?
« J’y compte bien ! »