Hypermarchés : les mastodontes font pâle figure face aux compacts
Sur leur website, les Mousquetaires (ou ITM), société mère d’Intermarché, décrivent l’Intermarché Hyper comme « un hypermarché à échelle humaine », avec une surface de vente moyenne de 4200m². Les hypermarchés de cette taille sont souvent qualifiés d’ « hypermarchés compacts », qui comparé aux mastodontes de plus de 7000m² requièrent moins de capital au niveau de la construction et de l’exploitation.
Chez Carrefour et Auchan ces hypermarchés de grande taille sont assez nombreux et souffrent – surtout dans le secteur non-food – d’une sérieuse concurrence des ‘categroy killers’ tels IKEA, ainsi que des retailers online en pleine expansion. Selon Nielsen Scantrack, ces grands formats ont augmenté leur chiffre d’affaires de 2,2% en 2011, performance toutefois nettement inférieure à celle des hypermarchés compacts, qui ont vu leur chiffre d’affaires progresser de 7,1% en 2011.
Tenir les chiffres à l’œil
«L’hypermarché est le format qui a le mieux progressé l’an dernier au sein de notre enseigne », affirme Philippe Manzoni, président d’ITM Alimentaire (Intermarché) dans le Figaro. « Nous allons faire croître la part de ce format dans notre chiffre d’affaires, de 16% aujourd’hui (82 hypermarchés) à 25% voire 30% en 2015, lorsque nous devrions avoir 150 magasins de grande taille. »
« Chez les Mousquetaires il faut bien tenir les chiffres à l’œil », réagit Florent Vacheret, rédacteur en chef du magazine français Linéaires. « Ils annoncent souvent des objectifs qu’ils espèrent réaliser, mais qu’ils ne parviennent pas toujours à atteindre. C’est plus une manière de motiver les adhérents ».
Objectif de croissance ambitieux pour ITM et Système U
Malgré tout Vacheret estime que l’objectif de Manzoni de 150 Hypers Intermarché est réaliste « C’est un nombre crédible, car l’opération Intermarché comporte de nombreux grands magasins qui par une petite extension de surface peuvent facilement être convertis en Intermarché Hyper. C’est le cas également pour les supermarchés (Super U) et les Hypermarchés (Hyper U) de Système U ».
Système U, qui tout comme les Mousquetaires est une coopérative, déborde d’optimisme grâce à une croissance de son chiffre d’affaires de 5,6% en 2011, les 62 Hyper U ayant réalisé une progression du chiffre d’affaires de 7%. L’enseigne Système U a elle aussi d’ambitieux projets d’expansion : l’ouverture cette année de 106 nouveaux magasins et atteindre d’ici 5 ans une part de marché d’au moins 12% (contre 9,7% en 2011).
Autonome et entreprenant ou central et autoritaire
Les performances du leader français Carrefour contrastent très nettement avec les ambitions des deux coopératives françaises. L’enseigne Leclerc – actuel numéro trois après Carrefour et Casino – elle aussi affiche de bons résultats et doit son succès aux magasins de taille intermédiaire de 4000 à 7000 m², que la plupart des adhérents du groupement exploitent.
« Le grand avantage de ces groupements coopératifs réside dans le fait que les managers sont relativement autonomes et entreprenants » explique Bryan Roberts, research director de Kantar Retail. « Il s’agit d’une structure totalement différente de la structure centralisée et autoritaire de Carrefour. En fait Carrefour a trois grands points faibles : une mauvaise image au niveau des prix, un mauvais chiffre d’affaires dans le non-food et un manque de disponibilité des produits, dont nombreux sont en rupture de stock. »
Tant ITM que Système U mettront beaucoup d’ énergie dans le déploiement de leurs hypermarchés compacts. Outre la transformation des grands supermarchés, leurs récentes acquisitions contribueront à la réalisation de leurs objectifs. ITM a repris Altis, qui exploite notamment six hypermarchés dans le sud-ouest de la France. Système U depuis le premier janvier coopère avec Coop Atlantique, qui exploite entre autres 7 hypermarchés. Détail intéressant : tant Altis que Coop Atlantique collaboraient auparavant avec … Carrefour.
Traduit par Marie-Noëlle Masure