Les entreprises alimentaires voient leurs coûts monter en flèche, mais ne peuvent répercuter ces augmentations sur leurs prix de vente, car elles sont souvent pieds et mains par des contrats annuels. Elles appellent donc les chaînes de supermarché à faire preuve de flexibilité.
Une augmentation sans précédent
Selon les chiffres publiés la semaine dernière par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, les prix d’ingrédients comme les céréales, les produits laitiers, la viande et le sucre ont augmenté de quelque 39,7 % sur une base annuelle. Cette hausse sans précédent s’explique par une combinaison de mauvaises récoltes et d’une forte augmentation de la demande sur le marché mondial à présent que l’économie sort de la crise sanitaire. Les coûts de conditionnement, de transport et d’énergie sont également en hausse. L’industrie alimentaire se retrouve ainsi dans une position très inconfortable : les producteurs ne peuvent pas répercuter ces hausses sur les prix de vente, principalement parce qu’ils sont liés par des contrats annuels avec les supermarchés.
Le producteur de crêpes Beauvoords Bakhuis, par exemple, est confronté à une nette hausse des prix de ses matières premières comme le sucre, le beurre, la vanille et l’emballage. La farine va même augmenter de 25 % à partir de septembre. Dans le même temps, les retailers ont cependant exigé une baisse des prix lors des négociations de l’année dernière, a expliqué la directrice Karen Pauwelyn à Kanaal Z. « C’était presque impossible, notamment parce que la pandémie avait provoqué une hausse des coûts.. Mais nous avons fini par accepter cette baisse de prix en janvier, faute de quoi nous n’aurions plus eu de client. »
Circonstances exceptionnelles
La moitié des entreprises alimentaires indiquent que leur rentabilité est moins bonne aujourd’hui qu’il y a six mois et qu’elle continuera de baisser au cours des six prochains mois, selon une enquête de la Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge. C’est inquiétant, d’autant que la marge sur les ventes est en baisse depuis de nombreuses années. La fédération souligne que les supermarchés ont été remarquablement moins touchés par les augmentations de prix. Cependant, ils semblent pour l’instant être moins disposés à tenir compte de l’augmentation des coûts pour nos entreprises : la moitié d’entre elles ne seraient pas du tout en mesure de répercuter cette augmentation des coûts de production sur leurs prix de vente.
« Dans la situation actuelle, nos entreprises préféreraient bien sûr ne pas facturer des prix plus élevés à l’horeca, mais cela pourrait devenir inévitable. Dans ces circonstances exceptionnelles, nous demandons donc à nos partenaires de la chaîne, et en particulier aux supermarchés, l’attention et la flexibilité nécessaires », déclare Bart Buysse, CEO de Fevia. « En tant que secteur essentiel, nous continuons à aller de l’avant et à investir en vue d’une relance future. Il s’agit maintenant de payer un prix correct pour nos produits alimentaires et nos boissons, afin que chacun puisse gagner sa vie de manière équitable. Nous demandons également au gouvernement de ne pas laisser tomber nos entrepreneurs et de ne pas supprimer les mesures de soutien trop tôt. »