Le coronavirus a porté un coup dur au secteur de la restauration et une reprise rapide est peu probable : les consommateurs sont hésitants. Le secteur devra travailler dur pour regagner leur confiance.
Enormes défis
Les consommateurs ont-ils l’intention de retourner au restaurant après la corona ? Vont-ils à nouveau se rendre dans les restaurants d’entreprise ? Préfèrent-ils les plats à emporter, commanderont-ils plus souvent des plats en ligne ? Ce sont là quelques-unes des nombreuses questions que Food in Mind et iVox ont posées à un millier de Belges afin d’avoir un aperçu clair des implications possibles de la crise du coronavirus sur l’industrie de la restauration. Une chose est sûre : le secteur est confronté à d’énormes défis et la deuxième vague que nous connaissons actuellement n’arrange rien.
Lisez plutôt : un Belge sur deux pense que le monde post-coronavirus ne sera plus jamais comme avant, malgré les mesures de précaution imposées par le gouvernement. Une grande majorité souhaite que la sécurité devienne la norme, avec des serveurs portants des masques et le maintien de la distance de sécurité. La fréquentation des restaurants va diminuer par rapport à celle d’avant la crise, et les clients s’y rendront initialement en famille ou avec des amis proches. Les entrepreneurs du secteur horeca devront rétablir un climat de confiance grâce à une communication transparente sur les mesures de sécurité mises en place, déclare Eddy Bovijn, de Food in Mind.
La nouvelle normalité
Lorsqu’on leur demande s’ils retourneront au restaurant après la crise du coronavirus, les consommateurs sont très hésitants : un grand nombre de répondants ne le savent pas encore. Deux tendances se distinguent : d’une part, l’envie assez forte de retourner dans une brasserie ou un restaurant gastronomique et, d’autre part, plus de réticence à l’égard des restaurants familiaux, des snacks, des restaurants d’entreprise ou des établissements d’alimentation « sur le pouce ». « L’expérience l’emporte sur le fonctionnel », pense Bovijn. En général, le restaurant obtient de meilleurs résultats que les bars, les cinémas ou les parcs d’attractions, bien que la volonté d’y consommer quelque chose soit tangible. Pourtant, la volonté de retourner au restaurant diminue : fin juillet, le nombre de réponses positives était largement plus faible qu’en avril.
Il ressort de l’enquête que les femmes et les néerlandophones sont plus méfiants. Les consommateurs sortent moins souvent manger au restaurant pour des raisons de sécurité, pour des raisons financières et parce qu’ils ont constaté pendant le confinement qu’ils en ont moins besoin. Sommes-nous donc à l’aube d’une « nouvelle normalité » ? Les répondants indiquent qu’ils se retrouvent plus souvent avec leur famille et leurs amis, et qu’ils se rendent moins souvent sur des festivals, des événements sportifs ou des marchés.
Les consommateurs sont divisés
Il existe cependant une certaine polarisation parmi les consommateurs : 40% ont déclaré qu’ils fréquenteraient à nouveau les bars et restaurants immédiatement après la crise, alors qu’un taux équivalent de répondants préfèrent attendre. Il y a également des divergences au sujet des mesures imposées par le gouvernement : en avril, 34% estimaient que les mesures de sécurité étaient trop strictes, contre 23% qui estimaient qu’elles ne l’étaient pas encore assez. Fin juillet, au début de la deuxième vague dans la province d’Anvers, 51% estimaient que les mesures pourraient être plus strictes.
57% sont d’avis que fréquenter les restaurants présente peu de risques, à condition que les mesures soient respectées ; un tiers ne sont pas du tout d’accord. La moitié des personnes interrogées sont d’accord avec la déclaration « Je suis convaincu(e) que, après la crise du coronavirus, je n’irai plus jamais dans un restaurant ou un bar de la même manière. » Dans tous les cas, les Belges prévoient de garder plus de distance dans les bars ou les restaurants (71 %), et se sentent également moins en sécurité (49 %). Ils veulent savoir exactement quelles sont les mesures prises par le restaurant : 75% estiment que les restaurants devraient indiquer clairement sur leur site internet quels seront les contrôles effectués pour éviter autant que possible la contamination par le coronavirus.
L’expérience avant le confort
Fait notoire : alors que plus de la moitié des personnes de plus de 55 ans pensent que la crise du coronavirus aura un effet à long terme sur la façon dont nous fréquentons les bars ou les restaurants, les jeunes sont beaucoup moins inquiets : plus de 62% pensent qu’elle redeviendra normale. Pas moins de 80% des personnes interrogées s’attendent à une hausse des prix dans l’horeca. Une grande majorité le comprend : seuls 36% pensent que ce n’est « vraiment pas bien ». En outre, 80% des répondants pensent qu’il est normal que les serveurs portent un masque buccal pendant le service.
Plus de 50% des consommateurs prévoient d’aller dans un bar ou un restaurant uniquement avec propre famille ou leurs amis. Aller au restaurant est assurément une autre expérience que les alternatives, comme aller chercher ou se faire livrer des repas, ou s’offrir les services d’un chef à domicile. « Une fois de plus, on constate que l’expérience est toujours plus importante que le confort pour les consommateurs », voit Bovijn. « Manger au restaurant ou aller chercher le même repas et le manger chez soi, c’est totalement différent. »
Dans quelle mesure ces changements de comportement sont-ils durables ? C’est ce à quoi tentera de répondre Food in Mind et iVox : « Nous reposerons les mêmes questions dans quelque temps. » Chez RetailDetail, nous continuerons également à suivre ces évolutions.
Cette enquête menée auprès d’un millier de compatriotes a d’abord eu lieu les 15 et 16 avril, puis à nouveau (avec les mêmes questions) les 8 et 9 juin et les 26 et 27 juillet. Pour plus d’informations sur l’enquête coronavirus : Eddy Bovine, eb@foodinmind.com et www.foodinmind.com
La semaine prochaine : repas à emporter après le coronavirus, une niche enflée ?