Un saucisson ne vaut pas l’autre, le cake devient un produit de luxe et la vengeance est un plat servi froid par les fabricants de marques pour piéger les retailers. Petit échantillon des infos croustillantes du résumé hebdomadaire de RetailDetail Food!
Un saucisson navrant
Si même un journal aussi sérieux que De Tijd consacre une interview d’une page entière à Willy Naessens (aucun lien de parenté avec Pascale, paraît-il), c’est qu’il y a de bonnes raisons. Car les rares fois où le flamboyant entrepreneur en bâtiment ultra-médiatisé n’apparaît pas à la télé, il intervient dans l’une des chroniques du journal Het Laatste Nieuws, dans le magazine Dag Allemaal ou – occasionnellement – dans la revue De Bouwkroniek, mais pas dans les rubriques de RetailDetail car l’homme n’est pas spécialisé dans la construction de magasins.
Pourtant sur un coup de tête il a racheté une entreprise alimentaire, voire même plus d’une. C’est d’ailleurs à ce sujet – entre autres – que l’homme d’affaires se plaint dans le journal : les marges sur les saucissons et les repas cuisinés étant décevantes, il envisage même de se séparer de sa branche alimentaire. Voilà une opportunité à saisir, chers lecteurs : faites une offre raisonnable et le conglomérat Willy Naessens Food Production (qui comprend Frank Delmote, Quality Salami et Blancke Production) est à vous. Alléchant, non ? A moins qu’il y ait un os ?
Car il faut bien le dire, la consommation de viande pour l’instant n’a pas la cote. D’autre part il n’est pas impossible que nous devions chercher une autre raison à cette offensive financière médiatique dans la sphère communautaire. En effet, depuis la semaine dernière le saucisson d’Ardenne s’est vu accorder ‘une indication géographique protégée’ par l’Union européenne. Dès lors le saucisson d’Ardenne sera produit uniquement en Ardenne. Et les Ardennes flamandes n’en font pas partie, que les choses soient claires. Bref, les saucisses délicatement fumées et séchées de Willy Naessens s’appelleront désormais saucissons tout court, sans l’adjectif ‘ardennais’. Pas de chance !
Trois fois par semaine
Ambiance maussade également au supermarché. Le prix du beurre bat tous les records, suite au déséquilibre entre la demande qui augmente et l’offre qui baisse. Un principe de base qui nous rappelle nos lointains cours d’économie. En France, où ils misent avant tout sur les produits d’origine française, il y a même pénurie. Le trafic clandestin de beurre pourrait bien devenir un business lucratif. Flambée des prix également pour les œufs, suite à la crise du fipronil. Ces prix élevés font grimper les coûts de production, qui à leur tour pèsent sur le rendement de bon nombre d’entreprises du secteur alimentaire, déplore la Fevia, qui dès lors appelle les retailers à tenir compte de ces circonstances difficiles (comprenez : à ne pas refuser carrément les hausses de prix comme ils le font généralement). Bientôt le cake deviendra un produit de luxe impayable.
Mais ceci ne concerne pas les végans. A moins qu’ils achètent des produits préemballés, qui souvent contiennent moins que le poids affiché sur l’emballage. Dans un cas sur cinq les consommateurs n’en ont pas pour leur argent, paraît-il. Les fabricants seraient-ils des escrocs ? Dans ce contexte, quoi de plus normal que les consommateurs se rendent moins souvent au supermarché. Quoique, trois fois par semaine, c’est une bonne moyenne, supérieure à la moyenne hebdomadaire des relations sexuelles, me semble-t-il. Enfin, du moins c’est ce que j’ai entendu dire, car le panel de consommateurs de GfK ne s’est pas prononcé sur ce dernier point.
Mais les consommateurs qui ne vont pas (ou moins) au supermarché, se rabattent-ils sur ces fameuses box repas ? Visiblement non. Selon une étude, 80% des Flamands ne sont pas intéressés par ce concept. Pourtant le kit-repas est le remède idéal contre le manque de temps, l’embarras du choix et le manque d’inspiration. A terme, le marché finira par croître, mais tout doucement. Cette perspective n’a pourtant pas affecté l’entrée en bourse de HelloFresh, qui a levé environ 300 millions d’euros. Pas mal pour une entreprise qui a accumulé davantage de pertes qu’Anderlecht dans la Ligue des Champions.
L’innocence assassinée
Parmi ses fervents lecteurs, Filet Pur ne compte pas uniquement des professionnels du secteur FMCG, mais également des collègues de la presse publique, toujours à la recherche d’une histoire croustillante ou d’un scoop savoureux, pour la plus grande joie du citoyen crédule. Ainsi un journaliste du quotidien Het Nieuwsblad s’est penché sur le ketchup Heinz scandinave, que j’avais découvert chez Colruyt la semaine dernière. Toutefois le reporter ne s’est pas donné la peine d’aller vérifier sur place, où il aurait constaté qu’il ne s’agissait pas d’emballages finlandais, mais d’étiquettes quadrilingues en suédois-danois-norvégien-finlandais (dont j’ai cité uniquement les ingrédients en finlandais, qui m’a paru la langue la plus drôle).
Le journaliste en question a reçu une réponse assez hilarante de la part du directeur d’achat Christophe Dehandschutter, qui a joué les innocents et a prétendu qu’il s’agissait « probablement » d’une livraison de traders. Probablement ? Comme s’il ne savait pas parfaitement ce qu’il se passe dans son propre département. Bien essayé ! En tout cas, les résultats de Kraft Heinz n’en ont pas souffert, car le chiffre d’affaires européen est en hausse.
Des aliments flottants
Mais que Colruyt se méfie de ses traders. Les fabricants de marques préparent leur vengeance et comme disait mon vieil ami Don Vito Corleone : « La vengeance est un plat qui se mange froid ». De grands noms, tels que Mars, Unilever et Reckitt Benckiser se sont affiliés à une nouvelle plate-forme digitale britannique qui leur permet de vendre en direct au consommateur. Voilà. Plus besoin de supermarchés. Fini les dialogues de sourds avec des responsables d’achat irritants. Et de plus les produits seront jusqu’à 30% meilleur marché pour les consommateurs, grâce à la fameuse technologie blockchain.
Comme à l’accoutumée, à l’approche de la Saint-Nicolas et des fêtes de fin d’année, les trenchwatchers s’activent. Divers experts autoproclamés consultent leur boule de cristal afin de prédire les tendances alimentaires de 2018. Les analystes de Mintel prévoient, entre autres, que dans un avenir proche notre alimentation se présentera sous différentes textures surprenantes. Quelle coïncidence, car justement notre attention a été attirée par une vidéo intrigante montrant comment des scientifiques parviennent à faire flotter des particules alimentaires sur des ondes acoustiques jusqu’à la langue du dégustateur, afin de créer une expériences culinaire totalement nouvelle. Sérieusement ! Bientôt dans un magasin de votre quartier ? A la semaine prochaine !
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