Faire croire aux gens que vous êtes honnête, c’est le succès assuré. Une pratique à laquelle se plie bien entendu volontiers Filet Pur, votre super diffuseur éhonté de fausses nouvelles du commerce de détail alimentaire.
Honte honnête
Mercredi, la Semaine du commerce équitable a débuté, avec une conséquence prévisible : la boîte mail de la rédaction a tout bonnement été inondée d’un tsunami de communiqués de presse publicitaires, de récits touchants de pays lointains et arides, de petites enquêtes sur la sensibilisation des consommateurs et de supplications non déguisées d’attention, beaucoup d’attention. Et puisque nous n’avons pas un cœur de pierre, nous les avons lus attentivement. Et parfois publiés, par honte honnête.
Conclusions ? L’image prix des produits issus du commerce équitable joue en leur défaveur, pense Fairtrade Belgium. Si les consommateurs avaient une meilleure connaissance des différences de prix presque négligeables, ils achèteraient davantage de produits équitables. Drôle de constat : jusqu’à nouvel ordre, les supermarchés affichent assez clairement les prix de vente dans les rayons et, de plus, ces alternatives équitables se trouvent généralement à côté de leurs concurrents plus sournois, n’est-ce pas ? Et les produits équitables réclament également une meilleure visibilité dans les rayons. D’accord, mais ça a un prix…
L’artillerie lourde
Afin de remédier à cette perception des prix handicapante, chez Oxfam-Magasins du Monde, ils n’hésitent pas à ressortir l’artillerie lourde : 2 +1 gratuit s’il vous plaît, et pour les tablettes de chocolat les plus équitables actuellement disponibles sur le marché. Nom d’une pipe, ils s’en prennent tout bonnement à Albert Heijn. Où s’arrêteront-ils ? À un revenu décent pour les cultivateurs de cacao, espèrent-ils. Pour cela, il suffit que les détaillants et les fabricants fassent un petit effort. Eh bien, qu’est-ce qu’ils attendent ?
Selon le Trade for Development Centre (ne vous inquiétez pas, nous n’en avions jamais entendu parler), il existe un grand potentiel pour les produits issus du commerce équitable local. Tout ne doit pas toujours venir de l’hémisphère sud. À condition toutefois de mettre un terme à la prolifération de labels et d’étiquettes pas toujours équitables, car à cause des arbres certifiés FSC, les consommateurs ne voient plus la forêt durable.
Organiser de petites fêtes
Mais c’est peine perdue. Prenez-en note : la durabilité ne se vend pas. Et ce n’est pas nous qui le disons, mais nul autre que Lidl. Ça a fait la une de la semaine sur RetailDetail.be, et c’est la pure vérité : le smart discounter parle d’expérience. Les consommateurs ne se préoccupent pas du bio, du local ou de l’équitable, ce qu’ils veulent, c’est à nouveau organiser de petites fêtes et partir en voyage. En magasin, ils slaloment en pilote automatique dans les rayons, s’énervant sur cet agaçant masque buccal qui ne tient pas en place et leurs lunettes une nouvelle fois embuées. Essayez donc de repérer une étiquette verte : c’est impossible.
La solution du détaillant, tout aussi simple qu’ingénieuse, s’appelle l’« encouragement » : ceux qui souhaitent en connaître les modalités doivent participer au seul et unique RetailDetail Food Congress la semaine prochaine, virtuellement ou non. Ça en vaut la peine, croyez-nous sur parole : satisfait ou remboursé. L’entrepreneur né Jan Peeters, du groupe Peeters-Govers, y dévoilera également une grande nouvelle : il produit de nouveaux concepts alimentaires uniques. J’ignore si ces concepts seront également équitables. Vous voulez en savoir plus ? C’est par ici.
Demi-poulet avec des frites
Aujourd’hui, les supermarchés ont leur propre définition du commerce équitable : un commerce qui génère des marges équitables. C’est pourquoi ils maintiennent à l’unanimité des prix artificiellement élevés depuis déjà sept mois, au grand mécontentement de l’association de consommateurs Test Achats, qui ne perd aucune occasion de voler dans les plumes de Colruyt. Est-ce la faute du discounter si les collègues proposent moins de promotions ? Ou s’ils inventent des mécanismes de promotion intelligents avec lesquels aucun prix rouge ne peut rivaliser ?
Un demi-poulet avec des frites pour onze euros, dessert et boissons compris : serait-ce là un exemple de commerce équitable ? En tout cas, la marge réalisée ne suffit pas à payer tous les salaires, semble-t-il, puisque plus d’un emploi sur dix est menacé au Lunch Garden. Les mauvaises langues rapportent que la chaîne de restaurants abuse de la crise du coronavirus, l’utilisant comme prétexte pour faire passer chez les syndicats la pilule d’une restructuration difficile à avaler. D’autres affirment qu’ils ont besoin d’argent pour payer l’indemnité de licenciement de l’ancienne PDG, Annick Van Overstraeten, qui réclame également une importante compensation pour préjudice moral. Une partie du secteur de l’horeca souffre, comme le montrent les chiffres dramatiques d’Exki, une chaîne qui mise largement sur les pauses déjeuner et les navetteurs de passage. Mais ceux-ci restent chez eux et mangent des sandwiches.
Trois fois rien
Quant à l’équité et la durabilité des livraisons des courses à domicile, les avis divergent encore. Jef Colruyt a longtemps été un non-believer avéré, mais regardez : il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et Jef n’en est pas un. Il voit donc la part des livraisons grimper à 15 % et annonce des projets d’expansion à Anvers, Gand, Namur et Liège. Et hors de question pour Carrefour de rester à la traîne : Shipto, ce service de livraison tendance en vélo cargo électrique, se lance également à la conquête de Liège. Le service aurait déjà traité 60 000 commandes. Certes, en plus de deux ans : trois fois rien, mais les clients sont extrêmement satisfaits. C’est beau. Mais ce Net Promoter Score ne paiera pas les factures.
Rarement livrées à domicile : les bières ambrées, ou « Spéciale Belge ». Populaires au siècle dernier, mais aujourd’hui les amateurs de bière préfèrent les blondes fortes aux brunes légères. Nous n’en tirerons pas d’autres conclusions, contrairement à AB Inbev et Alken-Maes : ils retirent respectivement du marché la Ginder Ale et l’Op-Ale. Simultanément, comme d’un commun accord. Où est le gendarme de la concurrence ? Chez RetailDetail, nous ne sommes pas inquiets : la survie de la Bolleke anversoise n’est absolument pas menacée. Et vous connaissez les Anversois : ils ne sont pas modestes, mais ils sont honnêtes. Dans le fond, s’ils étaient modestes, ils ne seraient pas honnêtes. Réfléchissez-y tranquillement une bière à la main, et commandez-en une autre pour la route. À la semaine prochaine !
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