Au menu aujourd’hui : des camionnettes sans chauffeurs, des magasins sans caisses, des supermarchés sans conscience, une offre de rachat sans argent et un Filet Pur sans offres Black Friday. Une exclusivité !
Démarrage
Si nous rédigeons cette colonne l’esprit quelque peu embrumé et le visage pâle après l’extraordinaire RetailDetail Night qui a eu lieu hier à guichets fermés ? C’est possible. Mais quand le devoir l’appelle, Filet Pur répond. Et lorsque le secteur de la distribution alimentaire chavire, la technologie se précipite à son secours. Les coûts de personnel sont intenables, quand bien même vous trouveriez quelqu’un qui accepte de tenir la caisse du supermarché ? Pas de panique… Il suffit de retirer la caisse, non ? Ce n’est nul autre que le groupe Aldi qui prouve que cette stratégie fonctionne : le magasin sans caisses test d’Utrecht ne commet presque aucune erreur de calcul, le discounter est donc prêt pour la phase suivante.
Plus personne n’a envie de prendre le volant d’un camion pour passer des heures dans les embouteillages, même si ce véhicule fonctionne à l’hydrogène ou à l’électricité ? Pas d’inquiétude, investissez dans des camions sans volant. Voilà : simplicity in retail. Car oui, il faut le reconnaître… Il nous a bien eus, Jef. Cela fait des années qu’il prétend que la livraison à domicile ne l’intéresse pas du tout, laissant gracieusement la place à ses concurrents, pour ensuite faire une accélération surprise à la Remco Evenepoel et se lancer là où personne ne l’attendait. En effet : c’est bien Colruyt, et non Amazon ou ce satané Albert Heijn, qui lance le premier camion de livraison sans conducteur du pays. Ce véhicule se déplace à peine à 25 kilomètres par heure, mais quand les concurrents sont à l’arrêt, cette avance devient vite irrattrapable.
Réprimande
Alors, qu’est-ce qui a finalement convaincu le PDG ? Le groupe de Halle a désormais compris qu’il doit au moins inscrire le mot « durable » en grand sur son dossier d’innovation. Souligné avec un marqueur fluo écologique de préférence. C’est plutôt bien. Sauf que : dans ce domaine, Colruyt n’atteint que la moyenne. Sans blague. Delhaize et Lidl font mieux pour l’environnement. Ce n’est pas nous qui l’affirmons mais une enquête du groupe de réflexion Questionmark commanditée par Rikolto, Test Achats, le Bond Beter Leefmilieu et plusieurs groupes de pression pour la durabilité. Allez comprendre.
On comprend mieux en se penchant sur les résultats : il faut choisir ses batailles. Delhaize défend la transition protéique et la lutte contre le gaspillage alimentaire, Lidl et Carrefour misent sur l’agriculture durable. Colruyt veut tout faire en même temps, et ne brille donc nulle part. C’est un peu comme avec la guerre des prix : la perception est la réalité, ce ne sont pas les Hollandais qui diront le contraire. À propos, cette Superliste de l’environnement réprimande toutes les chaînes de supermarchés : elles peuvent et doivent faire beaucoup mieux. C’est noté ? Plus est en vous !
Sanglant
La semaine dernière, un acteur est apparu tristement et indéniablement à la traîne dans cette fameuse transition végétale : Renmans. Les consommateurs mangent moins de viande, et cela pèse sur le chiffre d’affaires de la chaîne de boucheries réputée. De plus, l’entreprise peine à trouver des bouchers prêts à se retrousser leurs manches ensanglantées. Et ce n’est pas tout.
En effet, Aldi, son fidèle partenaire depuis des décennies, préfère aujourd’hui vendre des chipolatas et côtelettes en libre-service. Pré-emballées dans du plastique. Ça reste de la viande Renmans, mais quand même. Parallèlement, le discounter convoite les mètres carrés de ces boucheries pour agrandir et embellir ses supermarchés. 31 établissements ont fermé ces cinq dernières années. Les syndicats craignent qu’une centaine d’autres sites subissent le même sort. Il ne s’agit peut-être que d’informations fallacieuses, mais on ne sait jamais. La société dément avec véhémence ces insinuations.
L’effervescence de Noël
Et qu’en est-il chez Makro ? Ça ne pourrait pas aller mieux. Un afflux dans les magasins sans précédent depuis Noël de l’année dernière. Bon, c’est cynique, mais au moins la liquidation paie les salaires des employés dans la tourmente. Mais les caisses enregistreuses qui font encore des leurs juste maintenant, c’est vraiment jouer de malchance. L’activité a été tout aussi intense chez Metro, mais en coulisses : le PDG Vincent Nolf, dont l’offre est éclipsée par les millions que Sligro met sur la table, ne renonce pas si facilement et milite frénétiquement pour défendre son plan de sauvetage. On reconnaît bien là le patron engagé, mais le tribunal lui prêtera-il l’oreille ?
Nous savons maintenant exactement qui offre quoi pour les vestiges de Makro Cash & Carry Belgique. Nous le devons à un phénomène météorologique particulier qui se produit presque exclusivement dans les salles de presse : le « vent favorable ». C’est également cette brise qui a fait atterrir dans la boîte aux lettres éditoriale de RetailDetail le dossier complet que les mandataires judiciaires ont remis au tribunal de l’entreprise. Ce n’est certainement pas un hasard.
Et donc, le monde entier sait maintenant que Nolf a à peine 100.000 euros à proposer pour sa grande opération de sauvetage et que Sligro et Van Zon se sont déjà mis d’accord sur le magasin d’Evergem, par exemple. Retrouvez les détails les plus savoureux en avant-première chez RetailDetail pour l’instant (en d’autres termes : les autres médias nous copient, sans toujours citer leur source, bien sûr). Toujours à votre service ! À la semaine prochaine !