Des cœurs rouges, des bulles, des chocolats et des roses sans épines, nous aurions aimé vous les offrir, mais la dure réalité en a décidé autrement. La semaine alimentaire a viré au rouge, oui oui, mais de chagrin, de colère et d’envie. Lisez et frissonnez !
Le romantisme a sa place
Il a pourtant beaucoup été question de romantisme ces derniers jours. Par exemple, une histoire d’amour émouvante est en train de voir le jour entre le consommateur américain et les spéculoos Lotus. La passion est tellement forte qu’il devient urgent de construire une usine sur la côte est. Beau, non ? Comme la romance entre Hema et Albert Heijn. Les deux comptent ouvrir des magasins communs qui vendront non seulement des boîtes à tartines Jip & Janneke, mais également les tartines et la garniture. Parce que le consommateur a de moins en moins de temps, selon l’explication officielle. Peut-être aussi parce qu’en s’associant, ils espèrent freiner le déclin de leurs propres parts de marché.
Nous nous référons également à l’excellente initiative ‘Jonge boer over de vloer’ (jeune agriculteur en magasin, ndlr) qui permet à AH de courtiser de jeunes agriculteurs au lieu de les presser comme des citrons sans pitié. Nous rappelons que la relation durable entre Nestlé et Starbucks a déjà vu naître leurs premiers enfants qui seront bientôt disponibles dans les rayons belges. Nous scrutons avec intérêt le partage de poste chez Greenyard où deux PDG vont désormais affronter la crise et l’énorme dette ensemble, comme des frères d’armes avec le courage du désespoir. Ils n’ont pas le choix, ou il y a menace de vente. Et enfin, notre cœur n’a fait qu’un bond lorsque nous avons appris la bonne nouvelle : Mars et Colruyt se sont réconciliés en pleurant. Un véritable accord de la Saint-Valentin, tout est pardonné et oublié. La relation win-win, certes originaire d’une période difficile, se révèle être plus forte que jamais. Sniff.
La fin est proche
Mais alors. Cette grève nationale. Il y a un retailer qui a suivi le mot d’ordre avec une unanimité déterminée : toutes les filiales Makro sont restées fermées. Les employés protestent contre l’énorme charge de travail et la présence trop importante d’intérimaires incompétents en magasin. La moitié des employés sont malades et les autres équipes sont démotivées. La fin est proche, selon le syndicat rouge. Si l’on en croit les militants, ces piquets de grève étaient quelque peu superflus. Le retailer cash & carry éprouve de telles difficultés que la grève n’allait causer que de minimes pertes de chiffre d’affaires.
Le fait qu’ils n’aient pas rendu service à leur propre employeur en délivrant ce message alarmant ne semble pas être un problème pour ceux qui jouent les Cassandre. Était-ce intelligent ? Des discussions passionnées ont enflammé les réseaux sociaux, des discussions auxquelles ont participé certains managers en soulignant que le plan commercial commence réellement à porter ses fruits. Bon. Vous savez que RetailDetail s’est bâti une solide réputation dans le domaine des prévisions, et plus particulièrement en ce qui concerne l’avenir. Eh bien, cela fait déjà un certain temps que nous en avons également une à propos de Makro. Nous préférerions ne pas la voir se réaliser, pour être honnête, mais les bookmakers sont formels.
Un jugement détaché de ce monde
Retournons quelques jours dans le temps. La semaine venait à peine de commencer lorsqu’une querelle éclata : celle qui oppose Colruyt, adepte des prix, à Test-Achats, défenseur des intérêts des consommateurs. Le temps où ils étaient Best Friends Forever semble révolu depuis longtemps. Plus encore : l’un semble même avoir intenté un procès à l’autre. En vain. En effet, le 28 novembre déjà, un juge mal informé avait estimé que la plainte du discounter à l’encontre de l’enquête de prix n’était simplement pas fondée. Imaginez ! C’est clair que ce magistrat n’est pas un lecteur fidèle de RetailDetail. À l’époque, nous avions publié une analyse claire et univoque sur la célèbre enquête des supermarchés. Une analyse qui n’a apparemment pas réussi à s’insérer dans le dossier juridique. Une occasion manquée, et une fois de plus une illustration du fait que le pouvoir judiciaire est détaché de ce monde.
Mais pourquoi est-ce que cette nouvelle est parue dans la presse la semaine dernière seulement, alors que le verdict a été prononcé il y a plusieurs mois ? Une conséquence de la lenteur légendaire de notre appareil judiciaire ? Ou ce sont les médias qui sont endormis ? Se sont-ils réveillés après avoir reçu un tuyau d’un conspirateur, d’un parti qui a fait en sorte que la réputation du leader du marché soit à nouveau entachée, juste après la grande action promotionnelle de la semaine précédente ?
Des proportions colossales
Or, le juge ne s’est pas prononcé sur le fond de l’affaire, à savoir la valeur (la nullité) de cette fameuse étude de prix faite en ligne. Et c’est la raison pour laquelle nous ne savons toujours pas avec certitude qui est vraiment le moins cher en Belgique. Mais ne vous inquiétez pas : ce problème sera bientôt résolu. Jumbo Belgium est actuellement à la recherche d’un pricing analyst pour collecter, analyser et contrôler soigneusement tous les prix de tous les concurrents. Une étude sérieuse et approfondie des relations mutuelles sur le marché belge sera enfin disponible. Par la présente, nous lançons un appel chaleureux à Jumbo pour qu’elle publie les résultats de cette étude en temps utile. Cela permettra de mettre un terme une fois pour toutes à ces discussions désastreuses sur le pour et le contre des enquêteurs de prix. N’est-ce pas ?
Ce dont nous sommes certains, c’est que Colruyt propose les trajets en bus les moins chers si vous vous rendez dans le magasin de Halle : ils sont entièrement gratuits. Mais pour le reste ? Eh bien, nous avons déjà souvent écrit dans cette chronique que la guerre des prix a connu son temps de gloire. Comment pouvez-vous garantir quoi que ce soit dans un monde virtuel sans frontières ? Et comment une entreprise familiale flamande, bien que sympathique mais petite, pourrait-elle continuer à résister à des assaillants qui prennent progressivement des proportions colossales ? Effectivement.
Le sourire mystérieux
Or une chose incroyablement intrigante nous a frappé la semaine dernière à cet égard. Veuillez observer attentivement l’image ci-dessous. Je peux vous assurer qu’elle n’a pas été falsifiée. Il s’agit juste d’une capture d’écran très récente du site colruyt.fr (et rendons à César ce qui est à César, c’est le retailwatcher sans égal Olivier Dauvers qui a attiré notre attention dans un tweet).
Eh bien ? Ce mystérieux sourire ne vous est-il pas familier ? N’est-ce pas simplement le sourire breveté du plus grand magasin online du monde ? Et que diable fait-il ici ? Y a-t-il une bromance qui en train de naître entre Jef et Jeff ? Le Jef de Halle a-t-il peut-être vendu secrètement son affaire au Jeff de Seattle ? Ou est-ce une déclaration, un doigt d’honneur ? L’un a berné l’autre – enfin, ‘bezosé’ ? Avouez, c’est un mystère fascinant dont nous espérons vous donner de plus amples explications dans un prochain numéro. Ou pas, qui sait ? Suspense ! A la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour la newsletter gratuite de RetailDetail Food.