Une fois de plus les retailers et les marques semblent jeter l’argent par les fenêtres, ce dont profitent les consommateurs gâtés en toute indifférence. Ceci et bien plus dans votre résumé hebdomadaire par RetailDetail Food.
Une guerre promotionnelle
Non, les chiffres n’étaient pas vraiment réjouissants. La semaine dernière déjà le grand patron de Carrefour Belgique, François-Melchior de Polignac, expliquait dans une longue interview dans le journal l’Echo, que le marché était loin d’être saturé et que par conséquent la chaîne ne ralentirait pas sa politique d’expansion. Une déclaration qui contredit quasi toutes les études actuelles des experts en retail. Néanmoins il a avoué que les volumes étaient sous pression et en a profité pour prévenir les fabricants qu’ils n’avaient pas intérêt à annoncer des augmentations de prix lors des négociations. Mais c’est ce que répète tous les retailers tous les ans, n’est-ce pas ?
Ensuite Nielsen a publié des chiffres trimestriels peu encourageants, qui confirment les propos de Polignac : les volumes sont en baisse. En revanche en Belgique les prix ont augmenté de pas moins de 2,3%. Ici il n’est plus question de guerre des prix. Mais alors à quoi avons-nous à faire ? A une guerre promotionnelle.
De fait l’étude de Nielsen concernant l’impact des réductions de prix est inquiétante. Durant l’année écoulée la pression promotionnelle a augmenté de 3,5%, alors que les volumes vendus n’ont pas progressé. C’est donc de l’argent jeté par les fenêtres. Pas étonnant, car les retailers et les fabricants de marques ont mal éduqué les consommateurs. Les réductions sont devenues la norme, donc les clients n’achètent plus rien qui ne soit pas en promotion, c’est aussi simple que ça. C’est d’ailleurs ce que les ‘retailwatchters’ tentent d’expliquer au secteur depuis des années, mais en vain.
Le club des pommes
Cette semaine nous fêtions la semaine de la frite. Cela vous a peut-être échappé, car pour certains chaque semaine c’est la semaine de la frite. La bière aussi était à l’honneur cette semaine : l’Unesco a inscrit la culture de la bière en Belgique sur la liste du patrimoine culturel immatériel. Une belle reconnaissance pour les quelque 1500 bières que brasse notre petit pays et qui s’exportent de plus en plus vers l’étranger. Car nous les Belges en buvons de moins en moins.
Et notre consommation de sodas elle aussi diminuera probablement, après l’accord conclu par l’industrie alimentaire et les organisations faîtières de l’enseignement flamand. Les produits riches en sucre dans les distributeurs des écoles devront faire place à des alternatives saines, comme le lait, l’eau et les fruits. Bref, Back to the future : cela me rappelle mon enfance lorsque j’étais membre de la brigade du lait et du club des pommes. Certains indignés ont crié à l’ingérence, mais ils étaient peu nombreux. Les esprits sont enfin mûrs, paraît-il.
Plaisir sans culpabilité
Le Parlement européen est sur la même longueur d’onde. Sous le slogan « what about our kids? », une coalition d’organisations de santé y ont proposé une campagne visant notamment à limiter de manière draconienne les publicités pour les aliments malsains et l’alcool entre 6h du matin et 11h du soir. En résumé, les publicités ne seront autorisées qu’aux heures où personne n’est devant son poste …
En fait, l’industrie alimentaire fait trop bien son job : les produits sont trop bons, trop bon marché et trop omniprésents. Comment le commun des mortels pourrait-il y résister ? Et voilà le résultat.
Pourtant notre industrie alimentaire ne recule devant aucun effort : ainsi Fevia Flandre s’est engagée à réduire les émissions de CO2 de 245.000 tonnes d’ici 2030, notamment un limitant le gaspillage alimentaire et valorisant les produits résiduels. Et pour que nous enfants gâtés apprennent à aimer les petits choux de Bruxelles, ultra-sains, des ingénieurs agronomes ont développé une nouvelle variété de petits choux au goût plus sucré. Chez Nestlé ils vont encore plus loin : ils y ont découvert un procédé permettant de réduire de 40% la teneur en sucre du chocolat. Désormais vous culpabiliserez moins en mangeant une barre chocolatée. Cela mérite des applaudissements.
Projets d’expansion
La rumeur selon laquelle le néerlandais Sligro s’implanterait chez nous non seulement avec son département food-service, mais également avec ses supermarchés, à peu de chances de se confirmer. En effet Em-Té pèse sur les résultats du groupe et selon certains analystes le groupe ferait mieux de céder rapidement sa chaîne de supermarchés, pour en être débarrassé et pour recueillir des fonds pour la construction très attendue d’un point de vente à Anvers. Ou ce projet risque-t-il lui aussi de tomber à l’eau ?
Si Carrefour ne ralentit pas ses projets d’expansion, chez Colruyt ils passent à la vitesse supérieure. Cette semaine le retailer a rouvert son magasin totalement rénové de Gosselies et acheté un terrain à Leeuw-Saint-Pierre afin d’y construire un magasin plus grand. En outre le groupe participe à cette nouvelle tendance qui consiste à construire des logements sur le toit des supermarchés. Eh oui, Jef Colruyt est un vrai Belge, avec une brique dans le ventre.
Et comme si cela ne suffisait pas, Bio-Planet a ouvert son premier point de vente bruxellois. Une ouverture qui s’inscrit dans un ambitieux projet d’expansion, bien que l’enseigne bio ne soit toujours pas rentable. Mais la concurrence risque d’être rude à Bruxelles : le 3 décembre l’enseigne française Bio C’Bon y ouvre un deuxième point de vente , à Uccle. Et à Anvers Bio-Planet devra affronter BioStation, qui s’installe dans la Gare Centrale. Une véritable guerre biologique s’annonce !
Recoller les morceaux
Parlant de gare : Wink, le supermarché en ligne du groupe Louis Delhaize, a installé un point de retrait dans la gare très fréquentée d’Ottignies. Les voyageurs qui passent commandes avant 10h pourront retirer leur commandes en sortant du train entre 15h30 et 20h. Une affaire risquée, vu la ponctualité des trains en Belgique. Enfin ce n’est qu’un test.
Pour terminer une nouvelle qui nous vient de l’étranger. Il y a quelques semaines nous vous informions du conflit entre la chaîne de surgelés britannique Iceland et l’île du même nom, concernant l’utilisation illégale du nom Iceland. A présent le retailer a envoyé une véritable délégation dans le pays de Björk et Sigur Ros en vue de faire le paix et de négocier quelques propositions constructives. Mais il faut bien le dire, ce conflit, le retailer l’a un peu cherché en ouvrant trois magasins en Islande et en sponsorisant l’équipe de football islandaise lors du Championnat d’Europe. Alors pour recoller les morceaux, les Britanniques parlent de ‘dégeler les hostilités’ et de ‘nouer des relations chaleureuses’. Ça promet pour le réchauffement climatique. A la semaine prochaine !