Amazon et HelloFresh ont-ils tort ? Pourquoi Unilever investit-il dans les alternatives à la viande et en quoi l’image d’Albert Heijn en tant qu’employeur a-t-elle été ternie ? Le point sur ces questions et bien d’autres dans le résumé hebdomadaire de l’actualité FMCG par RetailDetail Food.
Un petit moment d’inattention
Même si chacun sait que l’alimentaire et l’e-commerce ne font pas bon ménage, les faits sont là : Amazon débarque officiellement sur le marché belge avec un assortiment food. Le service Amazon Pantry propose pas moins de 3.800 références d’aliments secs et de boissons de marques connues. Une offre qui pour l’instant s’adresse uniquement aux consommateurs francophones, puisque le webshop est dirigé depuis la France, où l’on considère le néerlandais comme une langue surprenante, mais néanmoins négligeable.
De plus, il semble qu’Amazon vise avant tout une clientèle aisée, car le service est tout sauf gratuit : il vous faudra d’abord être membre de Prime et ensuite payer la livraison ét la boîte. Eh oui, même la boîte. Pas bête ce Bezos.
Mais les clients néerlandophones ne sont pas complètement délaissés, car ils peuvent déjà se rendre sur le webshop allemand d’Amazon, qui dispose d’une version néerlandophone, mais pas encore pour le service Amazon Pantry. D’ailleurs comment se fait-il qu’il n’y ait pas encore de webshop belge d’Amazon ? Explication par RetailDetail : Jef Bezos et ses collègues, lors d’un petit moment d’inattention, ont tout simplement oublié d’enregistrer l’URL de ce minuscule pays qu’est la Belgique, où l’e-commerce de toute façon ne prendra jamais son envol.
Dès lors une société d’assurance anversoise en a profité pour s’emparer de l’adresse web très convoitée ‘amazon.be’. Mais cela ne durera pas, croyez-moi. Je doute fortement que les actionnaires puissent bientôt aller vivre de leurs rentes sur une île exotique.
Une guerre de thé glacé est-elle en vue ?
Autre preuve de cette incompatibilité entre le food et l’e-commerce : la récente initiative de HelloFresh, qui a lancé la mode des box repas. L’entreprise fête son 5ème anniversaire avec l’ouverture d’un pop-up store à Londres. Oui, vous avez bien compris : un magasin physique, dans une gare qui plus est. Un coup marketing, mais également un test afin de déterminer si ce type de boutique a du potentiel. Rassurez-vous chez HelloFresh : depuis quelques centaines d’années les magasins physiques semblent être un modèle d’entreprise viable.
Votre marque manquerait-elle aux consommateurs, si un jour elle venait à disparaître ? Une question intéressante pour tout marketeur. Elle nous est venue lorsque nous avons appris que Nestlé et Coca-Cola mettaient un terme à leur coentreprise dans Nestea, qui du reste nous a toujours semblé être une opportunité de business, plutôt qu’une marque avec une réelle mission. Bref, la fin d’un mariage de raison dénué de toute passion. Qui regretterait Nestea ? Certes, un bon produit, mais un projet sans âme, une bouteille sans message.
Mais soyons clairs, Nestea ne disparaîtra pas pour autant. La marque passe aux mains de Nestlé Waters, qui annonce un rebranding complet, avec une nouvelle recette plus saine. De leur côté les marketeurs de Coca-Cola pensent, eux aussi, être capables de lancer un tel ice-tea. Qui sommes-nous pour en douter ?
Dès lors doit-on s’attendre à une guerre de thé glacé ? D’autant plus que Lipton Ice Tea annonce par communiqué de presse le lancement d’une nouvelle recette, plus rafraîchissante et pauvre en calories. A goûter au plus vite. Malheureusement Unilever ne nous a pas fait parvenir d’échantillon.
Parlant d’Unilever : tout comme Colruyt, l’entreprise investit dans le développement d’alternatives à la viande. Une nouvelle technologie permettra d’améliorer considérablement le goût et la structure, promettent-ils. Et les substituts se vendront tout simplement dans les boucheries. Le végétal, c’est l’avenir, au grand mécontentement du Boerenbond (Ligue des agriculteurs). Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à l’avoir compris. Et finalement les horticulteurs sont aussi des agriculteurs, pas vrai ?
Plaintes et jérémiades
Quelques révélations choquantes ont terni le blason de d’Albert Heijn. Mardi dernier les employés des magasins flamands que doit céder le retailer, se sont plaints de leur employeur dans le magazine Humo : « La direction ne se préoccupe plus de nous ». Les employés se sentent délaissés et désabusés.
Le personnel est majoritairement intérimaire, les rayons ne sont plus réapprovisionnés comme il faut, bref c’est le chaos. Précisons tout de même que Humo n’a interviewé que deux employés et que l’article a été ‘co-écrit’ avec les syndicats. Mais quoi qu’il en soit, cette situation absurde ne peut durer plus longtemps.
Et voilà que maintenant Ahold Delhaize vient de se faire éjecter du Bel 20. La raison ? « Pas assez belge ». Le monde de la finance, lui aussi, a bien compris que désormais c’est Zaandam qui fait la loi et non plus Molenbeek. Mais pour l’instant pas de quoi gâcher l’ambiance festive qui règne au siège principal de Delhaize. La semaine prochaine le retailer annoncera son programme de jubilée à l’occasion de son 150ème anniversaire. Nous sommes impatients !
Des écoliers sans défense
La presse n’a pas été tendre non plus avec Lidl. Le discounter tente de convertir des écoliers sans défense à ses marques maison via son action Facebook ‘Manger équilibré à l’école avec Lidl’. Les enfants reçoivent gratuitement des bananes, du yaourt et des mueslis pour les persuader que chez Lidl c’est meilleur et moins cher qu’ailleurs. Après quoi les bambins font pression sur leurs parents pour qu’ils délaissent Carrefour au profit de Lidl. Eh oui, c’est ainsi dans le monde féroce de la publicité. Du coup à Waterloo ils ont senti la menace et s’oppose fermement à l’ouverture d’un nouveau Lidl.
Et à Diegem une guerre risque d’éclater. Une guerre de supermarchés, pour être précis. Malgré les nuisances sonores insupportables d’avions qui décollent et atterrissent, tant OKay, que Bio-Planet et Lidl ont décidé de s’y implanter, non loin d’un Carrefour et d’un Aldi qui y ont déjà pignon sur rue.
Parlant de Carrefour : cette semaine le distributeur a publié ses résultats annuels. Malgré une hausse du chiffre d’affaires, le bénéfice est en baisse et ce pour la première fois en cinq ans. Une guerre des prix en France et des difficultés persistantes en Chine ont pesé sur le bénéfice. Georges Plassat serait-il déjà en train de ralentir la cadence avant son départ ?
Pas question de ralentissement par contre chez Carrefour Belgium. Bien au contraire, le résultat belge n’a jamais été aussi élevé depuis la reprise de GB par Carrefour en 2000. Un grand jeu de chaises musicales y est en cours, avec dans les rôles principaux Arnaud de Lauzières, Geoffroy Gersdorff et David Kestermans. Dans les mois à venir ces messieurs se lanceront à fond dans l’innovation et l’implémentation. Pour preuve : dans l’hypermarché de Hasselt chaque mardi une équipe de ‘personal shoppers’ sera désormais à disposition des séniors et moins valides pour les aider à faire leurs courses « Passez-moi le code pin de votre carte de crédit, Germaine, pour que je règle tout cela ! »
Des mains propres
Auchan se rapproche. La chaîne d’hypermarchés française investit des millions dans un nouveau campus de bureaux près de la frontière belge. Probablement en vue d’enrôler quelques candidats vraiment intelligents. Le retailer renforce également sa collaboration avec Système U, grâce à la nouvelle centrale d’achat ‘Alliance’.
Reste à voir si cela suffira pour faire face à la concurrence accrue du casseur de prix Action. La chaîne discount est en train de devenir un acteur européen à part entière et ne cesse d’élargir son offre de marques A qui jusqu’alors n’étaient disponibles qu’au supermarché. Mais que voulez-vous, si ça ne marche pas suffisamment bien dans les enseignes traditionnelles, il faut bien que les marques trouvent des alternatives, comme Action par exemple. Ou encore, Amazon.
Et si les fabricants cherchent des alternatives, les consommateurs font de même. La preuve à Bruxelles où l’on dénombre davantage d’ouvertures de commerces bios, de marchés fermiers et de coopératives que de magasins ‘classiques’. Le consommateur veut savoir d’où vient sa nourriture et surtout à qui profite son argent. De préférence à un petit cultivateur aux mains sales qu’à un manager anonyme d’un fonds de capital-risque basé à George Town, qui lui a vraiment les mains sales, même si cela ne se voit pas. Temps d’aller laver les miennes. En toute innocence. A la semaine prochaine !
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