Le supermarché n’est qu’une poubelle remplie de nullités, voilà ce que nous apprenions cette semaine, parmi d’autres infos FMCG captivantes que nous a apportées saint Nicolas dans sa hotte. Voici votre résumé hebdomadaire mitonné par RetailDetail Food!
Perle de la Campine
Que vous a apporté saint Nicolas cette semaine ? Chez RetailDetail nous avons eu droit à un grand sac rempli de friandises avec les salutations d’Albert Heijn et une bouteille de champagne de Piper-Heidsieck. Probablement pour nous récompenser de quelque chose, mais de quoi exactement ? Peut-être le saint homme a-t-il été impressionné par nos recherches approfondies afin de découvrir les projets de Jumbo dans notre pays ? Possible. Officiellement l’enseigne néerlandaise persiste à dire que pour l’instant des ouvertures de magasins en Belgique ‘ne sont pas à l’ordre du jour’, mais nous supposons qu’aux Pays-Bas cette expression a une signification un peu différente. De fait, une première implantation semble déjà avoir été fixée dans la jolie commune de Bree, perle de la Campine, connue pour ses découvertes archéologiques, son église gothique et ses fontaines féériques. Excellent choix, monsieur van Eerd !
Quant au rôle du père Fouettard (alias ‘Zwarte Piet’), il a été endossé par Dick Boer, patron d’Ahold Delhaize – certes à contrecœur, car comme vous le savez aux Pays-Bas ‘Zwarte Piet’ est un sujet tabou. Le CEO a fait la leçon au management de Delhaize, déjà fortement malmené : il leur conseille de collaborer plus étroitement avec leurs fournisseurs et de passer à la vitesse supérieure en matière d’innovation, car pour l’instant les nouveautés tardent à atterrir dans les rayons. Lenteur qui nous a d’ailleurs souvent été confirmée par des fabricants, dans le plus grand secret bien entendu. Et entretemps l’exode des managers de Delhaize se poursuit inexorablement.
Une banque qui vend de la bière
Saint Nicolas serait-il passé chez Carlos Brito ? Nous en doutons fortement. A peine une semaine après s’être fait taper sur les doigts par la commissaire européenne Margrethe Vestager – qui n’est pas des plus tendres – le CEO n’a pas hésité à augmenter ses prix de 3%, comme si de rien n’était. Quelle audace ! La Jupiler reste néanmoins disponible chez Colruyt. Etrange.
Mais vous le savez bien, les brasseurs sont comme les banques : si l’une d’entre elles décide de changer les taux d’intérêt, les autres suivent d’emblée. Ça promet ! Par le passé certains observateurs ont d’ailleurs qualifié AB InBev de ‘banque qui vend aussi de la bière’. It’s all about the money, it’s all about the dum dum didudumdum ! N’est-ce pas ? Non pas du tout : rêver et améliorer le monde, voilà l’objectif d’AB InBev. C’est écrit dans le journal L’Echo, certes dans un publireportage financé par le brasseur, mais quand même.
Chez Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge, saint Nicolas a apporté une cargaison de nouveaux logos, destinés à mettre en valeur la haute qualité de nos spécialités belges. Ce qui n’a pas empêché la fédération de se plaindre : suite à la hausse systématique des accises par le gouvernement pour combler les déficits budgétaires, bon nombre de consommateurs et de retailers traversent la frontière pour effectuer leurs achats, avec des pertes d’emplois pour conséquence. Et pour comble les shoppers transfrontaliers trouvent de plus en plus de produits belges à l’étranger, car côté exportation tout va pour le mieux.
Lettre ouverte des agriculteurs
Parlant de plaintes : les agriculteurs du Algemeen Boerensyndicaat ont écrit une lettre ouverte non pas à saint Nicolas, mais aux supermarchés belges, avec le reproche suivant : les cultivateurs de légumes obtiennent des prix bien trop bas pour leur dur labeur, alors que les retailers vendent le fruit de leur labeur avec d’énormes marges. Ils estiment que la fameuse ‘Concertation de la chaîne agroalimentaire’ n’est autre qu’une boîte vide remplie d’air. Nos supermarchés essayent-ils ainsi de compenser les marges qu’ils sacrifient en offrant des produits de marques gratuits, au détriment de notre santé ? Les chips et les sodas ne peuvent rien coûter, alors qu’un bol de potage frais est hors prix !
Toujours dans le domaine de la santé publique, nous apprenons que l’an prochain il n’y aura pas de campagne ‘Jours sans viande’. A l’annonce de cette nouvelle des cris de joie ont immédiatement retenti au ‘Boerenbond’ (Ligue des paysans). Mais nous comprenons les organisateurs. Les efforts fournis par le secteur de la viande lui-même pour dissuader les consommateurs de manger de la viande sont inégalables. Alors pourquoi se démèneraient-ils ?
Coup de théâtre à Gosselies, où les frères Eric et John Mestdagh se retirent de la direction opérationnelle de leur propre entreprise familiale, afin que d’autres fassent le sale travail à leur place. Ils n’ont pas tort. A partir du 1er juillet 2018 le Groupe Mestdagh, qui expoite 83 Carrefour Market, sera dirigé par le Français Guillaume Beuscart, qui aura pour principale mission de faire passer les chiffres rouges au vert. Les employés craignent déjà les coups de martinets.
Le magasin serait une poubelle
En tout cas, pas question de baisse des marges chez Cru, l’enseigne du ‘plus haut prix’ de Colruyt Group, où ils n’hésitent pas à vendre du jambon pata negra à 200 euros le kilo. Mais les magasins n’étant toujours pas rentables, l’équipe s’est mise en quête de nouvelles sources de revenus, l’art en l’occurrence, qui est en harmonie parfaite avec les produits artisanaux de Cru. Le point de vente de Gand vous propose un joli tableau d’un demi-million d’euros. Nous sommes allés jeter un petit coup d’œil sur place, mais hélas la palette de couleurs ne se marie pas si bien avec notre papier peint.
Comme chacun sait, Cru n’engage que des experts alimentaires diplômés, avec une riche expérience dans l’horeca. Et donc depuis peu également des historiens de l’art. Mais il n’en va pas de même dans la plupart des supermarchés. Du moins à en croire ce récent article dans le magazine Knack, dont nous citons ici un extrait : « Trop de jeunes terminent leurs études dans l’enseignement secondaire général. Chaque année nombreux sont ceux qui réussissent de justesse. Ensuite durant un an ils vont faire la bringue à l’université de Gand et après avoir échoué aux examens , ils atterrissent chez Colruyt. » Bref, Colruyt serait donc une poubelle pour étudiants ratés. Une gifle en pleine figure pour Jef Colruyt et son personnel motivé, bien formé et super aimable – et par extension pour tout le secteur du retail. Et tout cela dans un magazine qui se targue de faire du ‘journalisme profond’. A quand la réaction enflammée de Comeos ?
Et pour terminer ceci : tout comme notre culture de la bière, la pizza vient elle aussi d’être inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. Non, monsieur Oetker, ce titre n’est valable que pour la vraie version napolitaine, préparée selon les règles de l’art. Donc ni feta, ni ananas, ni curry thaï, .. et surtout pas de chocolat. Promis ? A la bonne heure ! A la semaine prochaine !
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