Delhaize est à cours d’excuses et Dick Boer perd patience. Voilà ce que nous apprenions cette semaine. L’ambiance y est brouillée, mais ailleurs aussi. Voici votre résumé hebdomadaire par RetailDetail Food !
Chimiophobie
Nous pensions avoir mérité nos vacances et avoir choisi la bonne période : une météo agréable (du moins là où nous séjournions) et une chance minime de ‘breaking news’ vu la morte-saison. Une énorme méprise : pas concernant la météo, mais concernant l’actualité. A peine avions-nous le dos tourné que les embrouilles ont commencé. Les œufs contenaient-ils oui ou non une substance toxique ? D’abord non, ensuite oui, mais en faibles quantités. Et finalement certains ont été retirés des rayons, mais « uniquement par mesure de précaution ».
Ainsi, une fois de plus, l’industrie alimentaire a mené involontairement une campagne de promotion pour le véganisme. Un effet secondaire d’une communication maladroite combinée à une hystérie massive, en quelque sorte. Pourtant selon un professeur néerlandais, le fipronil en petites quantités n’est pas dangereux. Il estime donc que les médias et les consommateurs font preuve d’une véritable ‘chimiophobie’, une peur irrationnelle de substances chimiques, qui en soi ne sont pas nécessairement nocives. Le professeur lui-même ne peut se passer de sa dose quotidienne d’anti-poux et voyez le résultat : il a l’air guilleret comme un coq.
Eh oui, là où il y a de l’argent à gagner, il y a fraude et les fraudeurs ne pratiquent pas l’autocontrôle. Qui aurait pu imaginer qu’une entreprise répondant au doux nom de ‘Chickfriend’ aurait quelque chose à se reprocher ? Personne, évidemment. D’autant plus qu’ils n’ont voulu révéler sous aucun prétexte le secret de fabrication de leur produit miracle. Comme le disait mon copain Albert Einstein : « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »
Un coup de semonce
Les résultats trimestriels d’Ahold Delhaize ont été très satisfaisants comme attendu, mais la Belgique reste à la traîne : une croissance négligeable et des marges en baisse. Déception ! Et les excuses commencent à manquer. A Zaandam les managers qui pensent pouvoir faire mieux, s’impatientent et attendent de pouvoir intervenir avec force. ‘Ahold est à bout de patience avec Delhaize’, titrait un journal. Et le grand patron Dick Boer annonce à présent que les formules de Delhaize perdront un peu de leur liberté. Le CEO tire-t-il un coup de semonce ? A-t-il un œuf à peler avec Denis Knoops ?
Apparemment oui, car les rumeurs vont bon train. Une véritable force opérationnelle sera créée pour le Benelux, dirigée par Albert Heijn Pays-Bas, qui dès le mois de septembre devra initier Delhaize à la logistique, l’automatisation et l’e-commerce, afin de remettre l’entreprise sur la bonne voie. Vous êtes donc prévenus, à la rue Osseghem, mieux vaut marcher sur des œufs, à vous le choix : ‘the Wouter Kolk-way or the highway’. Précisons que pour une fois cette information n’émane pas de notre rédaction, mais d’insiders anonymes et de mystérieux experts en retail.
Un petit désaccord
Restons chez Albert Heijn où cette semaine tous les fromages de Bel Group ont été retirés des rayons. Plus de Leerdammer pour les clients d’Appie, ni de Boursin, ni de Vache qui rit. En cause ? Un petit désaccord avec le fournisseur, sans plus. « Nous trouverons une solution », rassure le porte-parole. En effet, il suffit de serrer la vis et le fabricant finira bien par céder. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, n’est-ce pas ?
D’ailleurs, chers fabricants de marques, Dick Boer a tenu d’autres propos intéressants dans une interview avec notre éminent collègue Mike Dawson de Lebensmittel Zeitung. Je cite : « Bien qu’actuellement les hard discounters vendent davantage de marques, dans le fond ils restent des vendeurs de marques propres, alors que nous, nous proposerons toujours un assortiment complet de marques A. Les fournisseurs doivent donc comprendre que nous avons besoin de bons prix. » Et il ajoute : « Je ne comprends pas le faible niveau d’innovation dont ont fait preuve les marques dans le domaine des produits secs. Notre label privé est beaucoup plus innovant. Je ne comprends pas. » De plus, il trouve absurde que les fabricants se plaignent de ne plus avoir assez d’argent à investir dans le R&D en raison de la pression sur les marges : « Regardez plutôt le P&L de ces marques A. » Un message on ne peut plus clair, n’est-ce pas ?
Un peu malade
Mais en Belgique les Hollandais ne peuvent pour l’instant rien entreprendre. La faute à un seul magasin AH dans le centre d’Anvers, qui ne trouve pas acquéreur et la raison pour laquelle la fusion entre les deux groupes n’a toujours pas été finalisée dans notre pays. Les employés de ce point de vente sont malades d’inquiétude quant à leur avenir.
L’Autorité belge de la Concurrence avait espéré, semble-t-il, que les 13 supermarchés AH et Delhaize soient rapidement repris par un concurrent food, mais les magasins n’ont pas suscité l’intérêt escompté. Mais à quoi s’attendaient-ils dans un marché saturé et hautement concurrentiel ? Que des chaînes étrangères se bousculent au portillon pour émettre la plus haute offre ? Non ! Et c’est ainsi que le plan de l’ABC s’est effondré comme un soufflé aux œufs.
‘Iedereen West-Vlaams’
Sérieuse méprise également chez Carrefour. Suite à une erreur informatique les réductions sur le webshop ont été doublées, ce qui n’a pas manqué de faire monter en flèche les achats online de shoppers qui ont voulu profiter de l’aubaine. Mais Carrefour s’est montré fair-play : les clients ont pu garder leur super réductions.
En outre le retailer est la première chaîne de supermarchés à livrer les courses à domicile dans toute la Flandre Occidentale, en collaboration avec PostNL. Jusqu’à présent la province côtière avait été négligée par les services de livraison, semble-t-il. Pas étonnant : les ordinateurs disjonctaient à chaque fois que les internautes tentaient d’y commander des angzjoens (oignons), des heirnoars (crevettes) et du hekokt’espe (jambon cuit). Et pourtant l’app ‘Iedereen West-Vlaams’ est sur le marché depuis des années !
Quant à savoir si HelloFresh livre en Flandre Occidentale, honnêtement nous l’ignorons, mais par contre nous savons qu’ils ne gagnent pas d’argent. Même si durant les six premiers mois de l’année les chiffres de ventes ont fortement augmenté, les pertes ont fait de même. En raison des investissements dans l’expansion et dans le marketing, explique HelloFresh. A notre avis, pour l’instant rien ne permet encore de démontrer que le modèle des box repas peut être rentable. Ce qui n’empêchera pas bon nombre d’investisseurs opportunistes d’investir leur argent dans ce puits sans fond lorsque l’entreprise fera son entrée en bourse à l’automne prochain. A suivre …
‘Product placement’
Nous regardions tranquillement la télé – un curry appétissant était préparé sous nos yeux – lorsque nous sommes tombés de notre fauteuil. Avions-nous rêvé ? Jeroen Meus (chef cuisinier qui présente le programme ‘Dagelijkse Kost’ à la télévision) n’ouvrait-il pas une conserve de lait de coco Boni. Boni ? Un petit retour en arrière pour nous assurer que nous avions bien vu : eh oui ! Après que Delhaize ait discrètement repris le flambeau de Carrefour il y a un bon moment déjà, c’est donc au tour de Colruyt de fournir ses produits au chef le plus populaire du pays dans son émission ‘Dagelijkse Kost’, la poule aux œufs d’or de la télévision publique.
Curieux quand même que ni la VRT ni les retailers concernés n’en aient touché mot, alors qu’il s’agit d’une affaire d’intérêt national. Serait-ce un accord tacite ou une clause fixée dans un solide contrat ? Meus, pour sa part, se comporte comme la plupart des spectateurs : il fait ses courses dans trois à quatre supermarchés différents. A quand le tour de Lidl ?
Méduses au menu
Venons-en à la tendance food de la semaine. Selon un biologiste marin, nous devons radicalement changer nos habitudes alimentaires et manger des méduses. Oui, vous avez bien lu. Le nombre de méduses dans la Mer Méditerranée a augmenté de 400% ce qui pose un grand problème. Seule solution pour y remédier : servir massivement des méduses pour le lunch.
La méduse est le nouvel avocat, pour ainsi dire : riche en protéines et collagènes et pauvre en calories. Le goût s’apparenterait à celui des huîtres et se marierait parfaitement avec de la sauce soja ou de l’huile de sésame. Cela vous tente ? A la semaine prochaine !
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