Viande hachée avariée ou poulet transparent ? Carrefour ou Casino ? Airelles ou beurre de cacahouètes ? Londres ou Rotterdam ? Carte Plus ou Prime ? RetailDetail Food examine toutes les options possibles dans cet agréable aperçu hebdomadaire !
En réserve
Quelle chaîne de supermarchés n’est pas en restructuration actuellement ? Nous nous sommes posé la question. Parce que Mestdagh, la sympathique entreprise familiale de Charleroi, souhaite sortir du rouge et engage un nouveau PDG pour y parvenir. Le retailer a toujours fortement misé sur son rayon boucherie, mais se rend compte aujourd’hui que se concentrer sur les carnivores n’est plus une stratégie d’avenir. Le mot magique ‘plan de transformation’ fait donc son apparition. Et une petite menace envers Carrefour : le contrat de franchise expire en 2020 et l’entreprise ‘étudie toutes les options’, comme on dit. Ah, ce n’est pas la première fois. ‘Playing hard to get’, rien de plus. Ou si ?
Pour être fort, le négociateur doit pouvoir disposer d’un BATNA, un ‘Best Alternative To a Negociated Agreement’ (en Français : MESORE qui signifie une ‘Meilleure Solution de Rechange’). Une chose à garder sous le coude, en somme. Hey, osez encore dire que Filet Pur ne vous apprend rien ! Et puis on se demande quelle arme Mestdagh garde en réserve. Ont-ils, en proie à une crise de la quarantaine, jeté leur dévolu sur un partenaire attrayant ? Quand même pas le Groupe Casino ? Oh, ce magasin de proximité Franprix qui vient d’ouvrir ses portes à Ixelles ne va sûrement pas mettre le marché belge sens dessus dessous, ça, c’est une certitude.
De la viande à câliner
C’est notamment à cause de Beyoncé si aucune amélioration n’est prévue dans le secteur de la boucherie prochainement. La chanteuse immensément populaire a annoncé cette semaine qu’elle sera dorénavant végétalienne et elle a appelé ses milliards de fans à faire de même. Croyez-nous, cela aura des conséquences. La puissante femme a été ralliée par un expert de Greenpeace qui, finalement, a adopté une position que l’on peut qualifier de très faible : à cause des émissions de gaz à effet de serre trop importants, notre consommation de viande ne devra être réduite que de moitié. Ben oui, cet expert porte par hasard le nom de Snoeck, donc la question suivante se pose : dans quelle mesure devons-nous prendre cet argument au sérieux ?
Les Néerlandais suivent déjà le mouvement puisqu’ils ont fêté leur Semaine sans Viande ces derniers jours. Par contre, les Belges ont à nouveau eu l’occasion de fêter un autre cas de tricherie scandaleuse – c’est le secteur de la viande lui-même qui se met la corde autour du cou, sans avoir besoin des Jours sans Viande. De nouveaux chiffres ont démontré que les Belges n’aiment plus la viande de cheval, et ce pour des raisons émotionnelles. Le lapin est également trop mignon, a-t-on pu constater précédemment. Le veau sera probablement le prochain sur la liste. Jusqu’à ce que celle-ci se réduise en peau de chagrin.
Et le poulet ? Un tel sac d’os qui caquette ne bénéficie pas de cette même teneur en câlins. Nous sommes par contre très intrigués pas la variante entièrement transparente mise sur le marché par Carrefour. Du poulet transparent ? Façon de parler du moins. Grâce à la technologie réputée de la blockchain, nous serons parfaitement capables de tracer le vécu complet du poulet avant qu’il n’atterrisse dans notre assiette. Attendons de voir si cela aura un impact sur notre appétit. Quoi qu’il en soit, un récent rapport d’investisseurs recommande aux gens qui ont trop d’argent de ne pas investir dans l’élevage, mais dans des alternatives végétales. Une simple analyse de risque qui n’a rien à voir avec le facteur émotionnel. Un son de cloche non suspect.
La guerre commerciale
Quelle agitation dans la commune rurale de Westvleteren : des Néerlandais rusés ont réussi à s’approprier pas moins de 7.200 bouteilles de la meilleure bière du monde pour les revendre à des prix exorbitants à la chaîne de supermarchés Jan Linders. Et nous qui faisons gentiment la file pour acheter deux casiers, pas possible d’en avoir plus. De véritables bandits ! Pourtant, il est très probable que ce week-end, les cafés et les magasins se retrouvent sans bière car les employés en colère bloquent les dépôts d’AB InBev. Ils font partie des 98,3% du personnel qui ne possède pas d’actions de l’entreprise, selon nos calculs. Et d’autres combats font rage. Le bourbon, le beurre de cacahouètes, les airelles et le jus d’orange, notamment, sont des produits américains dont les prix seront en légère hausse dans nos supermarchés si Donald Trump persiste dans sa colère. Une guerre commerciale, vous le savez mieux que quiconque.
Tout cela ne nous empêche pas de dormir – certainement pas le beurre de cacahouètes qui est d’ailleurs principalement produit à Doetinchem, et à Rotterdam où se situe également le siège social d’Unilever. Du moins, un des deux sièges sociaux d’Unilever, l’autre se trouvant à Londres. Mais peut-être plus pour très longtemps puisque l’entreprise souhaite se défaire de sa double structure et ne se réjouit pas du Brexit. Paul Polman, le dirigeant charismatique qui selon la légende a abandonné une vocation sacerdotale pour vendre des produits qui lavent plus blanc que blanc, reste encore certainement une année de plus à bord du navire pour aider l’entreprise à prendre cette décision définitive.
Plusieurs commerçants indépendants des magasins AD et Proxy Delhaize ont publié cette semaine une rectification claire à propos des cartes Plus tant appréciées, la carte de fidélité qui, selon certaines publications dans les journaux, serait la victime de la nouvelle stratégie de Delhaize. Rien de vrai, semble-t-il, la carte continue d’exister, le message reste celui des points de épargner, les bons de réduction de cinq euros restent disponibles, les avantages de partenariat ne vont pas disparaître. Pour l’instant. Imaginons que ce soit la vérité, mais soulignons que le client n’est plus fidèle et que le fait d’épargner des points est une occupation quelque peu mesquine comparée à la façon dont Amazon arrive à assujettir ses clients par le biais du syndrome de Stockholm. En effet, l’étonnant phénomène au cours duquel l’otage développe de la sympathie pour son ravisseur. Just saying.
Un complot familial
En avoir plus que marre, c’est ce que Jef Colruyt a éprouvé lundi dernier. Vous pouvez vérifier. Tout d’abord, il y eu la nouvelle annonçant que le groupe néerlandais Sligro Food Group ne souhaitait pas vendre sa chaîne Emté à Colruyt, mais à Jumbo et Coop. Très certainement une manœuvre bien orchestrée, un complot astucieux entre entreprises familiales hollandaises qui se sont juré mutuellement qu’aucun discounter belge ne viendra s’implanter sur leur sol. Il faut admettre que cela leur réussit bien, jusqu’à présent.
D’après des témoins, le dirigeant embarrassé n’a pas montré de signes notables de frustration lorsqu’il a appris cette mauvaise nouvelle, alors qu’il continuait à flotter à une trentaine de centimètres au-dessus du sol en position du lotus, produisant des bruits de bourdonnement par intermittence. Mais cette situation d’exaltation s’est brusquement arrêtée lorsqu’il a été informé de l’arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles : pas moins de 270.000 euros d’amende pour la vente de cigarettes au prix le plus bas, et ce à des mouvements de jeunesse vulnérables de surcroît. Le PDG est subitement retombé les pieds sur terre. Nous allons vous prémunir des puissantes paroles qui, paraît-il, étaient audibles jusque dans la cuisine d’expérimentation de l’équipe de Lekker Koken où un plat complet de Chili sin carne au céleri-rave et au boulgour est tombé par terre par pure consternation. Le plat entièrement végétarien n’était donc plus comestible, pour autant que cela n’ait été déjà le cas avant. Bref, nous avons opté pour un petit restaurant bien sympathique ce soir. Et vous ? A la semaine prochaine.
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