Que manigance le vautour du food retail, comment Albert Heijn compte-t-il reprendre Carrefour en catimini, pourquoi Colruyt défie-t-il les écoliers et quel lien y a-t-il entre Aldi et les excréments ? Réponse dans ce résumé hebdomadaire, avec en prime deux petites prédictions.
Vautour de l’année
Nul n’ignore que bon nombre de retailers ploient sous les chiffres rouges et les lourdes dettes et que les entreprises endettées attirent inévitablement les spéculateurs. Parmi eux : le milliardaire Daniel Kretinsky, qui peut d’ores et déjà prétendre au titre de ‘Vautour de l’année’. Après avoir tenté avec acharnement de s’emparer du groupe de food service Metro, il s’attaque maintenant à un autre animal blessé : Casino, qui traîne une dette de pas moins de 2,9 milliards d’euros. Non, il ne s’agit pas d’une faute de frappe.
La semaine dernière ce coup inattendu avait suscité l’étonnement, mais depuis cette semaine le stratagème est clair : le spéculateur tchèque est accueilli comme un sauveteur par le CEO Jean-Charles Naouri, qui préférait mourir plutôt que de vendre son entreprise à son éternel rival Carrefour. Selon les rumeurs, Carrefour envisagerait pourtant une offre de 4,2 milliards d’euros. Mais ça ne suffira pas. Petite prédiction ? Naouri et Kretinsky vont apurer les dettes en vendant Géant et Leader Price en petits morceaux à E.Leclerc, Auchan et Intermarché. En catimini, derrière le dos de ce diable d’Alexandre Bompard, qui se retrouvera les mains vides. Eh oui, sans une solide carapace et une dose malsaine d’égo et de cupidité, mieux vaut ne pas s’aventurer dans le monde des affaires, c’est bien connu. Bref, un merveilleux soap s’annonce.
Moins de crasses
Toujours dans le chapitre des reprises, mais chez nous cette fois : après la fusion amicale avec Delhaize, Albert Heijn semble s’atteler à un nouveau projet d’acquisition dans notre pays : reprendre Carrefour. Magasin par magasin, cela va de soi. Après Kuringen, Wijnegem et Genk, entre autres, c’est à Maasmechelen cette fois que les Hollandais reprennent la place d’un Market, qui jette l’éponge. De plus, cette semaine le 45ème AH a ouvert ses portes à Turnhout : en effet, c’est bien là qu’Albert Heijn avait dû céder un magasin pour permettre la fusion avec le lion, mais cela ne semble pas avoir empêché un retour plus que triomphant. Il en fut de même à Lokeren et Leuven.
Pendant ce temps Carrefour n’est pas resté inactif. Son hypermarché situé sous le siège social d’Evere a eu droit à un relooking complet, avec notamment un Carrefour Café. Un café, sans bière, certes, mais quand même. Et avec le ‘Challenge mini poubelle’ le retailer incite les clients à produire moins de crasses. Comment ? En achetant moins de crasses, tiens. La brochure contient même une recette pour fabriquer soi-même son dentifrice. Adieu, Colgate! Hm, l’un ou l’autre génie semble avoir oublié quelque chose d’essentiel : « Chiffres rouges ? Où ? Nous ? Vraiment ? Comment ça ?”
Tourisme à consigne
Comme s’ils s’étaient mis d’accord, Colruyt de son côté incite les écoliers à éliminer les déchets sauvages. ‘The litter challenge’ invite les classes de l’enseignement secondaire à réfléchir à des solutions créatives et originales pour s’attaquer à ce phénomène. Oui, vous avez bien lu : nos enfants sont appelés à solutionner un problème créé par les adultes au cours du siècle passé. A condition évidemment qu’ils restent sagement à l’école au lieu d’aller manifester. Et bien évidemment l’instauration d’une consigne n’est en aucun cas considérée comme une solution originale et créative. La consigne est le dernier clou dans le cercueil du food retail.
Pourtant nos merveilleux politiciens n’hésitent pas à transformer la controverse autour de cette maudite consigne en farce absurde. A Bruxelles et en Wallonie la consigne fait déjà partie de l’accord de gouvernement, tandis qu’en Flandre elle fait toujours débat. Cela pourrait donné lieu au ‘tourisme à consigne’ : les Flamands iront massivement échanger leurs cannettes et bouteilles en plastique dans la partie francophone du pays pour y récupérer une consigne qu’ils n’ont jamais payée. Une maigre compensation pour les scandaleux transferts d’argent qui depuis des décennies passent du nord vers le sud, estiment certains (reconnaissables à leurs costumes cintrés de Suit Supply).
Tas de caca
Le tourisme à consigne a beau être un beau néologisme, le phénomène n’est pas nouveau : il existait déjà direction Pays-Bas, où la consigne sur les bouteilles en plastique est en vigueur depuis plus de dix ans. Et croyez-le ou non : le secteur de la grande distribution n’en est pas mort pour autant. Ni d’ailleurs en Allemagne ou au Danemark. Mieux encore : les marges y sont plus élevées que chez nous. Comeos se trouve devant une énigme : ce phénomène défie toute loi naturelle. Petite prédiction numéro deux ? Cette consigne sera adoptée, tôt ou tard. Malgré le nouveau sac bleu. Le jour où nos politiciens feront preuve de cohérence est encore lointain. Voir également : la taxe sur le sucre pour les boissons sans sucre.
Et pour terminer ceci : un tas de caca est apparu soudainement dans ma boîte mail. Sérieusement. Un tas de crotte de l’Aldi pour être précis, baptisé ‘Stinkie’ : l’un des 24 émojis avec lesquels l’ancien hard discounter veut convaincre les clients occasionnels de passer plus régulièrement par la caisse. La collection comprend également un fantôme (Spooky), un cœur (Love Lee) et un pouce levé (Roger). Mais hélas pas de doigt d’honneur que nous aurions volontiers envoyé à Makro, où ils ont confié les derniers euros de leur maigre budget publicitaire au #Clubdesblaguesnulles : ‘Tartine Deneuve’, ‘Moule Gibson’, ‘WC Snipes’, ‘Rosé Garcia’, ‘Ananas Kournikova’.… oui oui, les jeux de mots sont encore en promotion durant 48 jours environ au cash & carry. Profitez-en! Et à la semaine prochaine!
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