Grandes scènes de réconciliation cette semaine. Mais pour autant les gros nuages gris au-dessus du retail alimentaire ne se sont pas dissipés. Bien au contraire, comme en témoigne le résumé hebdomadaire, garanti sans plastique, de RetailDetail Food.
Une vieille rengaine
Les petits enfants fragiles doivent être protégés des pratiques sournoises des marketeurs, nous le savons bien. Et pas seulement au rayon des friandises. Selon Greenpeace, une interdiction absolue s’impose sur le saucisson Maya, le filet de poulet K3 et le jambon supérieur Schtroumpfs, parce qu’extrêmement nocifs pour la santé. Ces charcuteries enfantines regorgent, paraît-il, de sel, d’acides gras saturés, de nitrites et de phosphates, sans oublier les sucres cachés. Un poison à l’état pur, qui corrompt nos foyers. Les fabricants feraient mieux de développer des alternatives végétales, afin de préparer la jeune génération à un avenir flexitarien. Dans ce contexte un vocabulaire approprié semble essentiel : les consommateurs détestent le terme ‘véganisme’, jugé péjoratif, et lui préfère le terme ‘végétal’.
Après les campagnes ‘Tournée Minérale‘ et ‘Jours sans viande’, des consommateurs engagés se sont trouvés un nouveau défi pour passer le temps. Durant tout le mois de mai ils éviteront les emballages en plastique. Et les emballages qu’ils ne pourront éviter, ils les abandonneront au supermarché pour que ces déchets n’atterrissent pas chez eux mais dans d’autres poubelles, après quoi ce plastique finira donc quand même par polluer nos océans. Top ! Par ailleurs, l’Europe envisage une taxe sur les emballages plastiques. Bonne nouvelle pour les rares magasins ‘zéro emballage’ de notre pays. Et évidemment pour Carrefour, qui organise des ‘Tuperware parties’ en toute convivialité au comptoir-traiteur de ses magasins. Toutes ces histoires de plastique nous rappellent une vieille rengaine des années ’90. C’est fantastique !
Jouer des coudes
Grande convivialité également à Zonhoven au Limbourg : sept supermarchés s’y tiennent déjà compagnie dans une commune d’à peine 21.000 habitants. Et bientôt Colruyt viendra se joindre à la fête. Il s’agira de jouer des coudes. Pour ceux qui douteraient encore que le retail alimentaire est devenu un marché d’éviction, allez jeter un petit coup d’œil à Zonhoven.
De son côté Albert Heijn – également de la partie à Zonhoven – élargit son assortiment frais, par l’introduction, entre autres, de 72 nouveaux repas frais et 33 salades, probablement emballés dans du plastique nocif, mais certainement plus frais, meilleurs et plus sains qu’auparavant. Pourquoi ceci mérite-t-il d’être mentionné dans notre rubrique ? Tout simplement parce qu’une grande partie de cette nouvelle gamme a été développée et fabriquée en Belgique, notamment chez Culinor, qui fournit également Delhaize. Preuve qu’Ahold Delhaize n’est pas une fusion à sens unique !
Service minimum
Ils sont à nouveau bons amis : le management de Lidl et le syndicat socialiste sont parvenus à un accord le 1er mai. Tout un symbole ! Reste à voir si cet accord solutionnera durablement le problème de la charge de travail. Un syndicaliste a très justement résumé la situation comme suit : « Lidl essaie d’être un Delhaize avec les effectifs d’un Aldi. » Chronique d’un échec annoncé, donc. Ou un service minimum dans la pratique. Le mouvement ascensionnelle du discounter n’a-t-il pas été excessif ? Les coûts ne s’emballent-ils pas dans la nouvelle formule ? Le smart discounter devra-t-il augmenter ses prix ? Ils devraient prendre exemple sur leurs collègues suisses, qui désormais vendent du cannabis. Cela ne peut qu’améliorer l’ambiance et la convivialité sur le lieu de travail, non ?
Les magasins Makro aussi manquent d’effectifs, se plaignent les syndicats. Mais même la réduction du personnel n’y change rien, car le retailer continue d’accumuler les pertes et le chiffre d’affaires ne cesse de chuter. A tel point que les collaborateurs craignent une nouvelle restructuration, alors que la précédente n’est pas encore finalisée. Car oui, la direction prépare une nouvelle stratégie. Une fois de plus, en effet. Si après avoir délégué le département d’électronique à Mediamarkt, ils pensent également à externaliser leurs autres services, ils pourront peut-être poursuivre leurs activités en tant que bailleur immobilier. Ont-ils d’autres options ? Et pour couronner le tout le Groupe Mestdagh, partenaire de Carrefour, annonce un conseil d’entreprise extraordinaire qui aura lieu lundi. Cela n’augure rien de bon ….
Les paris sont ouverts
Dans ce contexte sombre, la méga fusion britannique entre Sainsbury’s et ASDA est-elle une surprise ? Non, tout comme les récentes alliances d’achat en France. C’est un signe des temps. Les retailers alimentaires n’en peuvent plus : des marges minimes, des coûts fixes élevés, pris en tenaille entre les hard discounters d’un côté et la menace d’Amazon et Alibaba de l’autre … Dès lors ils optent pour la fuite en avant : plus grands ils seront, mieux ils seront armés pour exiger des prix d’achat encore plus bas des grands fabricants de marques, qui publient des marges scandaleusement élevées dans leurs rapports annuels. Des négociations à couteaux tirés. Tout sauf convivial !
Et parfois ça marche : en effet le conflit entre Nestlé et Colruyt s’est enfin terminé. Et, qu’ont-ils gagné ou plutôt qu’ont-ils perdu ? Trois mois de chiffre d’affaires … et beaucoup de temps. Nous en déduisons donc que qu’alliance d’achat AgeCore est parvenue à obtenir de sérieuses concessions ? Aucune communication à ce sujet, bien évidemment. Qui sera la prochaine victime de la Grande Guerre européenne des Conditions ? Les paris sont ouverts. Une guerre qui vient seulement de commencer et qui est loin d’être terminée. Place your bets ! A la semaine prochaine !