Bien que l’on risque de commencer à se lasser de Jumbo, Filet Pur ne néglige pas son devoir d’information. Les gagnants et les perdants de la grande petite guerre des prix sont déjà connus. Êtes-vous le dindon de la farce ? Une seule façon de le savoir…
Guéguerres
À Rijkevorsel, une bonne centaine de Campinois à l’estomac vide attendaient dans le froid glacial mercredi dernier aux portes du deuxième Jumbo belge. Il semblerait qu’ils aient, toutefois été moins nombreux que lors de l’ouverture en grande pompe à Pelt. Mais Frits van Eerd n’en a que faire puisqu’ils y avaient alors que de très nombreux espions et des journalistes avides d’informations, et ceux-ci n’achètent rien de toute façon. Néanmoins, le premier magasin du Limbourg a dépassé les attentes de plus de 50 %. Si cela en dit long sur les attentes à Veghel ? Nous ne nous prononcerons pas à ce sujet.
Tout comme à Pelt, le Jumbo de Rijkevorsel recherche l’agréable compagnie des AA : Albert Heijn et Aldi. Oui, le retail alimentaire sera agréable ou ne sera pas. Si aucune dispute ne va éclater là-bas ? Selon l’organisation de défense des consommateurs Test-Achats, le Danger Jaune va en effet provoquer des « guéguerres locales ». Avec un diminutif ça parait moins menaçant. Pour le prouver, ils se sont rendus au Jumbo de Budel, aux Pays-Bas, où ils ont payé jusqu’à 17 % de plus pour leur caddie bien rempli.
Lassitude à propos de Jumbo
Bon en même temps, Budel, c’est plus ou moins le trou perdu, le gérant du Jumbo est un entrepreneur indépendant et n’a guère de concurrence. Il n’a donc pas eu à y baisser les prix. En termes de comparaison, c’est pour le moins douteux, mais les médias l’ont bien apprécié. Et peut-être que la concurrence ne trouve pas cela très grave : avec ce tsunami de publicité gratuite pour le nouveau venu on pourrait finir par se lasser de Jumbo, trop c’est trop, qui sait. On le sent déjà !
Mais on fait notre fichu devoir. Ainsi, lorsqu’un retailwatcher intelligent calcule avec soin le chiffre d’affaires que va réaliser Jumbo à Rijkevorsel et cherche à savoir quels concurrents en paieront le prix, nous le signalons de manière claire et objective. Et qu’en ressort-il ? Albert Heijn est foutu. En quelque mois seulement, ce dernier est devenu le leader du marché local dans ce village de Campine, mais il perdra bientôt cette position, selon les prévisions de Shopperware. Aldi et Lidl peuvent d’ailleurs aussi se mettre à pleurer. Et bizarrement, ce serait Delhaize qui tiendrait le mieux le coup et deviendrait même le leader du marché local — mais à peu de choses près, c’est vrai. Facile : pas de trace de Colruyt à cet endroit. Mais attention, avertissement : il s’agit d’une extrapolation. C’est donc de la théorie pure. Et vous savez : en théorie, la théorie et la pratique sont identiques, mais en pratique, elles ne le sont pas.
Taxe de Noël
Est-ce les guéguerres de prix qui poussent la charge de travail des fabricants de marques à atteindre des sommets insupportables ? Chez Mondelez, les collaborateurs semblent à bout de nerfs, ils ont évoqué un « chantage pur et simple » et craignaient pour leurs droits acquis. Résultat : une grève de deux jours. Mercredi, ils ont été relayés par les employés d’AB Inbev, la banque qui vend également de la bière, et qualifiée de « paraplufabriek » (fabrique de parapluies) par un gréviste, parce que les dirigeants se protègent en se cachant les uns derrière les autres pendant que l’administration des salaires bat complètement le beurre.
Cependant, alors que les détaillants ne cherchent pas à faire plus ou moins d’efforts pour maintenir des prix bas, il s’avère que les fabricants de produits de marque introduisent une augmentation tarifaire. Soudain, au cours de la semaine, une boule de Noël décorée de guirlandes ou quelques petites étoiles rouges apparaissent sur l’emballage des produits, et regardez : 20 % de plus ! Même si le contenu n’a pas changé. Une sorte de taxe de Noël, puisque les gens veulent être bernés de toute façon. Enfin, on peut évidemment continuer comme ça. Écoutez, si vous posez aux gens la question suivante « voulez-vous payer plus cher ou moins cher ? », la réponse ne tardera pas à venir, n’est-ce pas ? « Moins ! Moins ! Moins ! » crient-ils en cœur. Donnez-leur quand même ce qu’ils veulent, enfin ! Vous n’avez qu’à demander à Frits.
Avec tous les Chinois
« Tire un peu sur mon doigt ? » Payer peut être aussi simple que cela, du moins pour Carrefour. Les gens sont distraits, ont oublié leur portefeuille, ne trouvent pas la seule carte bancaire sur laquelle il y a avait encore de l’argent…. Enfin, vous voyez. La solution est proche : l’empreinte digitale suffit. Du moins en théorie, car dans la pratique, l’autorité belge de protection des données souhaiterait encore en discuter sérieusement. Ce n’est pas parce la reconnaissance faciale est acceptée comme moyen de paiement en Chine, que c’est aussi le cas en Belgique. La fameuse législation européenne relative au Règlement général sur la protection des données (RGPD) n’a pas été conçue pour nous faciliter la vie, que pensez-vous ? En bref : ce doigt, ce sera un beau doigt d’honneur.
Le fait que la moitié du secteur belge de l’alimentation se lie d’amitié avec le vrai Danger Jaune, un régime qui les surveillait constamment avec des caméras intelligentes et suivait leurs smartphones à distance, c’est juste un détail. Ils devaient leur vendre des poires Conférence et des frites. Des frites ? À la Chine ? Sérieusement ? Quelque chose a dû échapper aux organisateurs de cette délégation commerciale, nous le craignons. Je ne tombe pas tout de suite dessus, mais ça me reviendra plus tard, alors que je me rends chez le « frietchinees » (gérant asiatique d’une friterie) Ah, mais oui c’est ça ! C’est vrai : ce sont les Chinois qui nous vendent des frites, pas l’inverse. Je vous souhaite d’ores et déjà bon appétit ! À la semaine prochaine !
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