Warren Buffet a-t-il raison ? Paul Bulcke est-il busé ? Jef Colruyt se convertit-il au véganisme ? Le point sur ces questions et autres sujets brûlants dans votre rubrique hebdomadaire de RetailDetail Food.
Achetez sain
Pensez à votre santé, achetez davantage en ligne. Voilà en quelques mots la conclusion d’une récente étude de l’Université de Gand. Les e-acheteurs achètent en moyenne 5,7% de produits malsains, alors qu’offline les consommateurs en achètent près du double, soit 10,4%. Explication : online la tentation est moins grande. Voilà donc la marche à suivre pour améliorer votre mode de vie. Dès lors les fabricants de friandises se trouvent devant un énorme défi, parmi d’autres.
Pourtant, récemment j’entendais un grand nom de secteur immobilier prétendre ouvertement que le consommateur se lasserait vite de tout ce shopping online et que donc une renaissance des magasins physiques s’annonçait. Et en plus il pensait vraiment ce qu’il disait. De même dans le secteur food, où certains acteurs vivent dans cet état de dénégation béate. Inquiétant, car un état de dénégation précède bien souvent un état de dissolution.
Un signal fort
Ce n’est pas le cas de Warren Buffet. Le célébrissime investisseur cède ses actions dans Wal-Mart, jugeant que le plus grand retailer au monde a trop tardé à prendre le virage de l’e-commerce et ne parviendra jamais à rattraper son retard par rapport à Amazon. Et c’est ainsi que le milliardaire a fait chuter l’action Wal-Mart à la bourse . On appelle ça ‘un signal fort’. D’ailleurs cela ne nous étonnerait pas qu’Amazon décide un jour de racheter Wal-Mart – l’inverse nous semble moins probable.
Pas question non plus de dénégation chez Lidl, qui va construire un nouveau centre de distribution européen pour e-commerce à Roosendaal. Effectivement, à quelques mètres de nos frontières, sans doute pour rappeler à notre gouvernement qu’une fois de plus une opportunité nous passe sous le nez. Autre nouvelle qui nous parvient de chez Lidl : le discounter annonce qu’il ouvrira ses premières filiales américaines cet été, un an plus tôt que prévu. Aldi et Wal-Mart sont donc prévenus.
Des légumes tatoués
Et Ahold Delhaize aussi d’ailleurs, car la conquête outre-Atlantique de Lidl commence par la Côte Ouest, au beau milieu du champ d’action du groupe fusionné. Parlant d’Ahold Delhaize : alors qu’en Belgique les premiers effets de synergies se font attendre, le marché néerlandais montre des signes d’échange de savoir-faire dans les deux sens. Ainsi le nouvel aménagement plus chaleureux des supermarchés Albert Heijn rappelle certains détails des magasins Delhaize de la nouvelle génération, notamment les meubles en bois pour les fruits et légumes.
Signalons également une belle innovation de Delhaize : désormais les fruits et légumes bios arboreront un joli tatouage sur leur pelure. Il s’agit en fait d’un marquage au laser, afin d’éviter que les produits agricoles bios ne doivent être emballés individuellement. A terme cela devrait permettre d’épargner 13 tonnes d’emballages. Pas mal !
Hamburgers & bière
Depuis la reprise de Quick par Burger King, rien n’a encore changé en Belgique, le géant américain du fast-food ayant donné priorité au marché français, où le Giant, notre fierté fast-food nationale, a déjà dû faire place au Whopper. Mais à présent, chez nous aussi, les choses commencent à se mettre en route : les 5 à 7 premiers restaurants seront transformés cette année. Selon la Dernière Heure, c’est le complexe Rive Gauche à Charleroi – dont l’inauguration est prévue en mars –, qui accueillera le premier nouvel établissement Burger King de Belgique.
Qui y livrera les frites ? Nous l’ignorons, mais cela pourrait bien être McCain. Le groupe canadien investit des millions d’euros dans la plus grande usine de frites au monde, située dans notre pays, eh oui, dans un coin reculé du Hainaut. La route fut longue, mais après une visite à l’impressionnante ligne de production, un bon paquet de frites offert par la maison nous a fait oublier les nombreux kilomètres parcourus.
Avec une bière en accompagnement ? Non, pas avant la fin de Tournée Minérale. Ce qui n’a pas empêché Heineken d’annoncer un chiffre d’affaires et un bénéfice en forte croissance, au-delà des attentes des analystes. En outre le brasseur néerlandais a racheté la branche brésilienne du japonais Kirin. Une branche déficitaire, il est vrai, mais quand même. De quoi attiser la concurrence avec AB InBev.
Le végétal a la cote
Outre Heineken, quelques autres fabricants FMCG ont publié leurs chiffres. Malheureusement des chiffres moins réjouissants. Nestlé par exemple continue de croître, mais à un rythme plus lent que jamais. Une raison suffisante pour le nouveau CEO d’annoncer une vaste restructuration. Son prédécesseur, notre compatriote Paul Bulcke, semble n’être jamais parvenu à réaliser ses hautes ambitions.
Idem pour Danone qui s’est vu contraint de tempérer les attentes. Le bénéfice est affecté par la hausse du prix du lait. Une bonne chose pour les agriculteurs, mais pas pour les actionnaires. C’est pourquoi Danone va réduire ses coûts, notamment son budget marketing. Est-ce la meilleure manière de stimuler la consommation ? Nous ne nous prononcerons pas. D’autre part Danone va miser davantage sur les alternatives aux produits laitiers de WhiteWave Foods – propriétaire d’Alpro –, racheté récemment par le groupe français.
De fait, les produits végétaux ont le vent en poupe. La famille Colruyt l’a bien compris et prend une participation majoritaire dans Ojah, un fabricant néerlandais d’alternatives à la viande. Mais ironie du sort, certains produits d’Ojah sont déjà disponibles dans les rayons de … Delhaize. Quel filou ce Jef Colruyt, mais vous le saviez déjà, n’est-ce pas ? A la semaine prochaine !
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