Au menu de ce résumé hebdomadaire de RetailDetail Food : qui est le vrai patron de Carrefour Belgium, pourquoi manger sain n’est pas si sain que ça, pourquoi l’alcool nous remonte le moral et que manigance Jumbo. Bon appétit !
Joyeux Noël
C’était pour rire, paraît-il. Finalement aucun magasin ne devra fermer ses portes. Et les 1233 jobs menacés, ce n’était qu’une approximation. Cette semaine nous avons découvert qui était le vrai patron de Carrefour Belgium ? Non, pas l’équipe directionnelle belge (bon anniversaire, Geoffroy Gersdorff!), ni même le mystérieux Guillaume de Colonges. Le seul vrai PDG de l’enseigne en pleine transformation s’appelle Myriam Delmée qui a décidé que c’en était assez de toutes ces restructurations, point à la ligne. En attendant les politiciens se chamaillent concernant le compromis proposé, mais une chose est sûre, au bout du compte c’est le contribuable qui payera la facture. Certains analystes prévoient déjà un prochain plan social bancal, d’ici un, deux ou trois ans.
Toujours est-il que Carrefour s’efforce de créer une nouvelle dynamique commerciale, cela saute aux yeux. Dans le folder de cette semaine le distributeur pousse encore plus loin les limites de la violence promotionnelle. Vous aviez des doutes concernant les promotions 3+1,2+1 ou 1+1 ? Think again ! Dans le cadre d’un partenariat constructif avec le fabricant de pâtes Panzani (pseudo-italien, soit dit en passant), la promotion 3+4 gratuits constitue désormais la réduction standard, et ce n’est pas une blague. Ni le fait que cette semaine l’hypermarché de Wépion proposait des bûches de Noël en promotion. Nous n’inventons rien. « Une erreur d’un collaborateur », paraît-il. C’est à n’y plus rien comprendre, mais malgré tout elles se sont bien vendues.
La cinquième roue
Et que penserait Alexandre Bompard de tout cela ? Ou se désintéresserait-il de cet petit pays négligeable accroché comme une cinquième roue à son chariot ? Visiblement il a d’autres préoccupations. La digitalisation, voilà la grande priorité du PDG, parfaitement conscient du fait que Carrefour n’y arrivera pas par ses propres moyens. C’est pourquoi il s’est d’abord lié d’amitié avec Tencent en Chine et qu’à présent il n’hésite pas à partager ses précieuses données avec Google, pour que les consommateurs français puissent désormais transmettre leur liste de courses oralement. La technologie est nouvelle, mais le principe ne l’est pas. Le vieil épicier du coin pratiquait déjà le shopping prédictif, avant même que le terme n’existe.
Ici et là des sonnettes d’alarme retentissent. Un nouveau fléau se propage parmi les consommateurs du monde occidental, nous dit-on : l’obsession grandissante du bien-manger. Ça commence à tourner au délire « Nous mangeons trop avec notre tête, parce que notre estomac est rempli d’angoisses », souligne une diététicienne dans la presse. Albert Heijn pour sa part y voit du potentiel et introduit de nouvelles étiquettes pour ses marques maison. Le retailer y affiche le nombre de grammes de sucres et sels ajoutés et y mentionne les numéros E sous leur nom complet. Pour l’instant un seul groupe de la population reste complètement indifférent à cette phobie alimentaire : nos amis musulmans qui durant les jours à venir se délecteront de pâtisseries et de thé à la menthe débordant de sucre. Nous profitons de l’occasion pour leur souhaiter une excellente Fête du sucre. Mais aucune offre spéciale dans le folder de Carrefour, ni ailleurs. Parlant de buts ratés !
Sans prescription
L’orthorexie – car c’est ainsi que s’appelle cette étrange maladie dont nous venons de vous parler – affecterait-elle aussi le Conseil Supérieur de la Santé ? Son plaidoyer pour une interdiction totale de publicité pour l’alcool et une augmentation des accises – comme si les Belges n’allaient pas déjà suffisamment s’approvisionner en alcool en France et au Luxembourg – a fait l’effet d’une bombe. Et selon le professeur Frieda Matthys il vaudrait mieux carrément supprimer l’alcool. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Privez le Belge de sa bière et c’est la guerre. Notre ministre de la santé a répliqué et a fait ce qu’elle fait toujours dans des situations complexes : strictement rien.
Dans ce débat le contre-argument ultime nous vient de Carlos Brito, grand patron du plus grand brasseur au monde, qui il y a une semaine était en Belgique : la bière est un lubrifiant social, allège la solitude et est donc un remède contre la dépression, la maladie du siècle. Disponible sans prescription de surcroît, et c’est bien là le problème.
Un pilote casse-cou
Souffler le chaud et le froid : un art dans lequel excellent les managers de Jumbo. D’abord ils étudient soi-disant une possible entrée sur le marché belge, ensuite ils nient avec force avoir des plans concrets, bien que l’on connaisse déjà l’adresse du premier point de vente. Et à présent ils semblent avoir créé une filiale belge récemment. Mais toujours pas de déclaration officielle. Les communiqués de presse de l’enseigne se limitent en grande partie à des reportages triomphants sur les ‘Jumbo Racedagen’, car le patron Frits van Eerd est un fan d’automobile et un admirateur du pilote casse-cou Max Verstappen. Ça promet !
Il y a quelques semaines dans cette chronique nous recommandions à Retail Partners Colruyt Group de ne pas ouvrir un Spar à la Groenplaats à Anvers, dans l’immeuble anciennement occupé par Albert Heijn. A notre grand étonnement, ils ont suivi notre conseil. Le marché du frais CRU, réputé pour ses plus hauts prix, y ouvrira un magasin d’ici peu. « Une opportunité unique, que nous avons saisie à deux mains », prétendent-ils dans un communiqué de presse. Pourtant ils y pensent depuis octobre 2017, l’immeuble étant inoccupé depuis lors. Mais bon, pourquoi se presser si le précédent locataire continue de payer gentiment son préavis ? E c’est ainsi qu’en quelque sorte Albert Heijn finance le lancement de CRU à Anvers. Sympathique, non ?
Gênant
Et pour terminer, une révélation gênante. Je ne sais pas ce qui m’a pris, c’était plus fort que moi. Était-ce cette jolie teinte bleue ? Cette coupe flatteuse mettant en valeur ses contours ? Ou ce petit sac en bandoulière qui pour des raisons évidentes attirait mon attention ? Elle était vraiment irrésistible. Hypnotisé, j’abandonnais mon caddie pour la suivre au rayon des fruits et légumes où elle étalait gracieusement les courgettes bios (1,40€/500g).
Mais bien vite elle s’est lassée de son admirateur et a sommé deux collègues musclés de me flanquer à la porte. Je me suis donc retrouvé sur le parking, sans courses. Sérieusement, ne sous-estimez pas l’effet que peut avoir cette magnifique nouvelle tenue de travail bleue du personnel d’Aldi sur un client candide. Croyez-moi : soyez vigilant, essayez de vous maîtriser. Ou alors allez faire vos courses chez Colruyt ? D’accord ? A la semaine prochaine !
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